Monday, October 6, 2008

LA PRIMATURE REVIENT TOUJOURS AU PALU



JOSEPH KABILA DEJOUE LES PRONOSTICS



Sauf changement de dernière minute, le successeur d’Antoine Gizenga à la Primature est un haut cadre puisé dans le vivier du PPRD, parti présidentiel. Pour autant, l’Accord du gouvernement’ de septembre 2006, ne vole pas en éclats. Ses autres co-signataires, Palu et Udémo, montent sur le podium. Début d’expérimentation d’une nouvelle architecture de l’Exécutif. Un flot de surprises en perspective.

Le pouvoir discrétionnaire du chef de l’Etat doit avoir tranché : c’est plutôt le PPRD Vital Kamerhe qui semble avoir capitalisé le maximum de sympathie pour succéder au premier ministre démissionnaire. Kabila aura donc déjoué les pronostics.

Ainsi prendrait fin, espérons-nous, la guerre des tranchées qui fait rage dans le microcosme politique congolais depuis le jeudi 25 septembre 2008. Ce jour-là, l’ex-Premier ministre Antoine Gizenga, fondateur du Parti lumumbiste unifié (Palu), avait annoncé lui-même son départ définitif des affaires publiques pour raisons de grand âge. Il revendiquait, en effet, 83 ans d’existence.

Kamerhe ne serait pas seul sur le podium. La probable nouvelle architecture gouvernementale prévoyant des innovations, le premier ministre devrait être secondé par deux vice-premiers ministres.

La deuxième et la troisième marches du podium seraient ainsi occupées par les co-signataires de l’Accord du gouvernement de septembre 2006. A savoir : l’Udemo (Union des démocrates mobutistes) de François Joseph Mobutu Nzanga et le Palu d’Antoine Gizenga.

STRATEGIE DE L’EPOUVANTAIL

Selon des sources proches de la coalition AMP-Palu-Udemo au pouvoir, les noms de Mobutu Nzanga et d’Adolphe Muzito sont cités pour exercer les fonctions de vice-premiers ministres. Comme on le voit, l’Accord est bien sauvegardé, malgré des aménagements internes.

En politique, plus que dans la vie en société, aucune décision d’Etat ne peut arracher l’adhésion de tout le monde. Bien plus, un acteur, quelle que soit sa fonction, ne peut plaire à tout le monde à la fois. Par conséquent, la préférence du profil de Kamerhe à tout autre politicien ne peut, dans un premier temps, que souffrir de contestation. C’est, après tout, de bonne guerre.

Des observations du genre «Il est de l’Est comme le président de la République» ne convainquent plus grand monde quant à leur rationalité. Prétendre que «le poste de premier ministre revient de jure ou de facto à l’Ouest» ne résout aucun problème, ni du pays entier ni de l’Ouest. C’est donc sur de telles discussions que la palabre africaine montre ses limites.

Depuis la mise en œuvre de l’Accord du gouvernement de 2006, les politiciens ont évoqué, avec délectation, «le fossé» qui risquait de s’élargir entre l’Est et l’Ouest si J. Kabila, élu majoritairement à l’Est, ne prenait pas pour premier ministre un originaire de l’Ouest. Le président de la République s’est plié à cette stratégie de l’épouvantail. Vingt mois après, quel est le bilan pour «les populations», tant de l’Est que de l’Ouest ?...

Il est vain d’exiger l’honnêteté des politiciens … congolais. Mûri par des décennies d’expériences décevantes, le peuple sait que la résurgence du concept «Est-Ouest» à l’occasion de grands événements historiques, n’a pour finalité, pour ses défenseurs, que l’accès au pouvoir. «Le pouvoir pour le pouvoir».

Ce qui importe aujourd’hui, ce n’est pas de confier la primature à tel parti ou tel individu. Il est plutôt question, par rapport aux choix opérés, de confier la gestion du pays à un chef du gouvernement qui a du répondant, du charisme, de la personnalité, de la visibilité.

MANIPULER LES COLLEGUES POLITIQUES

Sans vouloir entraîner les citoyens vers la voie des querelles partisanes ou des contestations tribalo-régionalistes, Le Potentiel est de ceux qui pensent et soutiennent que le meilleur premier ministre pour la RDC, dans le contexte compliqué du moment, devrait être un homme de poigne, capable de manipuler aussi bien ses collègues politiques que les forces centrifuges. Un homme à même de jouer à l’équilibriste, quand il le faudra, tant dans les affaires domestiques que sur la scène internationale.

Voilà, au moins, le portrait d’un chef du gouvernement susceptible d’aider le chef de l’Etat dans ses ambitions légitimes : réaliser les 5 chantiers, ramener la paix à l’Est, recréer et maintenir le dialogue social, être rassuré par rapport aux échéances électorales futures.

En tout état de cause, le prochain Premier ministre, quel qu’il soit, ne pourrait évoluer sans stress, dans l’intérêt général, que si la Présidence de la République mettait définitivement fin à l’ingérence illégale de ses conseillers dans le fonctionnement des ministères et des provinces. C’est-à-dire, qu’il n’y ait pas de « gouvernement parallèle » qui nuit à la bonne marche des affaires de l’ Etat.

Le respect de l’unité de commandement et l’observance de la voie hiérarchique sont des règles importantes qui confortent la bonne gouvernance. La RDC a plus à gagner en imitant les bons exemples d’ailleurs en évitant d’avoir plusieurs centres de décisions. En attendant, il y a lieu d’éviter d’entretenir longtemps le suspense pour autant que toute Nation a horreur du vide. Le temps presse.

Déclaration politique conjointe des groupes parlementaires « Palu» et « Forces du centre»

Nous, députés nationaux,

Membres des Groupes parlementaires « Palu» et« Forces du centre »,

Faisant suite à nos déclarations politiques respectives relatives à la démission du Premier ministre Antoine Gizenga ;

Considérant les multiples tractations fiévreuses au sein de certains partis et regroupements politiques au lendemain de cette démission ;

Conscients que, si elle n’est pas endiguée à temps, pareille effervescence peut brouiller le paysage politique au point de retarder, voire, gêner la désignation du nouveau Premier ministre et plonger la Nation dans une crise politique majeure ;

Convaincus que, devant l’intensification des hostilités à l’Est du pays, devant la persistance de la grogne sociale, devant la recrudescence de l’insécurité et devant l’urgence, le souci des acteurs politiques doit être de veiller aux attentes de plus en plus pressantes de la population, au regard des promesses électorales et post électorales ;

Convaincus par ailleurs que l’heure est au rappel des accords signés en 2006 entre l’AMP et le l’Udemo, d’une part, et l’AMP et le Palu, d’autre part, sans lesquels l’issue de l’élection présidentielle aurait pu être tout autre ;

Convaincus, enfin, que les acquis de cette double coalition doivent être sauvegardés de peur de compromettre l’avenir ;

Invitons les signataires desdits accords à une Concertation-Evaluation, aux fins de proposer au peuple congolais, de manière diligente, une solution efficace, en termes de gestion de la chose publique, dans le cadre particulier de l’action gouvernementale

Appelons au recentrage de l’action gouvernementale autour des accords de la coalition, lesquels visent l’unité nationale et la bonne gouvernance ;

Décidons de former ensemble un axe d’action parlementaire;

Que vive la République démocratique du Congo, notre pays !

Fait à Kinshasa, le 03 octobre 2008.


Le Potentiel

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C'EST LE PALU QUI DOIT AVOIR LA PRIMATURE



L’AMP s’est finalement rendue à l’évidence. Le Premier ministre viendra du Palu en respect des accords qui ont porté Joseph Kabila au pouvoir en octobre 2006. Le parti de Gizenga devait faire sa cuisine interne pour dégager un consensus autour d’un seul nom.

L’ouragan s’est transformé en une tempête tropicale qui s’est essoufflée en début de week-end. Le calme est revenu au sein de la coalition majoritaire après des empoignades sans gants qui ont suivi la démission, le 25 septembre dernier, du Premier ministre Gizenga Antoine. Les caciques de l’AMP, famille politique du Président Kabila, ont, apparemment, compris qu’ils ne sauraient imposer un choix au Chef de l’Etat. Celui-ci, d’après des sources dignes de foi, aurait fait remarquer aux membres de l’AMP qui voulaient le voir, pour discuter de la succession de Gizenga Antoine à la Primature, que la coalition ne se résumait pas à l’AMP. La coalition comprend le Palu, l’Udemo et l’Amp. Le Président de la République, selon les mêmes sources, aurait demandé à ses lieutenants de faire la paix avec toutes les composantes de la coalition. Comprenne qui pourra. La réponse de Joseph Kabila a été interprétée comme un soutien voilé aux accords du 30 septembre 2006 qu’il avait signés avec Antoine Gizenga (Palu) et Nzanga Mobutu (Udemo). Cela dit, il reste au Palu d’assouvir les appétits gloutons de ses cadres. Ça s’appelle la gestion des ambitions. Pourtant, les ambitions personnelles immédiates étant, généralement, en contradiction avec les intérêts du groupe à court, moyen et long termes. Deux noms sortent du lot au Palu : Godefroid Mayobo et Adolphe Muzito. De Mayobo on dit qu’il a travaillé avec Gizenga dans le traitement des dossiers à la Primature. Sa nomination, selon ses supporters dans l’entourage du Président, devait s’inscrire dans la logique de la continuité. Mais si Mayobo peut vanter l’expérience qu’il a acquise aux côtés du Patriarche, cela peut également se retourner contre lui. Dans la mesure où les politiques s’accordent à dire que Gizenga a échoué. Même si on peut justifier l’échec proclamé du Premier ministre démissionnaire par l’hyper activité du fameux gouvernement parallèle, il ne reste pas moins que dans l’opinion l’échec de Gizenga est perçu comme l’échec personnel de Godefroid Mayobo. C’est Mayobo, en effet, qui était l’homme à tout faire. Dans certains milieux, notamment au Palu, on accuse Mayobo d’avoir rendu le ‘‘Vieux’’ imperméable. Les cadres de son parti, qui l’ont dernièrement exclu, ont formulé plusieurs griefs contre lui. C’est ce qui fait dire à plus d’un observateur que la candidature de Mayobo aura du mal à passer. Pas du côté de la Présence de la République, mais à l’intérieur du Palu. Politiquement, quel intérêt il y a à gagner avec un politicien vomi par la branche radicale de son parti ? Le deuxième nom cité est celui du ministre du Budget, Adolphe Muzito, très emphase avec les militants de son parti qui ne seraient pas déçus de le voir gravir les marches de la Primature. Il s’est fait une bonne réputation après plus de 20 mois passés au Budget. Affaire à suivre.


LPM




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