Friday, October 10, 2008

INTENSIFICATION DE LA REBELLION EN ITURI ET LA TRAGEDIE DE L'EST



INTENSIFICATION DE LA REBELLION EN ITURI


Selon le lieutenant-colonel Jean-Paul Dietrich, porte-parole militaire de la Mission des Nations Unies en RDC (Monuc), la situation sécuritaire dans les zones au Sud du territoire d’Irumu (Province Orientale) s’est rapidement détériorée la semaine dernière suite des attaques soutenues sur les positions des Forces Armées de la RDCongo (FARDC) menées par des combattants armés. En tête de ces mouvements subversifs, il cite le Front de Résistance Patriotique de l’Ituri (FRPI), dont les éléments ont attaqué simultanément les camps des FARDC à Tchey et à Quinz, avec des armes lourdes (mortiers) et des armes légères les 29 et 30 septembre 2008.

Le 2 octobre, ces mêmes combattants FRPI ont ouvert le feu sur deux hélicoptères de la Monuc en reconnaissance sur Tchey puis tendu une embuscade aux FARDC, saisissant à cette occasion deux camions des munitions. D’autres accrochages ont été signalés à Kagaba et à Geti, près d’Aveba.

Le porte-parole de la Monuc a fait aussi état de la création d’une nouvelle alliance regroupant des groupes armés. Ce nouveau mouvement appelé « Front Populaire pour la Justice au Congo » (FPJC) est composé des dissidents du FRPI et opère essentiellement en Ituri.

Par Tshieke Bukasa


LA TRAGEDIE DE L'EST


Le Potentiel



Situation explosive. Sécurité aléatoire. Juste quatre mots pour décrire l'horreur au quotidien. Horreur que vivent dans leurs chair et âme des milliers de Congolais, chassés par des affrontements armés réguliers. Des familles entières poussées à l'errance d'un point à l'autre de la province Orientale et du Nord-Kivu, baluchon sur la tête. Quelle est ou quelle doit être la réponse du gouvernement ?

Pour répondre à l'interrogation, la grille de cette tragédie se lit au travers d'éloquents témoignages. Le premier, fait par le porte-parole de la Monuc, reconnaît que la localité de Tchey, située à 60 km de Bunia, demeure sous le contrôle des miliciens du Front de résistance patriotique de l'Ituri (FRPI), pendant que 250 de ses miliciens sont signalés autour de Gety et Kagaba, dans la province Orientale.

A Dungu, toujours en province Orientale, les rebelles ougandais de la LRA (Armée de résistance du seigneur), arrivés dans la région en 2006, ont tué une vingtaine de Congolais, enlevé une centaine d'écoliers congolais, pillé des habitations, brûlé des écoles, contraint 2000 villageois à s'exiler vers le Soudan, l'Ouganda et ailleurs.

Pendant ce temps, affluent d'autres témoignages. Un exemple : les responsables des Forces armées de la RDC ont confirmé les attaques du CNDP de Nkunda ainsi que la chute de Rumangabo, en territoire de Rutshuru, au Nord-Kivu. De violents combats à l'arme lourde opposent l'armée nationale à la rébellion dans plusieurs localités dont Ngungu, à près de 50 km de Goma.

Autre exemple : le groupe armé Yakutumba, signataire de l'Acte d'engagement de Goma, a annoncé la suspension de sa participation aux activités du 'Programme Amani', mis en oeuvre en janvier 2008 en vue de ramener la paix dans les deux Kivu. Le comité directeur de ce groupe exige le retour sans délai à Fizi de son chef, le commandant Yakutumba. Ce dernier avait été invité à Kinshasa par le chef de l'Etat depuis septembre 2007. Il y est encore.

Entre-temps, les FDLR, rebelles hutu rwandais, continuent à dicter leur loi aux populations du Sud-Kivu. Cela fait 14 ans. Mais depuis l'année dernière, ils tuent des civils congolais. Et menacent de «se défendre» si jamais le gouvernement tente de les déloger manu militari.

La tragédie en cours à l'Est est significative du manque de clairvoyance des cercles dirigeants. Elle illustre, par ailleurs, l'absence de volonté politique susceptible sinon de sécuriser toutes les populations de l'Est, du moins de négocier la restauration des rapports de bon voisinage avec les pays limitrophes. Pays qui passent, aux yeux du gouvernement, comme auteurs ou complices de ses malheurs.

Mais le plus pressant à faire pour stopper la tragédie, c'est d'obliger le gouvernement à s'assumer.


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