Mission belge au Congo: L'ex colonnie redevient une priorité pour les belges
La Libre
Trois ministres (Affaires étrangères, Coopération et Défense) sont au Congo. Ils entendent unir leurs efforts pour que l'aide belge bénéficie à tous les Congolais.
Pas moins de trois ministres fédéraux belges accomplissent cette semaine une mission diplomatique, humanitaire et militaire en République démocratique du Congo (RDC). Dans un souci de parler d'une seule et même voix, Karel De Gucht (Affaires étrangères), Charles Michel (Coopération) et Pieter De Crem (Défense) sont, pendant quelques jours, ensemble, à pied d'oeuvre dans ce pays ami, mais instable et en proie à d'incommensurables difficultés sanitaires et sociales. Le tout sur fond de tensions frontalières.
Les trois ministres doivent être reçus ce lundi matin par le président Joseph Kabila avant de poursuivre un programme distinct. Tandis que le périple de Karel De Gucht et Charles Michel passera par le port de Boma, Lubumbashi, les deux Kivu puis le Burundi (à moins que les troubles ne les poussent à renoncer à cette étape), Pieter De Crem se rendra notamment au Kananaga, dans le Kasaï, là où l'armée belge maintient un petit groupe de militaires dans l'attente de la reprise d'activités de formation au profit des Forces armées de la RDC (FARDC).
Trois ministres en même temps, n'est-ce pas quand même beaucoup ? " C'est la traduction d'une volonté politique, explique Charles Michel. La Belgique veut parler d'une seule voix au Congo, ce qui n'a pas toujours été le cas. De plus, les ministres ont veillé, en amont, à ce que les projets soient concertés et cohérents. Ainsi, dans les projets de coopération militaire, nous tenterons de réserver de la place à des actions civiles. Chacun demeure donc dans le périmètre qui est le sien mais en restant cohérent avec l'action de ses collègues. La Belgique est d'autant plus forte quand elle parle d'une même voix ."
Un message de paix
Quel message les trois ministres portent-ils en RDC ? Celui-ci : l'Afrique centrale et le Congo en particulier sont une priorité dans la politique étrangère de la Belgique. Ensemble ils plaideront pour la paix et la sécurité sans lesquelles aucune politique de reconstruction, de développement, aucun progrès social ne sont possibles. La Belgique entend que son aide se déploie au bénéfice de l'ensemble du peuple congolais.
Lors de la mission, le ministre de la Coopération aura une attention particulière pour le drame que vivent un grand nombre de femmes, victimes de terribles violences sexuelles dans l'est du pays, là où le viol est devenu une véritable arme de guerre. Les témoignages des femmes révèlent une cruauté rarement atteinte. " La Belgique souhaite être à la pointe de l'aide dans ce domaine. Nous mobilisons des moyens importants tant sur le plan de la prévention, de l'éducation, de la sensibilisation. Nous voulons aider les autorités locales à lutter contre l'impunité, ce qui est une priorité absolue ", précise Charles Michel.
En s'investissant sur le long terme, la Coopération belge ne risque-t-elle pas d'être assimilée à une forme de néocolonialisme ? " La Coopération ne doit pas être éternelle. Le but de l'action belge est de créer les conditions pour que, progressivement, les investissements privés et l'initiative privée puissent prendre le relais et devenir le moteur de l'amélioration des conditions de vie de la population ", dit-il. Mais cela suppose évidemment l'instauration préalable d'un cadre juridique sécurisé. Qui tarde à s'instaurer.
Francis Van de Woestyne
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