Thursday, May 1, 2008

UNE PARALYSIE INFECTEE A L'ENSEIGNEMENT PAR UN MOUVAIS TRAITEMENT DE PAIE DES ENSEIGNANTS


LES GOUVERNEMENTS SE SUCCEDENT, LES ACCORDS SE SIGNENT ET SE RESIGNENT,ILS ONT NEGOCIE ET RENEGOCIE, ILS ONT TOUT DIT ET REDIT ENCORE, MAIS RIEN N'A CHANGE AU PROFIT DE L'ENSEIGNEMENT AU CONGO/KINSHASA, LES ENSEIGNANTS MAL PAYES ET UN ENSEIGNEMENT PARALYSE



La République démocratique du Congo célèbre, ce 30 avril 2008, la journée de l’enseignement. Des manifestations sont prévues dans plusieurs établissements scolaires et universitaires du pays. Mais, le constat est que l’enseignement est au rabais depuis que les enseignants congolais font figure de parents pauvres. Du fait de la carence de l’État, le système éducatif est essentiellement financé par les parents. Au-delà de simples festivités de ce jour, qui sauvera le système éducatif en RDC ?

Les jours passent et se ressemblent. Les gouvernements se forment et se succèdent. Les accords se signent et se résignent. Les négociations se font et se défont. Tout est dit et se dit encore sur l’enseignement, sans que rien ne puisse changer, d’un seul iota, la honteuse situation des messieurs et dames qui nous apprennent à lire et écrire.

Des 30 avril ont toujours été célébrés, avec leurs discours, toujours démagogiques, toujours prometteurs. Mais celui de 2008 se veut spécial : ici et là, on enregistre des grèves et des revendications des enseignants. Ainsi des écoles primaires que secondaires ils qui demandent le paiement de leurs arriérés des mois de février, mars et avril. Il y a également des revendications des professeurs d’université qui exigent, eux, la concrétisation, par le gouvernement, de la promesse de revalorisation des salaires. Mais, comment en est-on arrivé là ?

DEBUT DE L’EFFONDREMENT

Le financement public de l’éducation a commencé à s’effondrer dès 1986. Malgré tout, le système éducatif congolais a continué à se développer, et ce, grâce au financement direct des ménages. Selon des statistiques en notre possession, en 2001/2002, le pays comptait près de 19 100 écoles primaires avec 159 000 enseignants pour plus de 5,47 millions d’élèves et près de 8 000 écoles secondaires avec 108 000 enseignants pour 1,6 million d’élèves. La même année, l’enseignement supérieur comptait près de 326 établissements pour 200 000 étudiants. Le taux de scolarité est de 76 % en milieu urbain et 48 % en milieu rural.

Du fait de la carence de l’État, le système éducatif est essentiellement financé par les parents. Le taux de scolarisation est de 52 pour cent et le taux général d’analphabétisme (en 2004), très élevé – 33.2 pour cent –, atteint 43.3 pour cent chez les femmes. La scolarisation primaire a diminué à cause de l’isolement des régions, de l’incapacité croissante des parents à payer les frais scolaires, du manque d’entretien des infrastructures, du manque de manuels scolaires et de la baisse de la qualité de l’instruction. Les instituteurs perçoivent un salaire de moins de 20 dollars par mois.

ENSEIGNEMENT AU CONGO BELGE

Le programme national prévoit l’école universelle à l’horizon 2015, mais l’objectif ne paraît malheureusement pas crédible. L’enseignement au Congo belge était semblable à l’enseignement officiel de Belgique. Les six premières années sont appelées «primaires» (6-12 ans). Le cycle «secondaire» se divise en deux fois trois ans. Les 3 premières années sont dites «inférieures», les trois autres «supérieures».

Le cycle secondaire offre, à l’époque, trois orientations, à savoir : humanités classiques (grec, latin, mathématique), humanités dites «modernes» (techniques, scientifiques, commerciales) et humanités «professionnelles» ou «familiales». Un diplôme sanctionne la fin de chaque cycle de trois ans. Le terme des six années secondaires offre le choix aux études dites «supérieures» (enseignement non universitaire - entre 2 et 4 ans) ou «universitaires» (2 années de candidature, trois et plus d’années de licence, suivies d’un doctorat). Il n’y a pas de baccalauréat. Celui-ci est parfois compensé par un examen d’admission portant sur la capacité d’entreprendre les études choisies.

SAUVER LE « BEAU METIER »

Au lendemain de l’indépendance le 30 juin 1960, l’enseignement au Congo belge était semblable à l’enseignement officiel de Belgique : même programme de cours, bourse d’étude aux étudiants, rémunération équitable aux enseignants, bibliothèques équipées… Et, l’Université Lovanium de Kinshasa était la première de l’Afrique subsaharienne. Aujourd’hui, l’enseignant (du primaire au professeur d’université) a été mis à genoux, clochardisé à souhait et à volonté par les politiques dans le simple but de lui priver la réflexion et de jouer son rôle de veilleur et d’éveilleur de la conscience populaire.

Et pourtant, tous ceux qui tiennent les rênes du pouvoir aujourd’hui le sont grâce au sacrifice de l’enseignant. Aussi, quel avenir attend-t-on pour le Congo lorsqu’on laisse la jeunesse s’accommoder d’un nivellement vers le bas ? En RDC aujourd’hui, c’est l’élève ou étudiant qui est le patron de son enseignant. On passe de classe selon qu’on est « bon » ou « mauvais » payeur ! Quelle relève prépare-t-on pour un tel pays ? Il a peut-être raison, le père jésuite Martin Ekwa d’avoir écrit son livre «L’école trahie».


Par RICH NGAPI


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