MALGRÉ LA LUTTE CONTRE LA CORRUPTION ET L'ANARCHIE, LES DÉTOURNEMENTS MONSTRES AU GOUVERNEMENT DE JOSEPH KABILA.
Les procédures peu orthodoxes, l’indiscipline dans les ordonnancements, des sommes colossales détournées du trésor public, encore et toujours la mal gouvernance poursuit son bon homme de chemin dans un pays où le double langage est érigé en système de gouvernance. L’affaire passerait sous silence si une ONG, la Ligue congolaise contre la corruption n’avait pas publié le scandale financier qui s’opère au grand dam du Congolais meurtri dans sa misère.
Selon le rapport d’une soixantaine de page, rapport d’ailleurs incomplet de la Cour des Comptes, près de CDF 64 984 725 528,61 (Francs congolais soixante-quatre milliards neuf cent quatre-vingt- quatre millions sept cent vingt-cinq mille cinq cent vingt-huit centime soixante et un), soit près de USD 120 millions de l’argent du contribuable, en l’espace de deux mois seulement (décembre 2006-février 2007) ont pris des destinations inconnues, sans justification, sans que cela se passe dans l’orthodoxie financière et sans qu’ils ne soient utilisés, pour certains cas, pour ce à quoi ils étaient destinés. Et si on extrapolait sur une période relativement longue !
Après que le petit pan de voile soit levé sur ce qui n’est que la partie visible de l’iceberg de la corruption en RDC, le ministère de budget a lui aussi publié le scandaleux rapport, sur son site Internet, l’Internet où l’accès n’est réservé qu’à moins de 1% de la population congolaise. C’est le ministère de la défense et l’armée qui ont battu le record des détournements des deniers publics. L’audit concerne la période du 1er décembre 2006 au 28 février 2007. Les détournements ont profité d’une part des procédures d’urgence (de la hauteur de CDF 16 376 560 538,15 Francs congolais seize milliards trois cent soixante-seize millions cinq cent soixante mille cinq cent trente-huit, centimes quinze, soit près de USD 30 millions), de l’opacité généralisée dans la gestion de la chose publique mais aussi de la puissance politique, policière et militaire des auteurs de ces actes pour jeter soustraire du trésor public ce qui pouvait profiter à tous.
Tous sont éclaboussés
Le scandale n’épargne personne. Tous les services de l'État ou presque, comme de vilains prédateurs qui s’abattent sur la carcasse de leur victime, ont abusé de la mollesse ou profité de la complicité des institutions financières pour saigner à blanc les caisses de l’Etat. Pire encore, plusieurs services ont sorti des millions en espèce du trésor sans se faire identifié. Le ministère de la Défense nationale remporte la palme de l’irrégularité et des détournements enregistrés avec 20 gros dossiers.
Des services non identifiés occupent la seconde place avec 41 dossiers, la Police avec 22, le ministère de l’Intérieur, 8, le ministères des Finances qui devrait pourtant prôner la discipline et prêcher par l’exemple 8, Primature, 3, le ministère des Infrastructures, Travaux publics et Reconstruction, 11 dossiers, la Banque congolaise, 166 dossiers, les régies financières, 5, Carburants et lubrifiants, 97 dossiers. On y retrouve également des traces des anciennes vice-présidences, de la Banque centrale du Congo, du Sénat, de l’Assemblée nationale, 42, bref tous ont trempé dans la magouille et la corruption.
Selon le rapport, des manœuvres dilatoires et des obstructions ont été enregistrées de la part des services enquêtés, notamment au ministère des Finances ou à la Primature. D’autre part, les auditeurs se sont retrouvés devant des faits accomplis où des traces des opérations ont disparus, soit au niveau de l’ordonnancement ou à la destination. Certains criminels ont tout simplement fait mauvais usage de la loi pour réfuter tout contrôle. C’est le cas de la Commission électorale indépendante.
Une vraie pieuvre avec tentacules dans les hautes sphères de l'État
La maffia a utilisé le maillon faible de la lutte contre la corruption en RDC, c’est-à-dire la passation de marchés des travaux publics et des fournitures où d’énormes commissions occultes sont distribuées. Ici le jeu est simple. Interférence des autorités politiques dans la passation des marchés, ce qui contourne l’adjudication publique sur la quasi-totalité (4 sur 11) des marchés publics, exécution de marché avant l’obtention de la lettre de commande. Le scénario est classique à Kinshasa. Un vieux tracteur complètement déglingué arrive sur les lieux qui sont d’ailleurs son cimetière. Les ouvriers cassent tout et disparaissent corps et bien. La population n’a plus que des yeux pour pleurer.
Ce scénario a été vécu dans la commune de Kalamu, dans le dossier de la réhabilitation des avenues Kasangulu et Ezo, confié en septembre 2006 à l’Entreprise Stever Construct par le ministre des Finances Marco Banguli dans le cadre d’une ASBL pro-PPRD, la CODEK (Convention pour le développement de Kinshasa, du pure style FROJEMO de triste mémoire). Montant de la commande : USD 2 172 169,09 dont USD 191 918,55 pour les études, le contrôle et la surveillance, et USD 235 536,41 pour l’impôt.
L’entreprise perçoit en date du 31 janvier 2007 USD 1 217 086,40. Déjà à ce stade, on perd la trace de USD 86 215,05, soit 40% du montant du marché. Prévus pour 120 jours, les travaux sont ‘‘à l’arrêt avant même la régularisation’’. Avec l’état de délabrement avancé de l’avenue Université, Kasangulu n’est plus que l’ombre d’elle-même. Tous le flux vers ou en provenance de Ngaba, UNIKIN, Mont-Ngafula n’ont fait de cette artère secondaire qu’une bouchée.
Près de USD 4 117 733,49 sur les dossiers des travaux publics de la période sont parti en fumée. Le gouvernement n’a bougé aucun doigt pour récupérer l’argent public. Tout le monde sait pourquoi.
Bref, le rapport n’a perçu aucun caractère urgent dans l’exécution des opérations auditées dans la période. Plusieurs paiements ont été effectués hors chaînes des dépenses et nombre d’entre elles ont été régularisés ou pas du tout à ce jour. Un accroissement de 218 % a été enregistré sur le solde de dépenses urgentes dans la période. La Cour des Comptes a même repéré un vrai charabia dans l’écriture comptable : ‘‘Virement apurement de refinancement de la Banque Congolaise’’ pour brouiller les traces de près de CDF 10 497 642 376, 74.
Un autre cas scandaleux
Le rapport fait également état d’un contrat passé entre le gouvernement et une certaine maison OMEGA Trading Company´s a bénéficié de 3 commandes de fourniture des produits pharmaceutiques et divers pour les FARDC. L´initiative des commandes proviendrait de l´Etat Major des armées. Ce qui est à nouveau scandaleux dans le dossier, c’est la procédure. Dans le cadre ‘‘ekosala nini’’, si c’est la finalité qui compte. Suivons la LICOCO : Le Ministre de la Défense a introduit une commande à la maison OMEGA. Faute de crédit budgétaire dans son ministère, celui-ci intéressera son collègue de la Santé Publique, qui gère le crédit PPTE du secteur médical.
Le ministre de la Santé intervient dans le paiement de la commande et l´avenant en changeant l’objet de la commande : Appui à la revitalisation des zones de santé. Deux bons d´engagements sont émis, l´un au cabinet du ministre de la Santé et l´autre par le Secrétariat général à la Santé pour la commande et de l´avenant. Le montant du marché est de USD 5 429 172,34 dont la commande de USD 3 595 419,57 et l’avenant: USD 1 833 752,73.
Régime du marché: de gré à gré par la décision du Ministre de la Défense nationale.
Le rapport fait observer l’absence de facture définitive, l’absence de cahier des charges, de bordereau de livraison, de PV de réception, de la lettre d´invitation pour la livraison finale, de la décision du conseil d´adjudication. Le fournisseur OMEGA justifie cet état de chose par le refus de l´armée à réceptionner des produit devant une Commission ad hoc, dans les entrepôts du Ministère de la Santé, ‘‘alors que sur le dossier physique déposé par le fournisseur OMEGA, le rapport signale une commission de réception des produits constituée de 5 colonels’’ des FARDC.
S’il faut projeter par rapport à la période et extrapoler au regard des montants détournés, il y a fort à parier que des millions de dollars des contribuables congolais ont pris la direction des bourses privées de nos dirigeants et que le peuple congolais en a encore pour longtemps à attendre que l’éradication de la corruption quitte le stade de slogan. Voici une explication au boum de l’immobilier observé à Kinshasa sans qu’il y ait effet sur l’économie: l’argent sale.
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