Monday, November 26, 2007
MONUC: Nous rentros dans une phase de contrainte pour aboutir au brassage
MONUC: Nous rentrons dans une phase de contrainte pour amener les gens au brassage (MONUC)
(La Prospérité 26/11/2007)
Transcription de la conférence de presse donnée, le 21 novembre 2007 à Goma, par les Généraux Kayembe, Chef d’état-major des Forces armées de la RD Congo et Babacar Gaye, Commandant des Forces de la MONUC .
TRANSCRIPT
Général Babacar Gaye: Messieurs, Mesdames bonsoir. Le Général Kayembe et moi-même nous nous excusons du contretemps qui vous a fait attendre et nous vous remercions de votre patience. Il y a un de vos collègues qui m’a dit que «mon général, il ne faut pas que vous disiez que vous êtes pressé, que vous n\'avez que cinq, dix minutes. J’ai dit je suis désolé mais nous n’avons jamais fait ça. Nous avons toujours été à votre disposition pour répondre à vos questions. Et c\'est encore le cas. Nous sommes à votre disposition. J\'ai pris la parole le premier parce que notre responsable de l’information habituelle, que vous connaissez, n`est pas disponible. Vous avez la parole.
Journaliste: Je pose la question au général des FARDC. La MONUC s’est impliquée avec force en Ituri. On ne sait pas pourquoi, le cas de Masisi échappe au contrôle?
Général Kayembe: On va rectifier. Ce n’est pas au chef d’état-major des forces armées congolaises que vous devez poser la question. C’est plutôt au commandant des forces armées de la MONUC, parce que vous voulez savoir pourquoi la MONUC n’est pas intervenue à Masisi comme, elle l’a fait en Ituri. Donc, je laisse la parole au commandant des forces de la MONUC.
Général Babacar Gaye: Vous voulez ajouter quelque chose de plus. Allez-y.
Journaliste: Parce que nous avons vu que les FARDC se sont impliquées avec la MONUC. C\'est pour cela que je posais la question.
Général Babacar Gaye: Avant de répondre à votre question, j’aimerai vous demander de la compléter. J’aimerais vous demander quelles sont vos attentes face à Masisi, surtout lorsque vous comparez cela à l’Ituri. Quelles sont vos attentes exactement?
Journaliste: Nous voulons la paix. Le peuple a tant souffert.
Général Babacar Gaye: C`est un processus qui est différent de celui de l\'Ituri. Ce que je peux vous dire, c’est qu’en ce qui concerne les Nations Unies, nous avons tenu à ce que toutes les voies pacifiques de solution de la crise du Nord-Kivu soient explorées. Si vous observez bien la situation, depuis les derniers événements de Saké, il n’y a pas eu d’offensive de grande envergure des FARDC appuyées par la MONUC dans le Nord-Kivu. Les populations ont été tentées de considérer que c’est la MONUC qui s’est interposée entre Laurent Nkunda et les FARDC.
Je sais que chaque fois que les choses ne vont pas bien, la MONUC est vraiment celle qui est portée responsable. Ce que je puis vous dire, c’est que maintenant que toutes les voies pacifiques ont été explorées sans résultat autre que quelques centaines de gens qui se sont rendus volontairement, eh bien, nous allons rentrer dans une autre phase, où il n’y a pas d’autres solutions que de contraindre les gens à aller au brassage, sans délai et sans condition. Nous rentrons dans une phase de contrainte. Voilà ce que je peux vous dire.
Journaliste: Mon général, vous voulez dire que vous allez utiliser la force. Mettons que vous accordez à ces gens. Depuis un certain temps, nous avons vu même le chef de l’Etat descendre ici dire que «j’ai donné l\'ordre aux FARDC de désarmer par force les éléments de Laurent Nkunda. Mais jusque là, il n’y a pas (inaudible). Alors on se demande, c’est dans combien de temps les opérations que vous avez annoncées.
Général Kayembe: Vous avez posé la question de savoir quand allons-nous mettre en action les plans que nous avons arrêtés contre ceux qui ne veulent pas rejoindre pacifiquement le processus de brassage. Je crois que le président de la République a usé d\'abord en tant que chef de l’Etat d\'une certaine magnanimité déjà l’égard de ceux qui ont suivi Laurent Nkunda. Les résultats ne sont pas négligeables. Nous avons pu enregistrer depuis son appel plus de mille éléments qui se sont volontairement présentés aux FARDC. Nous ne pouvons pas considérer ce chiffre comme négligeable.
Maintenant que toutes les voies de persuasion, toutes les voies pacifiques ont été épuisées, je suis venu précisément établir les plans pour la contrainte, pour l’usage de la force. Quelqu’un a posé la question du délai, la question du temps. Un plan ne se fait pas en un tour de main. Le plan doit prévoir non seulement les forces engagées, le plan doit aussi fournir les appuis et les soutiens à la manœuvre. Donc, c’est le travail que nous sommes en train d’exécuter. Nous exécutons le travail de conception et de planification avec la MONUC. Vous voyez à mes cotés, non seulement le commandant de la Force de la MONUC, mais vous voyez aussi bien le commandant de la division Est de la MONUC. C’est pour vous dire le sérieux qui est accordé à ce travail de conception et de planification.
Journaliste Digital Congo: Je voulais savoir ce qui se passe réellement à Rutshuru? Ce qui s\'est passé aujourd’hui et surtout qui contrôle la situation?
Général Kayembe: Bon, ce qui s’est passé à Rutshuru, n’a rien de nouveau. C’est à dire que, de temps à autre, vous apprenez qu’il y a des escarmouches entre les éléments de N’Kunda et les éléments des FARDC. A chaque fois, ce sont les éléments de Nkunda qui veulent attaquer nos positions pour s’approvisionner en munitions. Mais, à chaque fois, ces éléments sont repoussés. Ce qui s’est passé à Rutshuru n’aurait pas retenu une attention particulière si, simultanément, il n’y avait pas eu un déplacement de populations.
Vous savez que, parmi le mandat de la MONUC, la protection de la population est une exigence incontournable. Vous savez aussi que pour le gouvernement de la RDC, la protection de la population fait partie des devoirs de l’État. Je crois qu’il y a quelques semaines, vous avez pu enregistrer la venue du ministre de l’Intérieur et du ministre des Affaires humanitaires. Tout cela témoigne de l’attention et du sérieux que le gouvernement de la RDC accorde à la protection des civils.
C’est précisément ce mouvement de civils qui, à l’entente des coups de feu qui ont été échangés dans ce j’ai appelé des escarmouches, fait que la population s\'est déplacée et tout cela est normal. Tous les populations du monde se déplacent, dès qu\'il y a échange de tirs. Donc, c’est ce mouvement de population qui quoi que nous fassions, doit retenir notre attention. Nous devons, en même temps que nous poursuivons les forces négatives, faire excessivement attention à la vie des populations.
Journaliste: Mon général, j’ai deux petites préoccupations: Pensez vous que les FARDC sont prêtes pour contraindre les insurgés par la force, vu les incursions qu’ils ont fait à Mugunga et aujourd’hui à Rutshuru? Deuxième préoccupation: Pourquoi, pour les insurgés, il faut un plan, alors que pour les miliciens et les Mayi-Mayi, cela se faisait directement et automatiquement, sans qu’il y ait conception. Est–ce que ce n’est pas une façon de dorloter les insurgés ?
Général Kayembe: Je voudrais d’abord contredire votre dernière assertion. Dans une armée sérieuse, on ne peut pas entreprendre une action quelle qu’elle soit, sans plan. Pour les Mayi-Mayi, j’étais venu ici vous vous rappelez que j’étais venu pour faire un plan. A l’un de vous qui me posait la question pour savoir est-ce qu’on pourra capturer Kassereka, je lui avais dit de me poser la question dimanche matin. Le samedi, vous aviez déjà Kassereka. Il s’était déjà rendu. Donc, nous faisons toujours des plans. Ne faites donc pas circuler une fausse image des FARDC. Nous n’agissons donc pas sans plans. Donc, pas de raison que pour N’Kunda et les autres nous ne fassions pas de plans. Nous faisons toujours des plans.
Journaliste: Mon général, je voudrais revenir sur la situation aujourd’hui à Rutshuru, parce que les informations en notre possession font état de ce que les insurgés auraient pris la ville de Rutshuru et l’auraient quitté sous la pression de la MONUC. Quelle est votre analyse sur cette attaque là?
Général Kayembe: D’abord, je voudrais remettre les choses dans leur cadre. Nous opérons toujours conjointement avec la MONUC. Donc, il est tout à fait faux de dire que les FARDC ont agit seules et puis la MONUC est venue intervenir. Nous agissons toujours avec la MONUC. Nous le faisons au niveau de la conception. Nous le faisons au niveau de l’exécution du plan que nous avons conçu. Donc, votre assertion n’est pas entièrement exacte et, si vous avez des informations, il faudrait faire la différence entre une information plausible et une rumeur.
Journaliste: Excellence, monsieur le Chef d’état-major, comme les éléments de N’Kunda se rendent aux FARDC, ne pensez vous pas à résoudre les problèmes de Masisi et Rutshuru pacifiquement et non militairement? La deuxième question est de savoir si vous pensez que les éléments de N’Kunda, composés de démobilisés de l’APR, c\'est-à-dire de l’armée patriotique rwandaise, des démobilisés du Rwanda, sont favorables à ce brassage ou pas?
Général Kayembe: Je suis quelque peu gêné. Vous me mettez à la place des démobilisés du Rwanda. Je ne vois comment je peux répondre à leur place. Qu’à cela ne tienne. Mais, je crois que le point le plus important de votre question, c’est celui de savoir s’il reste dans la politique du gouvernement, dont les FARDC sont l’instrument, de résoudre la question de N’Kunda pacifiquement. Je pense que non. Depuis le début de notre échange, nous avons dit que le temps des négociations, des ultimatums était terminé. Je suis venu faire un plan pour contraindre ceux qui ne veulent pas aller au brassage à y aller de force.
Journaliste: Mon général, êtes vous conscient que vous avez totalement découragé les populations du Nord Kivu qui ont l’impression que vous êtes sur la défensive, avec une stratégie qui consiste à ne jamais devancer l’ennemi mais plutôt vous défendre?
Général Kayembe: Je vais répondre au premier volet de la question. Je comprends que les populations soient impatientes de rejoindre leurs domiciles, qu’elles ont quittés depuis des mois. Elles sont en train d’errer sans ressources, sans protection contre les intempéries. C’est leur droit parfaitement légitime de désirer recouvrer leurs habitations et leurs biens. C’est pour cette raison que je suis ici. C’est pour permettre à ces populations de rentrer le plus tôt possible chez elles.
Je dois avouer que vous semblez mieux maîtriser la science militaire que moi. Je vous le concède. Mais, je dis seulement que quand on fait un plan, c’est avec la volonté de vouloir maîtriser tous les éléments qui rentrent dans la conduite de la bataille, de l’opération. C’est déjà faire montre d’un certain sens des responsabilités. Je refuse d’agir sur la base des jugements, qui sont d’ailleurs tout à fait légitimes, de mes compatriotes. Mais moi, le gouvernement me paie pour faire un travail.
LPM
26-11-2007 - 04:19:48
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