Tuesday, November 27, 2007
NOUVEAU GOUVERNEMENT: On reprend les memes, on recommence
GOUVERNEMENT GIZENGA II: ON REPREND LES MEMES, ON RECOMMENCE
DES REACTIONS
Le Potentiel
27/11/2007
Mécontentements au sein de la Majorité présidentielle.
Le remaniement est chose faite. C’est l’occasion pour l’opinion de chercher à comprendre les vrais enjeux qui ont présidé au choix de nouveaux acteurs du deuxième gouvernement d’Antoine Gizenga. Des analyses vont dans tous les sens pour tirer le fil qui aurait guidé ce choix. La composition de la nouvelle équipe Gizenga soulève donc quelques questions. Aujourd’hui, le peuple est plus que médusé. Car, pour certains, le remaniement fort médiatisé n’est pas à la hauteur des attentes de la population qui avait voulu voir dans les nouveaux hommes de Gizenga le reflet du renouveau, notamment en terme d’efficacité, d’action et de dynamisme, caractère qui a fortement fait défaut à la première équipe. Malheusement, pour son deuxième gouvernement, Gizenga n’a trouvé mieux que de revenir aux mêmes acteurs, en tout cas presque. Parmi les acteurs de l’AMP,ce remaniement n’est ps fait pour contenter tout le monde. Déjà, on relève des frustrations. Beaucoup estiment qu’ils n’ont été consultés. Si cette nouvelle se vérifie, elle risque de faire plus de mal que de bien à l’édifice AMP. Aux ténors d’agir avec tact pour gérer ces frustrations et dilligence pour corriger ce qui mérite de l’être. Mais au-delà, qu ‘est-ce que le peuple peut attendre de Gizenga II ? C’est l’interrogation fondamentale qui transparait de la nouvelle équipe gouvernemntale proposée aux premières heures d’hier lundi par Antoine Gizenga.
Finie la veillée d’armes au sein des partis politiques. Le remaniement tant attendu du gouvernement Gizenga est enfin intervenu même si l’événement a eu lieu à des moments indus qui soulèvent des interrogations comme si l’on venait de célébrer une « grande messe noire».
Qu’à cela ne tienne. Il faudra maintenant se ressaisir et s’interroger pour savoir si l’objectif visé qui consiste à rendre l’action du gouvernement plus efficace, en prenant en compte toutes les observations émises jusqu’à ce jour, s’est traduit dans le choix opéré à travers les personnalités retenues et qui viennent de faire leur entrée dans le gouvernement. C’est-à-dire, la capacité des membres du gouvernement, la taille de l’équipe gouvernementale et autres opportunités - allusion faite à un gouvernement d’ouverture - pour consolider les acquis de la réconciliation nationale et de l’excellence.
Dans le premier cas, il est important de souligner que ce remaniement devrait avoir, entre autres buts, de susciter un « second souffle » au sein de l’équipe gouvernementale. Aujourd’hui, par ce remaniement, en reprenant les mêmes pour recommencer, quel souffle magique va-t-on insuffler pour un second coup de rein ? . Il est donc acquis que le débat national deviendra sûrement intéressant et le Gouvernement n’est plus à l’abri des sévères interpellations.
En second lieu, il faut reconnaître que le Premier ministre a pris en compte les observations émises sur la taille du gouvernement. De 61 membres, l’équipe gouvernementale en compte actuellement 45. On s’attendait à ce que Gizenga égale le record de Patrice Lumumba de 1960. Alors Premier ministre, il ne disposait que de 11 ministres et d’un seul secrétait d’Etat près la Défense nationale, en la personne de Joseph-Désiré Mobutu. C’est un bel exercice auquel il s’est adonné tout de même dès lors que le budget du gouvernement est celui de l’austérité.
Mais par contre, il n’y a pas eu d’ouverture à l’endroit des personnalités de l’Opposition, ni celles indépendantes, mais alliées à l’Opposition.
Le rapport des forces
Evidemment, le seul fait d’avoir réduit la taille du gouvernement peut-il rendre son action efficace ? La crainte réside dans le chef de ceux qui n’ont pas été bougés de verser dans l’arrogance et croire qu’ils sont là pendant toute la législature.
En fait, il est établi que Gizenga a maintenu les 3/4 de l’équipe sortante. Quasiment, c’est la même équipe qui a été reconduite. Dans cette nouvelle équipe, le PPRD dispose de 14 postes ministériels dont 1 ministre d’Etat, 11 ministres et 2 vice-ministres (Défense, santé, relations avec le Parlement, Communication et Médias, Genre, Famille et Enfant ; EPSP ; Energie, PTT Travail, Intérieur). Le Palu, outre le Premier ministre aligne 4 ministres, Près le Premier ministre, Budget, Mines, Urbanisme et 1 vice-ministre ; Udemo 1 ministre d’Etat à l’Agriculture); le MSR (Infrastructures et Travaux publics) 1 ministre, les Forces du Renouveau ,3 ministres ( Affaires étrangères, Plan, Industrie et Petites Entreprises) et 1 vice-ministre, ; l’UNAFEC 1 ministre (Affaires foncières) ; Unadef 1 ministre ( Transports et Communications) ; le PDC 1 ministre ( Environnement, Conservation de la nature et Tourisme) et vice-ministre ; Panu, 1 ministre ( Economie nationale et Commerce) ; le CCU 1 ministre ( Hydrocarbures) et la Société civile 1 ministre ( Finances).Dans l’ensemble ; les rapports de l’alliance ont été sauvegardés.
Toutefois, s’il s’est agi de cette « équipe qui gagne », autant se résoudre maintenant, vite et bien, à réajuster le tir en vue de donner une nouvelle impulsion à l’action du gouvernement au regard de grands défis à relever.
Force nous est de rappeller qu’à la mise en place de l’équipe précédente, l’on s’attendait de cette équipe gouvernementale des « signaux forts » en vue de restaurer l’autorité de l’Etat, assainir l’environnement politique et économique pour mobiliser les énergies nécessaires. Des préalables à même de dégager la « vision » des dirigeants de la RDC à gérer les grandes questions nationales, régionales et internationales. Sur ce point de vue, les avis sont demeurés largement partagés quant à l’existence d’un « leadership fort » pour canaliser toutes ces ambitions légitimes. Il est important de corriger à tout prix cette image.
Frustrations en perspective
Dans cet exercice de remaniement qui était devenu incontournable, le problème réel qui se pose est celui de la gestion des humeurs au sein des partis politiques. Si la taille du gouvernement est réduite, l’on vient d’assistera à la fusion de plusieurs ministères. Il y a donc eu des concessions, certainement, de part et d’autre. Or, telle ne semble être la procédure qui a présidé à ce remaniement.Car, quelques heures après sa publication, l’on apprend dans les couloirs de la Majorité présidentielle que des mécontentements seraient déjà enregistrés parmi les acteurs. Beaucoup se disent n’avoir pas été consultés pour obtenir ce remaniement. L’on ne serait pas surpris de voir les techniceins de cette opération chirurgicale appliquée à l’équipe Gizenga I revenir à la table pour revoir et au besoin corriger en vue d’éviter que l’édifice AMP n’implose. Et pourquoi pas procéder au rééquilibrage nécessaire.
Tenez. Le Palu a gardé quasiment tout son « monde ». Par contre, il a lâché le ministère de la Justice au profit du PPRD. Un poste très important. Les observateurs avertis de la politique congolaise avancent deux hypothèses. La première consiste à éviter des contradictions entre le Ministre de la Justice et le Procureur de la République. La deuxième s’inscrit dans le cadre de la pétition portant révision constitutionnelle liée à l’article 152 de relatif à la composition du Conseil supérieur de la Magistrature. Soit.
Les Forces du renouveau ont perdu 1 ministre d’Etat, Mbusa Nyamwisi. Il en est de même du MSR (Pierre Lumbi) et du Palu (Sylvain Ngabu Chumbu) ; deux alliés importants du PPRD. Comment ont-ils accueilli ce changement et quel est le climat au sein de leur parti ? Allusion faite à l’UDEMO qui a perdu le vice-ministère des Affaire étrangères. Ya-t-il une monnaie de rechange, c’est-à-dire un poste dans les Entreprises publiques ? La question est posée.
Frustrations, il y a lieu de le signaler quand on sait que l’Unafec a soulevé une situation complexe. Mais, c’est l’Unafec du président Kisimba qui dispose d’un poste ministériel (Affaires foncières), alors que celui de Kyungu n’est pas concerné. En plus, dans cette situation qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, le ministère du Commerce extérieur a changé de titulaire par le fait de la fusion avec le ministère de l’Economie nationale.
Dans le PDC de l’honorable José Endundo, le chef du Parti lui-même est entré au gouvernement alors que jusque-là, Didace Pembe occupait ce poste au nom du Parti. Va-t-il encaisser le coup au nom de la discipline du Parti ?
Au demeurant, l’on attend également de Gizenga II des «signaux forts » sur sa vision de gérer les grandes questions nationales, régionales et internationales. C’est sur ce point que portera le jugement.
Par Le Potentiel
Gouvernement Gizenga II : des réactions
Le remaniement opéré au sein du gouvernement Gizenga suscite de nombreuses réactions de la part de différentes couches de la population congolaise. D’une part, on estime que la taille de l’équipe gouvernementale est toujours éléphantesque, par conséquent, il faut la réduire d’une manière drastique, non seulement pour des raisons budgétaires, mais aussi celles d’efficacité ; d’autre part, on avance que les mêmes figures qui reviennent et on risque de continuer à tourner en rond.
Me Liévin Ngondji (avocat de profession, activiste des droits de l’homme) : « Je suis satisfait de la réduction de l’équipe gouvernementale »
Selon Me Liévin, bien que l’immobilisme du gouvernement Gizenga I ne soit seulement pas dû à la taille éléphantesque de son équipe, il y a lieu de se dire quand même satisfait de sa réduction.
De façon générale, Gizenga II comprend les ténors du gouvernement précédent. Même ceux qui ne devraient pas être reconduits, à considérer leur prestation et comportement décrié en rapport avec les droits de l’homme par la population, s’y retrouvent !
En sa qualité d’activiste des droits de l’homme, Me Liévin Ngondji a déploré la suppression d’un ministère indépendant des droits de l’homme. « Les droits humains sont devenus un appendice du Ministère de la justice et garde des sceaux au moment où le ministre entrant avec des pouvoirs déjà réduits par la constitution sera préoccupé par les réformes de son secteur. Cela inquiète d’autant plus que l’Organisation des Nations unies (Onu) venait de supprimer à son tour la direction de sa branche spécialisée dénommée Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme (HCDH/RDC) sans aucune protestation de nos dirigeants. Est-ce un complot international contre les droits humains au Congo ou un découragement de la communauté internationale après avoir constaté que les pouvoirs publics ne se mettent jamais au pas en cette matière foulée aux pieds même par ceux qui sont sensés la protéger ? », s’est interrogé l’activiste des droits de l’homme. Sa crainte finale en rapport avec ce remaniement consiste en ce que les déçus du gouvernement Gizenga I n’aillent grossir les rangs des révisionnistes de la Constitution pour aménager leur retour au parlement au mépris de leurs suppléants, élus sur les mêmes listes qu’eux.
Me Maurice Buanga (avocat) : « Je reste indécis »
Pour Me. Maurice Buanga, il est encore tôt d’émettre des critiques sur la nouvelle équipe gouvernementale. « Si je peux parler en terme de bilan du gouvernement sortant, c’est un échec. Tout va de mal en pis : les difficultés de transport, l’état très défectueux des routes, les conditions de vie des travailleurs très médiocres, etc. Rien n’a changé, la chance de réussite s’ amenuise de plus en plus. Je reste indécis sur l’apport positif que peuvent amener ceux qui entrent au gouvernement «Un fonctionnaire ayant requis l’anonymat, apprécie à juste titre la réduction de l’équipe de membres du gouvernement. C’est le seul élément positif. «Comme l’équipe est réduite à quarante-cinq membres, je souhaite que l’argent que percevait les ministres sortants, soit versé au ministère de la Fonction publique. Ce sera un plus en faveur des fonctionnaires qui ne cessent de réclamer l’augmentation de salaire.»
Papy Elema, étudiant à l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (Ifasic)
L’échec du gouvernement Gizenga I saute aux yeux. «Lorsqu’on parle du remaniement, cela signifie aussi que l’ancienne équipe n’a pas bien travaillé. La misère demeure comme par le passé. Nous n’avons senti aucune différence pendant toute une année. Aux ministres entrant, je leur demande de gérer d’une manière différente de leurs prédécesseurs en apportant du nouveau »
Jérôme Bonso (activiste des droits de l’homme) : « Mettre fin à l’impunité »
Activiste des droits de l’homme, Jérôme Bonso note que ce remaniement tombe à point nommé. « Je soutiens que l’équipe gouvernementale, dans sa mission de présenter le budget, doit être restreinte et dynamique afin que cette réalisation puisse avoir un impact visible auprès de la population et qu’elle puisse contribuer aussi à la concrétisation des cinq chantiers du chef de l’Etat, Joseph Kabila. Ceux-ci, une fois mis en exécution, contribueront à la résolution de plusieurs problèmes, notamment la réhabilitation des infrastructures routières qui, en ce qui concerne la ville de Kinshasa notamment, sont déplorables. Conséquence : des embouteillages perturbent la circulation routière.
Je pense que la nouvelle équipe gouvernementale devrait changer son fusil d’épaule en s’impliquant dans la création d’une classe moyenne en République démocratique du Congo. D’autre part, J’ai condamné le tribalisme et le clientélisme politique dans le chef d’un ministre ou d’un vice-ministre. « C’est l’intérêt de la nation qui devra être privilégié » et je plaide pour qu’une somme d’argent conséquente soit prévue pour l’organisation des prochaines élections locales, et que l’apport extérieur ne soit qu’un appoint. Car, cela relève aussi de la souveraineté d’un Etat.
Je salue particulièrement la création du ministère de la Justice et des Droits humains qui devra mettre fin à l’impunité et donner de l’impulsion pour faire respecter la loi quel que soit le rang social qu’on occupe. Je saisis cette opportunité pour demander que l’on mettre de l’ordre dans la révisitation des contrats miniers et de la réhabilitation de la Gécamines et dans le paiement des salaires des agents de la Miba ».
Dr Buasa bu Tsumbu (acteur politique) : « Le peuple attend des actes concrets »
« Ce remaniement longtemps attendu, arrive au moment du dépôt de projet du budget 2008 par le premier ministre au parlement. Heureusement, pour le gouvernement, les deux ministres les plus impliqués dans l’élaboration du budget, en l’occurrence les ministres du Budget et du Plan sont maintenus à leurs postes. Le chef de l’Etat et le Premier ministre semblent avoir tenu compte des observations faites par les membres de l’Union pour la nation (UN).
Mais, je ne suis pas totalement satisfait du fait que certains ministres qui avaient des dossiers brûlants soient maintenus. Toutefois, le peuple attend des actes concrets ».
Achille Mutombo Tshiayi (Codes) : « Nous sommes dubitatifs »
Pour Achille Mutombo Tshiayi, président de la Convention des démocrates socialistes (CODES), parti d’opposition extra-parlementaire proche d’Etienne Tshisekedi, le gouvernement n’a pas changé. Le seul point positif reste la réduction de la taille de l’actuel gouvernement. Cette réduction influe sur le plan financier, car l’argent qu’on payait à tous ces ministres pourrait servir à autre chose s’il est bien géré.
Concernant les personnalités, ce sont les mêmes qui reviennent. Des ministres ayant géré de la manière que l’on connaît. Cette fois-ci, on espère qu’ils pourront se rattraper.
« Nous demeurons dubitatifs quant à la performance de ce nouveau gouvernement, dit remanié », a-t-il précisé.
Romain Muntomoy (syndicaliste) : « Bienvenu au gouvernement Gizenga II »
« Le remaniement tant attendu du gouvernement est le bienvenu. Toutefois, la taille de la nouvelle équipe gouvernementale est éléphantesque.
L’équipe aurait dû être réduite de soixante à trente membres et, à la rigueur, trente-deux membres. Cela, pour des raisons d’efficacité. Je me réfère à la première équipe gouvernementale mise sur pied à l’accession du pays à l’indépendance. Cette équipe comptait onze ministres et un secrétaire d’Etat ».
Professeur Fabu Constantino (enseignant à l’INA) : « Ce remaniement est une bonne chose »
« Ce remaniement est une bonne chose, mais, il fallait creuser davantage. Pour une meilleure compression budgétaire, je m’attendais à la fusion de plusieurs ministères, notamment celui des Finances avec le Portefeuille, le Plan avec le Budget, les Mines, l’Energie avec les Hydrocarbures, l’Urbanisme et Habitat avec les Affaires Foncières. Le ministère de la Culture et Arts devait être fusionné avec celui de la Jeunesse et Sport.
A partir du moment où le Parlement est une des institutions du pays, le ministère des relations avec le Parlement ne sert à rien. La reconduction de certains ministres jugés incompétents ne m’inspire pas confiance. En outre, avant de remanier l’équipe gouvernementale, il aurait fallu que le Premier ministre défende d’abord son budget au Parlement. »
Nathalie (étudiante à l’INA) : « Je suis contente de l’équipe remaniée »
« Quand il y a insatisfaction, il faut chercher à rectifier le tir. Cela prouve à suffisance qu’il y a la démocratie. Mais, il faut que ces ministres soient compétents et soucieux du développement du pays. Je soutiens l’équipe remaniée ».
INTERPRETATIONS DE LA POPULATION LUSHOISE
Selon radiookapi.net, le remaniement ministériel intervenu très tôt lundi est diversement interprété par les habitants de Lubumbashi. Pour les uns, la réduction des ministères pourrait avoir un impact positif sur le fonctionnement du gouvernement. Pour les autres, on prend les mêmes et on recommence, donc, rien ne peut changer.
« Nous sommes très contents du remaniement qui vient de se faire. Nous demandons à la nouvelle équipe de donner un nouveau dynamisme et de s’occuper du social de la population », affirme un habitant. Un fonctionnaire interrogé rappelle qu’au début, 60 ministères était un peu trop. Sur le terrain, poursuit-il, on ne sent pas l’action du premier gouvernement. « » Ce n’est pas le nombre qui compte, ce sont les animateurs. Nous sommes habitués au Congo d’avoir beaucoup de remaniements sans changements », a résigné, un jeune homme.
Sceptique, un autre habitant déclare : « Jusque-là, c’est presque les mêmes personnalités qui sont là. Nous les attendons sur le terrain pour voir si elles peuvent encore ajouter une nouvelle donne à ce qu’elles ont réalisé avant »
Enfin un homme s’interroge : « Je ne sais pas pourquoi ils ont pensé à ce nouveau remaniement. Si c’est pour remercier leurs amis de l’AMP [Ndlr : l’AMP est l’Alliance pour la Majorité présidentielle, famille politique du président Joseph Kabila], ils auront à nommer tous les six mois ou chaque année jusqu’à la fin du mandat de cinq années, il vont satisfaire tous les membres. Mais s’ils l’ont fait pour que le Congo évolue bien, tant mieux.»
PROPOS RECUEILLIS PAR HILAIRE KAYEMBE, FLORENT NLUNDA N’SILU, DAVID TSHALA, SYLVAIN KAPUYA ET JOHN KABEYA
Par Le Potentiel
Le Potentiel
© SANKURUNews
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UN SIGNAL MANQUE DU GOUVERNEMENT ANTOINE GIZENGA II
Le Phare
27/11/2007
On le savait depuis plusieurs semaines déjà. Le Premier Ministre devait se succéder à lui-même faute de pièce de rechange au sein d’une coalition où Antoine Gizenga sert de caution dans cet ouest de la RDC qui refuse toujours de s’aligner et de rendre les armes. On savait aussi que le cabinet allait connaître une cure d’amaigrissement, et que quelques gros gabarits de la coalition allaient faire leur entrée. Quelques prétentions en moins, André Philippe Futa et José Endundo Bononge ont répondu présent…
Reste que lorsque l’opinion sait à l’avance ce que diront les officiels, et qu’elle n’attend de l’annonce aucune surprise, c’est que la politique a cessé d’être l’affaire des initiés, c’est qu’elle a perdu toute sa magie, qu’elle n’est plus en mesure de garder son mythe, de susciter ces adhésions massives dont le pays a si besoin pour se reconstruire.
Pire : même les ministres poursuivis par la meute ont tiré leur épingle du jeu. Réconforté par le rejet de la motion de défiance après l’affaire du crash de l’Antonov 26, Nkulu Kilombo a sauvé et son poste et son titre. Ce qui n’est pas le cas de ses collègues des Affaires étrangères et des Infrastructures. Le premier doit encore gérer le brûlot de Nairobi, qui oblige la RDC à présenter un plan de lutte contre les forces négatives ce 1er décembre. Le deuxième n’a pas encore fini de convaincre l’opinion sur les tenants et les aboutissants des contrats chinois.
Autre ministre dont on n’attendait pas forcément le maintien, Sylvain Ngabu, patron de l’Enseignement supérieur dans l’équipe sortante. L’homme s’est récemment mis à dos la presse nationale, dans des circonstances qui restent encore à élucider, lors d’un incident avec une équipe de reportage de la chaîne privée Horizon 33. S’il a perdu son titre de ministre d’Etat, Sylvain Ngabu Chumu n’en a pas moins sauvé sa place dans le gouvernement, où il s’occupera désormais de l’Urbanisme et de l’Habitat. En fait, un message clair en direction de la presse nationale, dont certains ténors avaient publiquement demandé la tête du ministre, oubliant un peu vite que dans ce pays, la bonne presse est celle qui fait le griot, qui flatte les puissants et qui couvre de ses éloges laudateurs, même quand ils ne reposent sur rien, les dirigeants.
Statu quo
Finalement, ce qui a réellement changé, c’est le volume de l’équipe, qui s’est délestée de quelques ministres dont les têtes ne plaisaient plus ou agaçaient prodigieusement. Au total, on retrouve ainsi trois ministres d’Etat, trente ministres et douze vice-ministres. Soit 45 membres d’une équipe qui aurait dû maigrir davantage si la règle n’était pas de servir toutes les composantes de la coalition, évidemment sans parvenir à contenter toutes les ambitions et toutes les vocations.
Sur le plan géopolitique, l’équilibre semble respecté avec la présence de toutes les provinces au sein du gouvernement. En revanche, en ce qui concerne les équilibres internes à la coalition, le parti présidentiel (PPRD) se tape la part du lion avec pas moins de 12 postes de titulaires. Il est suivi du PALU avec 4 postes. Le parti du Premier Ministre sauve pour ainsi dire l’essentiel. Quand bien même Sylvain Ngabu a perdu son titre de ministre d’Etat, il n’en a pas moins sauvé sa place au sein du cabinet. Mais on notera surtout le fait que la garde rapprochée du Premier Ministre n’a pas bougé, avec Godefroid Mayobo comme ministre près le Premier Ministre, Adolphe Muzito au Budget et Martin Kabwelulu Labilo aux Mines. Suivent les Forces du Renouveau avec 3 postes, le MSR et la CODECO avec 2 postes. Les autres composantes se contentent d’un seul poste : PDC , CCU, PANU, UNADEF, Maï-Maï… Elles sont désormais sur la même ligne que l’UDEMO qui semble, au-delà de la « revalorisation » du poste de Nzanga Mobutu comme deuxième personnalité du gouvernement, avoir revu à la baisse ses prétentions, à moins que les difficiles arbitrages de dernière minute lui aient imposé une situation que le parti du fils Mobutu aura du mal à accepter longtemps. La même répartition se retrouve, mutatis mutandis, parmi les vice-ministres, où la seule innovation pourrait être l’entrée d’un « Munyamulenge » étiqueté, Zachée Rugabisha Nsengiyunva, comme vice-ministre de la Recherche Scientifique.
On note enfin dans la nouvelle équipe une nette perte d’influence du Président de l’Assemblée Nationale. Ayant quitté la tête du PPRD, l’ancien secrétaire général du parti présidentiel semble avoir en même temps perdu sa capacité à influencer les grands arbitrages qui ont conduit au remaniement, au point où, estiment les observateurs, certains ministres parmi ceux qui lui devaient leur ascension ont perdu leurs postes. Perdant aussi, le concept genre, Gizenga II n’affichant que 5 femmes sur 40 membres du gouvernement.
6 décembre : un an déjà
Somme toute, à part le jeu des chaises musicales dans lequel il semble avoir investi avec un certain bonheur, Gizenga II n’est guère bien différent de son prédécesseur, et c’est cela qui est effrayant, si la philosophie et les méthodes de travail ne devaient pas changer. En fait, la question que tous les commentateurs se posent aujourd’hui est celle de savoir quel message les autorités ont voulu lancer en direction de l’opinion et comment éviter que, faute de signal clair, celle-ci réponde par l’indifférence.
Une question d’autant plus préoccupante que, dans une dizaine de jours, soit le 6 décembre prochain, le Président de la République aura consommé un an de mandat, sur cinq, depuis sa prestation de serment le 6 décembre 2006, dans l’euphorie d’un programme ambitieux de cinq chantiers qui restent encore et toujours à construire. Ainsi par exemple, Kinshasa qui se veut le miroir de la RDC ressemble à une immense plaie purulente tendant à se gangrener. Aucune route n’a encore été construite. Il en est de même des infrastructures dans le domaine de la santé, de l’eau et de l’électricité qui attendent, semble-t-il, les contrats chinois. La bonne gouvernance tarde à s’installer, à l’image du débat en cours sur les contrats miniers et la criminalisation de l’économie, tandis que, sur le plan social, les grèves reviennent à l’ordre du jour dans plusieurs secteurs de l’administration publique. La démocratie, pour sa part, a difficile à s’imposer, à la lumière du sort réservé au leader de l’Opposition institutionnelle aujourd’hui contraint à l’exil au Portugal. Enfin, la paix ne semble pas toujours prête à sourire aux populations des Kivu, alors que les droits et libertés des citoyens – rapports de la MONUC et des ONG des droits de l’homme faisant foi - accusent chaque jour des reculs nets.
Bref, la peur d’innover, de prendre des risques, de bouger les équilibres internes, de lancer des signaux et des messages clairs semble être le trait dominant de Gizenga II. Il faut désormais éviter qu’il devienne la caractéristique majeure d’une équipe pourtant appelée à faire oublier aux Congolais les déboires des régimes passés et décidée à lancer les grands chantiers de la paix, de la démocratie et de la reconstruction du Congo.
Le Phare
2007-11-27
© SANKURUNews
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LE NOUVEAU GOUVERNEMENT D'ANTOINE GIZENGA
Le Potentiel
26/11/2007
MECONTENTEMENTS AU SEIN DE LA MAJORITE PRESIDENTIELLE
Le remaniement est chose faite. C’est l’occasion pour l’opinion de chercher à comprendre les vrais enjeux qui ont présidé au choix de nouveaux acteurs du deuxième gouvernement d’Antoine Gizenga. Des analyses vont dans tous les sens pour tirer le fil qui aurait guidé ce choix. La composition de la nouvelle équipe Gizenga soulève donc quelques questions. Aujourd’hui, le peuple est plus que médusé. Car, pour certains, le remaniement fort médiatisé n’est pas à la hauteur des attentes de la population qui avait voulu voir dans les nouveaux hommes de Gizenga le reflet du renouveau, notamment en terme d’efficacité, d’action et de dynamisme, caractère qui a fortement fait défaut à la première équipe. Malheusement, pour son deuxième gouvernement, Gizenga n’a trouvé mieux que de revenir aux mêmes acteurs, en tout cas presque. Parmi les acteurs de l’AMP,ce remaniement n’est ps fait pour contenter tout le monde. Déjà, on relève des frustrations. Beaucoup estiment qu’ils n’ont été consultés. Si cette nouvelle se vérifie, elle risque de faire plus de mal que de bien à l’édifice AMP. Aux ténors d’agir avec tact pour gérer ces frustrations et dilligence pour corriger ce qui mérite de l’être. Mais au-delà, qu ‘est-ce que le peuple peut attendre de Gizenga II ? C’est l’interrogation fondamentale qui transparait de la nouvelle équipe gouvernemntale proposée aux premières heures d’hier lundi par Antoine Gizenga.
Finie la veillée d’armes au sein des partis politiques. Le remaniement tant attendu du gouvernement Gizenga est enfin intervenu même si l’événement a eu lieu à des moments indus qui soulèvent des interrogations comme si l’on venait de célébrer une « grande messe noire».
Qu’à cela ne tienne. Il faudra maintenant se ressaisir et s’interroger pour savoir si l’objectif visé qui consiste à rendre l’action du gouvernement plus efficace, en prenant en compte toutes les observations émises jusqu’à ce jour, s’est traduit dans le choix opéré à travers les personnalités retenues et qui viennent de faire leur entrée dans le gouvernement. C’est-à-dire, la capacité des membres du gouvernement, la taille de l’équipe gouvernementale et autres opportunités - allusion faite à un gouvernement d’ouverture - pour consolider les acquis de la réconciliation nationale et de l’excellence.
Dans le premier cas, il est important de souligner que ce remaniement devrait avoir, entre autres buts, de susciter un « second souffle » au sein de l’équipe gouvernementale. Aujourd’hui, par ce remaniement, en reprenant les mêmes pour recommencer, quel souffle magique va-t-on insuffler pour un second coup de rein ? . Il est donc acquis que le débat national deviendra sûrement intéressant et le Gouvernement n’est plus à l’abri des sévères interpellations.
En second lieu, il faut reconnaître que le Premier ministre a pris en compte les observations émises sur la taille du gouvernement. De 61 membres, l’équipe gouvernementale en compte actuellement 45. On s’attendait à ce que Gizenga égale le record de Patrice Lumumba de 1960. Alors Premier ministre, il ne disposait que de 11 ministres et d’un seul secrétait d’Etat près la Défense nationale, en la personne de Joseph-Désiré Mobutu. C’est un bel exercice auquel il s’est adonné tout de même dès lors que le budget du gouvernement est celui de l’austérité.
Mais par contre, il n’y a pas eu d’ouverture à l’endroit des personnalités de l’Opposition, ni celles indépendantes, mais alliées à l’Opposition.
Le rapport des forces
Evidemment, le seul fait d’avoir réduit la taille du gouvernement peut-il rendre son action efficace ? La crainte réside dans le chef de ceux qui n’ont pas été bougés de verser dans l’arrogance et croire qu’ils sont là pendant toute la législature.
En fait, il est établi que Gizenga a maintenu les 3/4 de l’équipe sortante. Quasiment, c’est la même équipe qui a été reconduite. Dans cette nouvelle équipe, le PPRD dispose de 14 postes ministériels dont 1 ministre d’Etat, 11 ministres et 2 vice-ministres (Défense, santé, relations avec le Parlement, Communication et Médias, Genre, Famille et Enfant ; EPSP ; Energie, PTT Travail, Intérieur). Le Palu, outre le Premier ministre aligne 4 ministres, Près le Premier ministre, Budget, Mines, Urbanisme et 1 vice-ministre ; Udemo 1 ministre d’Etat à l’Agriculture); le MSR (Infrastructures et Travaux publics) 1 ministre, les Forces du Renouveau ,3 ministres ( Affaires étrangères, Plan, Industrie et Petites Entreprises) et 1 vice-ministre, ; l’UNAFEC 1 ministre (Affaires foncières) ; Unadef 1 ministre ( Transports et Communications) ; le PDC 1 ministre ( Environnement, Conservation de la nature et Tourisme) et vice-ministre ; Panu, 1 ministre ( Economie nationale et Commerce) ; le CCU 1 ministre ( Hydrocarbures) et la Société civile 1 ministre ( Finances).Dans l’ensemble ; les rapports de l’alliance ont été sauvegardés.
Toutefois, s’il s’est agi de cette « équipe qui gagne », autant se résoudre maintenant, vite et bien, à réajuster le tir en vue de donner une nouvelle impulsion à l’action du gouvernement au regard de grands défis à relever.
Force nous est de rappeller qu’à la mise en place de l’équipe précédente, l’on s’attendait de cette équipe gouvernementale des « signaux forts » en vue de restaurer l’autorité de l’Etat, assainir l’environnement politique et économique pour mobiliser les énergies nécessaires. Des préalables à même de dégager la « vision » des dirigeants de la RDC à gérer les grandes questions nationales, régionales et internationales. Sur ce point de vue, les avis sont demeurés largement partagés quant à l’existence d’un « leadership fort » pour canaliser toutes ces ambitions légitimes. Il est important de corriger à tout prix cette image.
Frustrations en perspective
Dans cet exercice de remaniement qui était devenu incontournable, le problème réel qui se pose est celui de la gestion des humeurs au sein des partis politiques. Si la taille du gouvernement est réduite, l’on vient d’assistera à la fusion de plusieurs ministères. Il y a donc eu des concessions, certainement, de part et d’autre. Or, telle ne semble être la procédure qui a présidé à ce remaniement.Car, quelques heures après sa publication, l’on apprend dans les couloirs de la Majorité présidentielle que des mécontentements seraient déjà enregistrés parmi les acteurs. Beaucoup se disent n’avoir pas été consultés pour obtenir ce remaniement. L’on ne serait pas surpris de voir les techniceins de cette opération chirurgicale appliquée à l’équipe Gizenga I revenir à la table pour revoir et au besoin corriger en vue d’éviter que l’édifice AMP n’implose. Et pourquoi pas procéder au rééquilibrage nécessaire.
Tenez. Le Palu a gardé quasiment tout son « monde ». Par contre, il a lâché le ministère de la Justice au profit du PPRD. Un poste très important. Les observateurs avertis de la politique congolaise avancent deux hypothèses. La première consiste à éviter des contradictions entre le Ministre de la Justice et le Procureur de la République. La deuxième s’inscrit dans le cadre de la pétition portant révision constitutionnelle liée à l’article 152 de relatif à la composition du Conseil supérieur de la Magistrature. Soit.
Les Forces du renouveau ont perdu 1 ministre d’Etat, Mbusa Nyamwisi. Il en est de même du MSR (Pierre Lumbi) et du Palu (Sylvain Ngabu Chumbu) ; deux alliés importants du PPRD. Comment ont-ils accueilli ce changement et quel est le climat au sein de leur parti ? Allusion faite à l’UDEMO qui a perdu le vice-ministère des Affaire étrangères. Ya-t-il une monnaie de rechange, c’est-à-dire un poste dans les Entreprises publiques ? La question est posée.
Frustrations, il y a lieu de le signaler quand on sait que l’Unafec a soulevé une situation complexe. Mais, c’est l’Unafec du président Kisimba qui dispose d’un poste ministériel (Affaires foncières), alors que celui de Kyungu n’est pas concerné. En plus, dans cette situation qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive, le ministère du Commerce extérieur a changé de titulaire par le fait de la fusion avec le ministère de l’Economie nationale.
Dans le PDC de l’honorable José Endundo, le chef du Parti lui-même est entré au gouvernement alors que jusque-là, Didace Pembe occupait ce poste au nom du Parti. Va-t-il encaisser le coup au nom de la discipline du Parti ?
Au demeurant, l’on attend également de Gizenga II des «signaux forts » sur sa vision de gérer les grandes questions nationales, régionales et internationales. C’est sur ce point que portera le jugement.
Le Potentiel
© SANKURUNews
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