Tuesday, November 27, 2007
KASAI ORIENTAL: Les difficultes de la MIBA
Question orale sur la MIBA : La Ministre du Portefeuille cherche à éviter une commission d’enquête du Sénat
Le Révélateur
27/11/2007
«Honorables, vous êtes convié(e)s à une réception qu’organise madame la ministre du Portefeuille ce dimanche 25 novembre à 18h00 au restaurant Inzia de la Gombe’’. Ce texte signé par Godé Kanku, conseiller financier de la ministre du Portefeuille, Jeannine Mabunda, a été envoyé par SMS tout l’après-midi dominical à une vingtaine de sénateurs de l’AMP. Les plaques d’immatriculation des véhicules parqués devant le restaurant de l’avenue du Comité urbain signalent la présence notamment de Léonard She Okitundu, Nzege Alaziambina, Valentin Senga, Nengbangba Tshingbanga, Mulaila Tengabandzu H, Betina Ngilase, Ezati Mereko Edzia, Mokelo Mumba Kebeke, Ilunga Gutumbuga, Marie-Claire Kinkontwe qu’on présente comme co-organisatrice de cette entrevue. ‘‘Qu’est ce qui peut justifier une rencontre entre des sénateurs et un membre du gouvernement en pleine interpellation au Parlement ?’’, se sont interrogés les autres clients du restaurant Inzia qui pensent que cela est anti-démocratique.
Comme on pouvait s’en douter, l’objet de cette réunion a tourné autour du débat suscité la semaine dernière – et qui se poursuivra en principe ce mardi 27 novembre - par les questions orales des sénateurs Thierry Henri Kakwata et David Mutamba Dibwe sur la situation de crise à la Gécamines, la SNCC et la Minière de Bakwanga (Miba).
D’entrée de jeu, la ministre du Portefeuille a circonscrit le cadre. ‘‘je suis envoyée par mes chefs…’’, nous confie un des sénateurs frustré au sortir de la rencontre. Visiblement, sa hiérarchie et elle-même semblent très embêtées par les neuf pertinentes questions du sénateur David Mutamba Dibwe sur la Miba, traduisant ainsi la préoccupation des sénateurs des deux provinces du Kasaï sur la détérioration de l’outil de travail et la grave crise que traverse cette entreprise en ce moment.
La production de la Miba, société d’économie mixte, est passée de 7,2 millions de carats en 2004 à 2,8 millions en 2006. Rien n’indique que sa production à la fin de cette année 2007 pourra atteindre plus de 700.000 carats, puisque de janvier à fin octobre, la production moyenne mensuelle n’a pas dépassé 53.600 carats. Le niveau d’endettement de la société dépasse USD 142 millions. La Miba n’a plus de fonds de roulement pour assurer ses opérations d’exploitation courante et faire face à ses obligations devant ses partenaires. Sa réserve de trésorerie est épuisée et son personnel totalise plus de 10 mois d’arriérés de salaire. L’enveloppe salariale mensuelle se chiffre à USD 2,5 millions.
Le souci de Mutamba et des Kasaïens
Devant ce tableau sombre de la Miba, le sénateur David Mutamba Dibwe a voulu savoir notamment comment compte faire la ministre du Portefeuille pour remédier à l’érosion du fonds de roulement de l’entreprise, provoquée par le déficit successif des trois dernières années et l’acquisition des immobilisés financés par des crédits à court terme ? En pleine situation financière difficile, la Miba a demandé et obtenu de la Rawbank (basée à Kinshasa) un crédit de USD 11 millions, remboursable en 12 mensualités à partir du 25 juin 2007. Les intérêts et tous les frais financiers ont été prélevés anticipativement à la libération du crédit, sachant qu’aucun délai de grâce n’avait été accordé.
En guise de gage, la banque a exigé et obtenu l’hypothèque des titres miniers dont la valeur n’a pas été préalablement évaluée. Mutamba Dibwe a voulu savoir si les conditions de ce prêt étaient compatibles avec la situation financière de l’entreprise et quels étaient les objectifs réels de cet emprunt, étant donné que les besoins de la Miba étaient évalués à plus de USD 45 millions. Et comment s’effectue le remboursement aujourd’hui ?
Mutamba Dibwe voulait savoir aussi à quel niveau de remboursement se situait l’emprunt de USD 15 millions contracté par la MIBA pour une durée de quatre ans auprès de la société Emaxon en avril 2003 contre un gage de 88% de la production ? A la fin 2006, la MIBA devait encore USD 12,9 millions à cette société.
Sur les déclarations de la ministre du Portefeuille dernièrement devant l’Assemblée Nationale selon laquelle la valeur de la MIBA était de USD 10 milliards, le sénateur David Mutamba Dibwe, très intéressé, a voulu connaître sur quel principe économique cette valeur a été déterminée puisque dans l’industrie minière, un minéral dans le sol n’a aucune valeur tant qu’il n’est pas extrait, traité et envoyé à un client qui l’achète.
Cette valeur peut elle permettre de négocier avec les banques pour obtenir le financement d’un projet d’investissement destiné à l’acquisition des immobilisés, la réhabilitation de l’outil de production ou la stabilisation des opérations ? D’autres questions en rapport avec la gestion passée et future de cette entreprise ont été posées par ce sénateur au cours de cette interpellation.
La peur panique
Apeurée de devoir répondre à cette série de questions vitales pour cette entreprise, Jeannine Mabunda aurait sollicité le concours des sénateurs de sa famille politique moyennant quelques centaines de dollars, arguant que pour des raisons d’Etat, elle ne pourra pas fournir des explications à toutes ces questions.
Pourtant, en donneuse de leçon lors de sa première intervention à la tribune du Sénat, elle n’était pas loin d’accuser les sénateurs d’accréditer la thèse, souvent défendue par la Communauté internationale, que les Congolais sont incapables de gérer comme il le faut les grandes entreprises de la dimension de la Gécamines ou de la Miba.
Allant droit au but, la ministre Jeannine Mabunda aurait exprimé sans ambages son désir de voir la majorité s’activer pour renverser la tendance au Sénat où le débat mené sur cette question préfigure la mise en place d’une commission d’enquête. Elle aurait en plus mal apprécié le fait que certains sénateurs de l’AMP aient poussé trop loin leur argumentaire pendant le débat. Cela l’a mise en mauvaise posture.
Les observateurs l’ont compris comme tel lorsque, rappelée pour la deuxième fois à la tribune, elle a feint d’ignorer l’appel du président du Sénat qui, pour éviter le vide, a repassé la parole au ministre des Mines, Martin Kabwelulu interpellé lui aussi sur la situation de la GécamineS par le Sénateur Thierry Henri Kakwata.
Originaire du sud Katanga, membre de l’AMP soucieux de l’avenir de sa province, ce sénateur qui sait de quoi il parle a provoqué une levée des boucliers parmi ses frères du Katanga qui estiment que cette question devrait être traitée au niveau du groupe provincial du Sénat.
Pourquoi donc les questions sensibles concernant cette entreprise, autrefois appelée poumon de l’économie congolaise, devraient être traitées au niveau provincial ? La Gécamines n’est pas totalement finie, elle a encore suffisamment d’attrait pour intéresser les Chinois, qui en plus de tout refus de sous traitance avec les entreprises locales, exigent des garanties sur la Gécamines, en terme de part sociale.
Pas de langue de bois
Depuis cette rencontre du dimanche 25 novembre, les sénateurs ne décolèrent pas. Leur frustration n’a d’égale que la tentative de discrédit dont ils ont été l’objet à la veille d’une plénière décisive. Un piège savamment monté pour contourner la mise sur pied probable d’une commission d’enquête.
Accusés d’avoir été mal élus, les sénateurs ont mis un point d’honneur à ne travailler que pour le triomphe de la démocratie. Question de prouver leur parfaite honorabilité. N’est ce pas que le Président de la chambre haute du Parlement, Léon Kengo wa Dondo a donné le ton en indiquant qu’au Sénat, on est à l’école de la démocratie et de l’humilité.
D’où vient que les sénateurs devraient souffrir de musellement ou servir de caisse de résonance à une quelconque institution ? Cette tentative de museler le Sénat se confirme de plus en plus depuis l’affaire Mongulu T’apangane, dont l’immunité a été foulée aux pieds par une perquisition jusque là injustifiée. Après les opposants, ce sont les sénateurs qui désormais sont dans le collimateur des ennemis de la vérité.
La situation dans laquelle se trouve le pays ne permet aucune légèreté dans les affaires de l’Etat et le Sénat n’est pas un lieu de plaisanterie. Les sénateurs tiennent à jouer pleinement le rôle de contrôle qui leur est dévolu et ne souhaitent nullement entamer la bonne réputation dont jouit désormais leur institution au sein de l’opinion tant nationale qu’internationale, par le sérieux de leur travail.
Le Révélateur
© SANKURUNews
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