Tuesday, February 26, 2008

BUNDU DIA KONGO SEME LA TERREUR A LUOZI ET SEKE-BANZA


Bundu dia Kongo installe la terreur et un « régime d’exception » dans les territoires de Luozi et Seke-Banza

Le Potentiel

C’est une évidence. Au fil des jours, la situation devient de plus en plus intenable dans les territoires de Seke-Banza, dans le Bas-Fleuve, et de Luozi, dans les Cataractes. Chaque jour qui passe rend les choses de moins en moins gérables, si pas de moins en moins gouvernables dans ces deux territoires où Bundu dia Kongo a installé la terreur pendant qu’il y a instauré un « régime d’exception ». Par exemple, l’hymne national est interdit dans les écoles, en lieu et place c’est celui de BDK qui est…de mise. Le culte matinal a été supprimé, sans autre forme de procès, dans les écoles chrétiennes, protestantes et catholiques en l’occurrence.

Des pasteurs de l’Eglise du Christ du Congo sont menacés dans leur intégrité physique par des adeptes de BDK. Ceux-ci en font également voir des vertes et des pas mûres à des prêtres et autres abbés de l’Eglise catholique qui ne savent plus à quel saint se vouer. C’est le cas notamment de l’abbé curé de la paroisse de Kimuaka. Les frontières sont vidées de la plupart des services qui y assuraient la sécurité, notamment les policiers.

Dans tous les cas, le récit fait par l’abbé André Mingiedi qui a été torturé, comme jamais on ne l’a vu, par des adeptes de BDK et le témoignage de Mgr Tekasala, représentant légal de l’Eglise du Christ au Congo/Bas-Congo sont tellement poignants et saisissant qu’ils ne peuvent laisser personne insensible. « Ils interpellent l’Etat autant que les gens sensées, s’est emporté un notable de la province, pour que l’on arrête rapidement ce vent de folie que fait souffler Bundu dia Kongo ». Il faut, a-t-il ajouté, y trouver une solution énergique car, ce mouvement ressemble à une pieuvre dont les tentacules sont en train d’étreindre, lentement mais sûrement, la province du Bas-Congo ». Pas question d’en douter, a-t-il averti : « BDK constitue une grave menace pour la sécurité et la paix dans une province où la machine de la déstabilisation semble partie… « pour la gloire ».

Mgr Tekasala, représentant légal de l’Eglise du Christ au Congo pour le Bas-Congo : « Nous sommes inquiets. La situation ne fait qu’empirer. Le silence de l’Etat nous dérange pendant que BDK continue à répandre la terreur partout »

Dimanche 24 février 2008, Mgr Tekasala nous reçoit chez lui, à quelques encablures du camp Redjaf, à Matadi, capitale de la province du Bas-Congo. Le Représentant légal de l’Eglise du Christ au Congo pour le Bas-Congo ne cache pas son inquiétude face au jaillissement des adeptes de BDK. « Ils n’arrêtent pas de faire des malheurs à tout ce qui n’est pas Bundu dia Kongo », dénonce-t-il sur un ton grave. Tout au long de son témoignage, sous forme d’une chronique qu’il fait à propos de misères qui sont faites aux membres de l’ECC, il n’en démord pas. Bien au contraire.

« Comme Eglise du Christ au Congo, nous avions déjà adressé des lettres à l’honorable Ne Muanda Nsemi à ce sujet. Mais rien n’a changé », déplore-t-il. « Le 20 août de l’année passée, rappelle Mgr Tekasala, nous nous sommes rendus à Kinshasa où nous avions eu un entretien de deux heures avec Ne Muanda, toujours pour le même sujet. Mais rien n’y fit. Ce ne sont pas seulement les chrétiens protestants qui font l’objet de ces menaces. « Il y a aussi nos amis catholiques et bien d’autres encore », précise-t-il. Et le représentant légal de l’ECC/Bas-Congo d’égrener quelques méfaits qui se sont produits contre les membres de cette Eglise ces six derniers mois. « En juin 2007, à Isangila, plus précisément à Ntua Nseke, la 23ème Communauté de l’Eglise du Christ au Congo, la Communauté évangélique du Congo, a été prise pour cible par des adeptes de BDK », accuse-t-il. « Les travailleurs qui se trouvaient dans les champs de développement avaient été tabassés, leurs maisons et tous leurs biens brûlés ». C’est ce drame qui nous avait même motivé de rencontrer Ne Muanda Nsemi, a-t-il rappelé, tout en déplorant le fait que Ne Muanda Nsemi qui avait promis de descendre au Bas-Congo pour une tournée de pacification, ne l’ait pas fait.

« En novembre 2007, à Kuakua, par exemple, l’école primaire Nzanza Mputu 2 a été visitée par des adeptes de Bundu dia Kongo. L’Institut Vangu de la 10ème Communauté ECC/CEAC. Cette école a vécu des moments de grande insécurité », a-t-il déclaré. « Le directeur de l’école a été ramassé comme un bois. Ils l’ont amené à leur « zikwa » où il a eu un traitement inhumain », a-t-il explicité. Ce n’est pas tout.

En décembre 2007, c’est l’école primaire Kiveve et l’Institut Kiveve de la 18ème Communauté CEAC à Isangila à avoir été menacés pour la simple raison qu’on y avait parlé de frais scolaires. « Janvier 2008, à Lolo Mazinga, les mêmes menaces proférées aux membres de notre Eglise, mais aussi des autres Eglises. Il y a eu interdiction de culte protestant dans les écoles du réseau protestant », a révélé Mgr Tekasala.

Février 2008, menaces de mort contre les pasteurs de la 18ème Communauté ECC/CEAC (Communauté de l’Alliance au Congo). A Lutala Mbeko, le pasteur Nkambu Luvangu Enoch et son adjoint Khonde Simon sont les cibles de BDK. Le même sort est réservé au pasteur Muanda Jean-Marie de Lolo Mazinga. « Mercredi 13 février 2008, les adeptes de BDK menacent de mort tous ceux qui osent ouvrir les portes de classes à la mission protestante de Vanga », relève le représentant légal de l’ECC/Bas-Congo.

Sur décision de BDK, pas de paiement de frais scolaires, pas de culte chrétien dans les écoles. Même situation à Lutala Mbeko. Le mouvement tend à se propager dans tous les coins du Bas-Fleuve.

Lundi 18 février à 12 heures, dans la paroisse de Sundi-Nzanza, dans le district ecclésiastique de Maduda, secteur de Maduda, un proche du pasteur titulaire Soki Mbenza, préfet de Ibuma, a été battu à mort par des «makesa» qui l’ont achevé à coup de barres de fer…pour un motif fallacieux…

Des menaces similaires sont signalées un peu partout dans Isangila, Nsumbi, Mbavu, dans le secteur de Maduda, dans le secteur de Lubolo, dans le territoire de Tshela comme dans le district ecclésiastique de la 18ème Communauté ECC/CEAC. Même situation dans le district des Cataractes, 23ème Communauté Evangélique du Congo, mission de Kinkenge. « Dans la matinée du mardi 19 février, trois «makesa» de BDK vont frapper à la porte du pasteur de la mission, Matumona Bafuka, président du district ecclésiastique de Kinkenge et titulaire de cette mission. Ils lui intiment l’ordre de s’asseoir par terre parce que son jugement approchait. Le pasteur va subir un jugement avec trois chefs d’accusation dont la première consiste à savoir pourquoi on continue à dispenser le cours de religion et à organiser le culte matinal dans les écoles de sa juridiction…

Le curé de Bienga a été chassé. Il se trouve pour le moment à Mangembo, dans le territoire de Luozi. Le curé de Bandakani a été également menacé et chassé. Il est allé se réfugier à Luozi.

« Nous apprenons aussi de source sûre que toutes les frontières là-bas ont été vidées de policiers loyalistes. Ce sont les «makesa», de jeunes gens de BDK, qui font la loi maintenant. Ils gardent les frontières. Ils ont tout le pouvoir », a-t-il dit dans son témoignage. L’hymne national est interdit. Depuis samedi, il circule un autre « hymne national » qui doit être enseigné dans toutes les écoles là-bas. C’est l’ hymne de BDK. Les personnels de santé, notamment les médecins, ont abandonné leurs postes. Par exemple à Kibunzi. Nos fidèles sont attaqués. L’Etat qui est appelé à protéger les personnes et leurs biens, semble invisible, a déploré Mgr Tekasala.

« Notre Eglise demande que soit vite instaurée l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue de la province et que les élèves, les enseignants, les prêtres et les pasteurs travaillent en toute quiétude ».

Torturé jusqu’à l’agonie, l’Abbé Curé André Mingiedi, de la paroisse Kimuaka qui a reçu 72 coups de fouet de la part des adeptes de BDK, témoigne

Kimuaka, dans le secteur de Kinkenge, est la paroisse de l’abbé curé André Mingiedi. Il raconte comment il a été torturé le 21 janvier 2008 par des adeptes de BDK. « Cela s’est passé le jeudi 21 janvier 2008. Très tôt à 7h 30’, trois «makesa» sont venus à la Cure après la messe. J’étais en soutane. Ils sont venus me prendre pour aller me faire juger à 300 m de la mission. J’ai résisté. Mais, ils m’ont amené de force après que nous eûmes négocié de 7h 30’ jusqu’à 11h. Mais, en vain malgré les quelques tentatives d’entrer en contact par téléphone avec M. Kibila, numéro deux de Bundu dia Kongo. Celui-là voulait un peu nous interroger, mais le réseau ne marchait pas. A partir de 100m de leur « zikwa », ils ont commencé à me tabasser, à me torturer jusque-là où se trouvait leur « zikwa ». Au lieu qu’ils me jugent, c’était plutôt l’humiliation la plus totale. Ils vont me faire asseoir par terre. Ils vont se mettre à malaxer de la boue. Après, ils me font coucher sur cette boue, avant de jeter de l’eau sur tout mon corps. J’avais beaucoup d’eau et de boue sur ma tête ». Et l’abbé de poursuivre : « Un moment donné, ils amènent un tabouret et puis, un bassin d’eau plein de piment. Deux «makesa» vont s’approcher. L’un va ouvrir grandement mon œil gauche. Il va introduire du piment dans mes yeux… Je me suis mis à crier et à pleurer pendant une dizaine de minutes. J’avais perdu même le souffle. Les gens pensaient que j’étais mort de douleur. Et, ils s’étaient mis à crier : « Il est mort ». Mais l’un des «makesa» dira : « Non, il n’est pas mort. Il est encore vivant. Il respire ». Au lieu qu’ils arrêtent les tortures sur mon corps, ils vont continuer de plus belle. On n’était qu’au début de la torture parce que celle-ci est allée de 12h jusqu’à 17h. Il y a eu beaucoup de cérémonies… »

« Un moment donné, ils vont me lever. Ils vont me demander d’invoquer l’Esprit-Saint ou bien Ste Rita, et de regarder le soleil qui était ardent. Mais, je ne voyais plus, les yeux étaient pleins de la boue et de piment. Ensuite, ils vont mettre des bâtonnets entre mes mains, me torturant encore davantage pour me fracasser les doigts. Leur chef va venir dire à ses hommes que je n’allais pas passer au procès et que, par conséquent, je devrais recevoir 72 coups de bâtons. Ces propos seront mal jugés par les «makesa». Pour eux, il fallait me tabasser jusqu’à ce que mort s’ensuive. Après cette étape, l’heure est arrivée pour la bastonnade. Ils vont me coucher encore au sol, dans la boue. ..

Deux personnes vont venir avec deux bâtons de caféier d’à peu près un mètre cinquante. Je me suis comprimé pour éviter que mes côtes se cassent. Mais Dieu était avec moi, j’ai fait un signe de la croix. Mes tortionnaires vont me donner l’ordre de ne pas bouger sinon chaque coup devait être recommencé. Le premier va commencer avec toute son énergie. Il m’a frappé très fort en comptant : un, deux, trois…J’ai crié très fort, …Les gens ont commencé à fuir dans tous les sens ; les élèves ont déserté l’école…Tout le monde s’est mis à pleurer. Je n’en pouvais plus. Jusqu’au vingtième coup, je n’avais plus de parole. Après le 36ème coup, un autre «makesa» va prendre le relais. Il va me frapper jusqu’au 72ème coup. Et puis, il dira : « voilà, il a bougé deux fois. Comme il a bougé deux fois, il faut encore deux autres coups ». Il va frapper les deux autres coups et comme par un réflexe, je vais sortir mon bras. Raison pour laquelle, ils vont frapper sur mon bras et le bras va se fracturer… », a terminé l’abbé curé André Mingiedi.

Le témoignage de l’Abbé Vicaire Fulbert de la paroisse Kimuaka va abonder dans le même sens. « On n’est plus loin d’une guerre de religions ou d’une guerre civile », a-t-il averti.

M.N.M.


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