Friday, November 30, 2007

LE MINISTERE DU PORTEFEUILLE ET SES REFORMES

Réforme initiée par le ministère du Portefeuille: La rentabilité des entreprises publiques remise en question !
(L'Avenir Quotidien 30/11/2007)

Le spot sur la réforme des entreprises publiques est l’une des attractions du paysage audiovisuel congolais en matière de communication. Réalisé par le ministère du Portefeuille, il pose les vraies questions d’ordre social desquelles les populations attendent des réponses conséquentes. On peut bien se le demander : pourquoi, alors que Mbuji-Mayi est la capitale mondiale du diamant, les compatriotes sont-ils condamnés à vivre dans l’obscurité et sans eau potable ? Pourquoi, alors que le Katanga a la réputation solidement établie d’être l’une des principales provinces minières du monde, les compatriotes voyagent dans des trains « antiques » ? Effectivement, il est anormal que les populations vivant sur, avec ou aux côtés des ressources naturelles comptées parmi les plus fabuleuses à exister sous les cieux se retrouvent au quotidien dans des conditions infra-humaines ! C’est pour cela qu’il faut féliciter la ministre du Portefeuille Jeannine Mabunda pour sa décision, courageuse, de conduire la réforme des entreprises du Portefeuille.

Structure lourde et dépendante

Seulement voilà : les espoirs suscités pourront être déçus si les changements escomptés ne sont pas opérés à temps et dans les normes. En abordant, par exemple, le cas Miba, s’il est déjà bon de demander à cette société de payer les salaires, il est surtout bon de souligner que le système « Etat-Providence » auquel on veut continuer à l’astreindre est à bannir. Miba n’a pas à se substituer ou à être substituée à l’Etat congolais quand il s’agit d’aménager des routes, d’alimenter la ville de Mbuji-Mayi sinon la province du Kasaï-Oriental en eau et électricité ou de construire des cités résidentielles, des centres de santé ou d’éducation. Si la Constitution répartit les recettes budgétaires à raison de 60 % pour les institutions nationales et de 40 % pour les institutions provinciales, c’est justement pour qu’elles fassent face à toutes ces charges. Lors de sa toute dernière intervention à la chambre haute du Parlement, madame la ministre a eu tout à fait raison en conviant les honorables sénateurs à distinguer les bons partenaires miniers des moins bons sinon des mauvais. Car le jour « J » de la réforme, des esprits malintentionnés ne se feraient pas prier deux fois pour soutenir qu’elle est favorable aux opérateurs privés ; la réforme étant conçue dans le sens du désengagement de l’Etat des entreprises du Portefeuille. En prenant le cas de la Gécamines, on est vite édifié sur les véritables enjeux. Sait-on, par exemple, que dans le cadre des investissements en joint-venture avec des opérateurs miniers privés, cette entreprise a dernièrement reçu un prêt chinois de Usd 60 millions ? Qu’en a-t-elle fait ? Sait-on également que les partenaires privés comme Boss Mining de Camec et Dan Gertler ainsi que les partenariats privés CMSK et GTL de Georges Forrest lui ont rapporté en argent frais Usd 90 millions en l’espace de six mois ? Ici, aussi, la même question se pose : qu’en a-t-elle fait ? Dans les 2 cas, le constat est le même : Gécamines continue de ne pas produire, elle-même ! Ce n’est peut-être pas par mauvaise gestion. C’est probablement en raison d’une structure hiérarchique lourde et dépendante.

Vent frais de la réforme

Le seul moyen d’éviter des problèmes est, pense-t-on, d’informer les populations sur les enjeux de la réforme, de les convaincre - par des chiffres - de la nécessité de la soutenir. C’est seulement à ce prix-là que les citoyens seront prêts à réaliser que les partenariats d’économie mixte ne sont pas forcement mauvais. Au contraire, il y a d’énormes avantages à en tirer. Pour y arriver, la stratégie indiquée est la publication, par voie de presse, des états financiers des entreprises publiques et d’accompagner ces états d’explications utiles. C’est sûr que lorsque les vrais changements arriveront grâce au vent frais de la réforme, les esprits auront déjà été suffisamment préparés.

L’Avenir


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