Tuesday, March 18, 2008

LA RD CONGO A VENDU PRESQUE SON TIERS POUR UN RESULTAT NEGATIF


Le tiers de la RDC vendu pour un résultat presque nul
(Jacques Kimpozo Mayala)

Grâce à la magie du Code Minier, plus du tiers du territoire national est vendu aux exploitants miniers dont beaucoup, derrière la carapace d’investisseurs, se cachent de redoutables pilleurs. C’est le ministre des Mines en personne, Kabuelulu, qui a révélé à l’opinion, lors des Etats généraux des Mines organisés à Kinshasa du 12 au 17 mars 2008, que 33,8 % de notre sous-sol sont hypothéqués pour des décennies à cause de la délivrance anarchique de plus 4.000 titres miniers entre 2002 et 2008.

En fait, pratiquement toute la surface utile du pays, en terme des mines, va échapper à plusieurs génération des Congolais, par la faute d’une poignée de leurs compatriotes égoïstes et véreux. Compte tenu du gâchis en gros plan qui s’offre désormais à leurs yeux, des millions d’authentiques patriotes adhèrent sans réserve à l’idée de la révision, de fond en comble, du Code Minier.
Ce texte, soutiennent à l’unisson les spécialistes du secteur minier comme les populations résidant dans les espaces miniers, a montré ses limites en matière de bradage des richesses nationales enfouies dans le sous-sol de la République. Lors des Etats Généraux des Mines, la dynamique de l’élaboration d’une nouvelle Loi Minière réellement protectrice des intérêts des Congolais a pris corps. Aussi, tous les regards sont-ils tournés vers l’Assemblée Nationale et le Sénat pour l’appropriation du processus de sauvetage du patrimoine commun, actuellement en proie à une exploitation éhontée de la part de certains partenaires privés de l’Etat dépourvus du moindre scrupule.

Nécessité d’une nouvelle loi minière

En six ans de marche forcée sous le diktat du Code Minier, un document imposé et largement inspiré par la Banque Mondiale, sous prétexte de l’assainissement du secteur minier, la prospérité tant promise au peuple congolais s’est transformée en un océan de misère. Dans ce laps de temps plus qu’en 40 ans d’indépendance, la République Démocratique du Congo a assisté impuissante à l’évasion des millions sinon des milliards de dollars américains provenant de l’exploitation et de la commercialisation criminelle de ses minerais.

Ainsi, au-delà la revisitation des contrats miniers, il y a exigence et urgence d’une réglementation minière qui tranche avec l’état d’extrême pauvreté du pays et de ses habitants.

A travers les observations pertinentes des gouverneurs des provinces du Kasaï Oriental, du Katanga et du Nord-Kivu lors des assises des Etats généraux des mines, les participants ont appris, la mort dans l’âme, que plusieurs gisements de diamants, de cuivre, d’or, de cobalt, de fer, de coltan et autres vont s’épuiser bientôt sans avoir apporté aux Congolais le progrès social et économique.
A contrario, ce sont des arnaqueurs, congolais et expatriés, qui se sont scandaleusement enrichis sur le dos du peuple congolais propriétaire.

Les failles d’un texte

Parmi les faiblesses dont on accuse le Code Minier et les fonctionnaires chargés de son exécution, on cite l’absence de clauses relatives à la réévaluation des contrats miniers. Pour ne prendre que le cas du cuivre, certains contrats datant de l’époque où la tonne de ce minerai se négociait à 500 dollars sont restés en l’état, alors qu’aujourd’hui, la tonne de cuivre affiche 8.000 sur le marché mondial. Imaginez le manque à gagner pour la République pour des partenariats dont la plupart court sur 20, 30 ou 40 ans.

On constate aussi, sur le terrain, la présence d’une multitude d’opérateurs miniers qui ont graissé la patte à l’administration minière pour se faire délivrer un permis d’exploitation, sans avoir au préalable été couverts par un permis d’exploration. Or, le détenteur d’un droit minier devrait mener des études de prospection sur un site qu’il soupçonne receler des minerais au lieu d’atterrir, à l’aide des complicités, là où se trouve des gisements miniers connus pour ramasser, sans effort, le diamant, le cuivre, l’or, le cobalt, etc.

Le nationalisme des parlementaires à l’épreuve

Par ce temps où le débat autour d’un Code minier obsolète et des contrats miniers léonins bat son plein, les parlementaires congolais (sénateurs et députés), devraient se sentir interpellés par une question de vie ou de mort pour les générations futures des Congolais. C’est l’occasion ou jamais, pour ces surveillants des actes des gouvernants et de hauts fonctionnaires, de montrer à tous s’ils sont réellement des patriotes. Le Code minier ayant été conçu et promulgué dans un contexte de turbulences politique de la transition post-Mobutu, le Sénat et l’Assemblée ont le devoir patriotique d’arrêter ses dégâts par la mise en forme d’un nouveau cadre juridique pour le secteur minier.
Il leur appartient de relever les fronts longtemps courbés des Congolais face à l’entreprise de pillage de leurs ressources minières. Il leur faut surtout se faire violence pour marcher contrer les intérêts égoïstes des traîtres à la cause de la patrie, qui trouvaient un malin plaisir à signer aveuglement des contrats juteux pour leurs tubes digestifs mais assassins pour le Trésor public. Face à ce drame national, Sénateurs et députés, qui reviennent des vacances parlementaires et qui ont, on l’espère, tâté du doigt la profondeur de la misère nationale, n’ont pas le droit de faire comme si cet enfer n’existait pas.



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