Thursday, April 24, 2008

UNE TONALITE AIGUE ENTRE KINSHSA ET BRUXELLES


LE TON EST AIGU ENTRE KINSHASA ET L'EX-PUISSANCE COLONIALE BELGE

Le ministre belge de la défense Pieter De crem (g) et le président de la RDC Joseph Kabila, le 21 avril 2008 à Kinshasa
© AFP/Belga Benoit Doppagne


BRUXELLES (AFP) - jeudi 24 avril 2008 - 17h50 - Les relations entre la République démocratique du Congo (RDC) et son ancienne puissance coloniale tournent au vinaigre après une visite gouvernementale belge à Kinshasa aux allures de fiasco, sur fond de montée en puissance de la Chine dans la région.

La Belgique "doit se décider à propos du type de relations" qu'elle souhaite entretenir avec la RDC: "soit de très bonnes relations de partenariat adulte avec un Etat souverain et indépendant", soit des "relations de maître à esclave", a tonné jeudi dans le journal belge Le Soir le président congolais, Joseph Kabila.

Le jeune président de 36 ans, élu en octobre 2006, a dénoncé "l'arrogance" du ministre belge des Affaires étrangères Karel De Gucht, qui vient d'effectuer cette semaine une visite dans l'ex-Congo belge en compagnie de ses collègues de la Défense, Pieter De Crem, et de la Coopération, Charles Michel.

Après un entretien difficile au palais présidentiel, le chef de la diplomatie belge avait évoqué des "points de tension" avec Kinshasa.

Devant des personnalités congolaises, M. De Gucht avait appelé à une accélération de la lutte contre la corruption, jugeant nécessaire de "s'attaquer aux privilèges fabuleux de certains".



Le ministre belge des Affaires étrangères (g) Karel De Gucht et son homologue congolais Antipas Mbuza Nyanwisi le 21 avril 2008 à Kinshasa
© AFP/Belga Benoit Doppagne





"Il faut s'attendre à une farouche résistance de tous ceux qui n'hésitent pas à sacrifier le bien-être de la population pour leur enrichissement personnel", avait martelé dans des termes peu diplomatiques le ministre belge.

Visiblement, la leçon a été très mal perçue par Joseph Kabila.

"C'est la dernière fois que j'accepte de recevoir une délégation porteuse d'un tel message. La prochaine fois, il y aura certainement un incident", a-t-il prévenu, assurant que dans d'autres pays, la délégation belge aurait été "chassée".

Depuis que les Congolais ont arraché leur indépendance en 1960, ce n'est pas la première fois que les rapports se tendent entre les deux pays. A la fin de l'ère du maréchal Mobutu, Bruxelles avait interrompu sa coopération avec son ancienne colonie, qui n'avait repris qu'en 2001.

Mais aujourd'hui, la donne a changé, notamment depuis que la Chine s'intéresse aux énormes richesses du sous-sol congolais.

Ces derniers mois, Kinshasa a signé d'énormes contrats avec des entreprises chinoises, qui vont construire des milliers de kilomètres de route et des infrastructures sociales (hôpitaux, écoles,...) en échange de livraisons de minerais comme le cuivre et le cobalt.

"Le Congo a besoin de se développer le plus vite possible. L'option chinoise a été prise et on assume, c'est tout à fait irréversible", a expliqué Joseph Kabila, en assurant toutefois qu'il y a "encore de la place pour tout le monde".

En Belgique, ce nouvel accès de fièvre suscite aussi des remous. Bruxelles a "raison de s'inquiéter du chaudron social qui bout au Congo", de la "violence" et des "pots de vin", estime Le Soir. Mais "les ministres belges seraient-ils aussi fermes au Kazakhstan, en Chine ou aux Etats-Unis ? Se conduiraient-ils de manière aussi arrogante et gaffeuse ?", se demande une éditorialiste du journal.

Le quotidien Het Belang Van Limburg estime pour sa part que c'est "l'orgueil de Kabila qui pose problème". "Mais l'orgueil, souvent, précède la chute. On peut espérer que cette chute ne se fera plus attendre", écrit le journal néerlandophone.

Un autre quotidien flamand, Het Laatste Nieuws, ramène le problème à des enjeux économiques. "Y'a-t-il encore quelque chose à attendre du +Congo chinois+", titre jeudi plus gros tirage de la presse belge.



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