Thursday, April 24, 2008

L'OEUIL DU CYCLONE: LAMBERT MENDE MET EN NU LES ORIGINES RWANDAISES DU RCD


L'AUTEUR LARGUE UNE VRAIE BOMBE A TRAVERS SON LIVRE REVELATEUR SUR LES ANNEES REBELLES 1997 - 2003


Les origines rwandaises du RCD mises à nu. L’intelligentsia congolaise interpellée pour son extraversion. Le fait est suffisamment rare pour être épinglé. Un homme politique congolais, ministre en fonction de surcroît, prend sa plume pour témoigner sur une période toute récente de l’histoire du pays livrant sa part de vérité. L’événement sort davantage de l’ordinaire lorsque cet acteur politique s’interdit de faire une relecture à géométrie variable ou de verser dans un dithyrambe pour plaire à telle ou telle autre chapelle. L’exercice auquel s’est adonné Lambert Mende, à travers son livre « Dans l’oeil du cyclone, Congo-­Kinshasa, les années rebelles 1997- 2003 revisité », relève du devoir d’inventaire.

Voilà un acteur politique revenir avec courage sur une expérience, en l’occurrence la rébellion, qu’il a connue de l’intérieur et arriver à la conclusion qu’au fond, les Congolais avaient été embarqués dans une aventure dont ils n’étaient pas maîtres. Certes, tel un poncif, Le Rwanda était présenté comme le parrain du Rassemblement congolais pour la démocratie.

Allant plus loin que ces généralités sur la guerre de l’Est, Lambert Mende met à nu la paternité rwandaise du RCD : « C’est à Kigali et non à Goma qu’avaient été conviées les personnalités congolaises chargées de créer la coupole politique de l’insurrection, révèle Mende. Avant d’ajouter: « Les résolutions adoptées par les participants de l’Assemblée générale de 1998-1999 ne firent que ressasser les préoccupations du Rwanda, notamment le plaidoyer pour la double nationalité qui répondait à la quête identitaire des rwandophones du Kivu, et la forme fédérale de l’Etat à appliquer « sans étapes superflues ». Ces choix reposaient vraisemblablement sur un calcul stratégique: le droit serait ouvert aux provinces du Kivu vidées de leurs populations « bantouphones de revendiquer leur autonomie et peut-être ensuite le rattachement au Rwanda voisin ». Voilà qui éclaire d’un nouveau jour l’entreprise de prédation généralisée opérée par le Rwanda sous-couvert du RCD. Elu de Lodja, Lambert Mende donne, à titre d’exemple, les sommes emportées par les troupes du RCD après la conquête du chef-lieu du Sankuru.

Avec ce livre, l’on comprend mieux la posteriori que l’un des « enfants terribles » de la longue transition zaïro-congolaise ait quitté le RDC après avoir failli payer très cher son indépendance de ton.

Le livre-révélation de Lamber Mende n’épargne pas l’autre rébellion animée et financée par l’Ouganda. L’auteur note que si le président Museveni a fait un plaidoyer pour La libération du Congo, par contre, l’intervention de son armée dans notre pays s’est révélée être une opération de grande criminalité.

A preuve, renchérit Mende, la quasi-totalité des chefs militaires en charge de la guerre en RDC et leurs alliés congolais sont cités comme auteurs présumés de crimes de guerre et d’actes de pillage dénoncés par les Nations unies et les ONG locales des droits de l’homme.

Si les années 1997-2003 ont été rebelles, l’auteur ne l’a pas été moins. Et c’est sans doute là que Mende atteint le summum de son courage politique. Puisqu’il ne s’attribue pas le beau rôle, ni ne renie pas son passé… De rebelle.

Seulement, La trajectoire de Lambert Mende faite des « rébellions » cycliques contre toutes les dictatures explique bien l’adhésion de ce démocrate lumumbiste au RCD. Même si l’auteur précise non sans beaucoup d’à propos « Ici je donne un témoignage sur une part de l’histoire que j’ai pu visualiser. Je n’ai pas participé aux opérations militaires ».

Face à l’immobilisme et l’intolérance du pouvoir AFDL, il était, de l’avis de Lambert Mende, nécessaire d’exercer une pression sur Kinshasa pour qu’il soit possible de voir germer l’idée d’un dialogue interne, sans exclusive, comme source du nouvel ordre politique au Congo.

En s’attaquant à la Conférence nationale, l’AFDL a bougé les limites de son propre succès auprès de la population, note Lambert Mende, par ailleurs rapporteur de la célèbre commission des biens mal acquis lors des assises fondatrices de la transition zaïro-congolaise.

Enfin, le livre de Lambert Mende remet sur le tapis la maladie la mieux partagée par l’élite congolaise, à savoir son extraversion. Une posture qui ne permet pas à l’intelligentsia Congolaise de cerner l’intérêt national. Émanation de cette élite, la classe politique congolaise reflète la perfection, cette triste réalité.

L’ouvrage de Lambert Mende ne sombre pourtant pas le Congo-pessimisme. Puisque l’auteur estime qu’après les expériences consensuelles et démocratiques heureuses de 1990 et celles de 2006, la RDC doit, pour donner une réelle chance à la paix dans la région des Grands lacs, se doter de technostructures d’intelligence efficace et d’une force armée de dissuasion crédible.

« L’œil du cyclone » porté sur les fonts baptismaux par le prof. Evariste boshab

C’est Willy Kalengay, journaliste politique bien connu, qui a fait la recension de ce livre de 208 pages « L’oeil du cyclone, Congo-Kinshasa : les armées rebelles revisitées », tel est le titre du nouvel ouvrage qui vient enrichir le marché du livre congolais.

Cet ouvrage de Lambert Mende Omalanga, ministre des Hydrocarbures, a été porté, hier au Grand Hôtel Kinshasa, sur les fonts baptismaux par le professeur Evariste Boshab qui l’a préfacé. Dans la salle l’Atmosphère du Grand Hôtel Kinshasa, Députés, Sénateurs, membres du gouvernement et autres personnalités politiques et culturelles ont pris part à la présentation de ce livre riche en révélations.

(Milor)

J.N./Forum des As



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