Face au enjeux de l'insecurite intérieure, la Rdc est menacée par le trio NKUNDA-KYUNGU-NE MUANDA, le Parlement interpelle.
L’Assemblée Nationale a rappelé aux Congolais, à l’occasion de l’ouverture de sa session de mars, que l’environnement politique n’est pas serein au pays.
En effet, en ce début d’année 2008, trois organisations ont marqué les esprits, à savoir le Conseil National pour la Défense du Peuple (CNDP) de Laurent Nkunda, Bundu dia Kongo de Ne Muanda et l’Union des Nationalistes Fédéralistes Congolais (Unafec), aile dissidente de Gabriel Kyungu wa Kumwanza.
Le trio, qui opère au Nord-Kivu (CNDP), au Katanga (Unafec) et au Bas-Congo (BDK) semble avoir un dénominateur commun : la remise en question de l’autorité de l’Etat sous couvert de la défense des intérêts ethniques. Au Nord-Kivu, le pouvoir central avait d’abord levé l’option du recours aux armes dans l’objectif de faire taire la milice armée de Nkunda avant de revenir au dialogue. Au Bas-Congo, c’est la force qui a réduit au silence les miliciens de Ne Muanda Nsemi. Au Katanga, les miliciens de l’Unafec continuent de jouir de l’impunité alors qu’ils s’illustrent sans répit dans des discours et actes charriant à la fois la xénophobie et la révolte contre la puissance publique.
Nord-Kivu : les députés face aux enjeux de Goma
L’année dernière, la sécurité du territoire a été sérieusement menacée à l’Est. Le peuple congolais dans toute sa diversité, était en droit d’attendre un débat public au niveau de sa représentation nationale. Surprise : une structure non constitutionnelle a subitement vu le jour et s’est curieursement occupée d’une matière ne relevant pas de sa compétence. Tout le monde sait ce qui est arrivé. Il y a eu un accord que chacun viole ou respecte en fonction des humeurs du jour. Nkunda s’en va quand il veut faire un pied de nez à la Monuc. Et il revient lorsqu’il sent que son évasion risque de retarder l’adoption par l’Assemblée nationale de la loi portant amnistie, preuve s’il en est que l’importante question de la paix aurait du être débattue au niveau de l’organe législatif.
Qu’à cela ne tienne. On espère qu’au moment de l’examen du projet de loi d’amnistie en faveur des groupes armés du Nord et Sud-Kivu, l’Assemblée nationale se mettra à la hauteur des enjeux politico-militaires qui se bousculent derrière ce texte.
BDK : ni passion ni laxisme
S’il y a un dossier dont l’Assemblée Nationale devrait avoir la pleine maîtrise, c’est celui de Bundu dia Kongo. On se souvient qu’au lendemain des événements de janvier-février 2007, une commission parlementaire s’était rendu à Matadi pour besoin d’enquête et en était revenue avec des données malheureusement débattues à huis clos. Jusqu’à ce jour, le commun des Congolais ignore les tenants et les aboutissants des morts et dégâts matériels ayant résulté des affrontements entre les forces de l’ordre et les miliciens de Bundu dia Kongo au quartier Belvédère, siège de ce mouvement politico-religieux.
Pour n’avoir pas rendu publiques les conclusions de son enquête, l’Assemblée Nationale s’était placée dans une position inconfortable, qui l’oblige aujourd’hui à se contenter d’une mise en garde en direction d’un de ses membres, Ne Muanda Nsemi, chef spirituel de Bundu dia Kongo. L’on se félicite, à ce stade, du rappel à l’ordre de ce député national comme l’on reconnaît au gouvernement le pouvoir de restaurer l’autorité de l’Etat remise en cause au Bas-Congo. L’on regrette néanmoins que la commission parlementaire n’ait pas pu, en son temps, expliquer plusieurs inconnues du mouvement politico-religieux cher à Ne Muanda Nsemi.
Car, qu’on l’aime ou pas, Bundu dia Kongo a continué sa percée dans l’opinion bas-congolaise, en dépit de l’interdiction de ses activités de juillet 2002 à 2004, des répressions policières de ses manifestations de 2005 à 2008. On a même l’impression que chaque fois que le sang coule au Bas-Congo au nom de BDK, il s’ensuit de nouvelles adhésions des Ne Kongo à ses idées.
L’Assemblée Nationale devrait s’interroger et même s’inquiéter de la montée d’un mouvement dont certaines revendications à connotation tribalo-éthnique représentent un danger pour la cohésion nationale. Si sa commission d’enquête avait approfondi ses investigations en 2007, peut-être aurait-elle proposé des pistes de sortie de ce qui passe aujourd’hui pour un dossier que l’usage de la force ne saurait vider correctement.
Kyungu : l’impasse
L’Assemblée Nationale ne pouvait faire mieux qu’une mise en garde à Gabriel Kyungu, pour tout ce qu’il fait pour entretenir la haine ethnique entre compatriotes du Katanga et des deux Kasaï. Au-delà, apprend-on des couloirs de l’hémicycle de Lingwala, c’est soit à l’Assemblée Provinciale du Katanga, soit au gouvernement central, d’agir.
L’intéressé le sait et n’épargne rien pour narguer qui il veut. On retient qu’il en est à sa nième mise en garde, après avoir été convoqué et entendu l’année dernière par une commission du Sénat, sans suite. Jusques à quand l’exécutif de l’Etat va-t-il laisser Kyungu distiller le venin de la violence et de la division au sein de la communauté nationale. On continuera à s’étonner de l’inaction du gouvernement central face à la prise en otage d’un de ses membres en mission officielle au Katanga par la milice de l’Unafec, aile dissidente.
Ingrédients dangereux pour l’avenir
Milice armée au Nord-Kivu, milices tribalo-éthniques non armée au Bas-Congo et au Katanga, discours d’exclusion ethnique par les trois provinces, seigneur de guerre imprévisible au Nord-Kivu, leaders politiques (élus du peuple) déifiés au Katanga et au Bas-Congo : voilà autant d’ingrédients fort dangereux pour l’avenir du pays. L’Assemblée Nationale devrait s’organiser pour lire correctement les signes du temps et prévenir l’émergence de compatriotes extrémistes capables d’arracher l’adhésion des masses à leur vision des choses. Le pays est réellement en danger au regard de l’hypocrisie qui se remarque chez nombre de notables du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Katanga et du Bas-Congo qui condamnent publiquement les discours xénophobes de Nkunda, Kyungu ou Nsemi mais qui, dans leurs cercles privés, les approuvent. Il appartient aux députés, qui sont censés provenir de tous les terroirs, apporter la bonne information aux décideurs politiques du gouvernement central afin de les aider à gérer sans passion les dossiers sensibles de contestation ouverte de l’autorité de l’Etat.
Jacques Kimpozo Mayala
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