Friday, November 30, 2007
RECRUTEMENTS DES MANDATAIRES
Entreprises publiques : Recrutements des mandataires, une opération de marketing pour la consommation extérieure
Le Révélateur 30/11/2007 )
Appel d’offre, présentation des candidatures, tri, concours, test oral, interviews d’embauche, liste restreinte des lauréats envoyée au gouvernement, maître d’œuvre de l’opération de recrutement de candidats, … tous ces stress accumulés par les candidats vont-ils se transformer en frustration ? Les mandataires recrutés par le Comité de pilotage des Entreprises publiques (COPIREP) sont désormais suspendus au mouvement d’humeur qui prévaut au sein de la majorité, exacerbé par le dernier aménagement qui a balancé nombre de ténors des partis de l’AMP dans les réserves. Selon des sources dignes de foi, il y a de moins en moins de chance que les critères de compétences qui ont sanctionné ces recrutements à divers niveaux et secteurs ne soient pris en compte lors des prochaines nominations.
On croit certes à l’initiative de bonne foi de la ministre du Portefeuille, Jeannine Mabunda qui, après avoir fait le constat malheureux de la gestion calamiteuse des entreprises du Portefeuille de l’Etat, avait jugé pratique qu’un mandataire qui occupait un poste sans être pistonné mettrait son expertise au service de l’entreprise et ne subirait pas de pression de qui que ce soit. C’est ainsi qu’avec le concours de la Banque mondiale (BM), le gouvernement a instruit le COPIREP à organiser l’opération. L’objectif était louable : doter les entreprises du secteur public des gestionnaires responsables en remplacement de ceux qui les ont conduites dans la situation de ‘‘canard boiteux’’ que le commun des mortels congolais déplore jusqu’à maintenant.
Près de 6 000 candidats se sont rués au siège de COPIREP et le site de cet organe a été pris d’assaut. L’opération a été menée de main de maître, de sources concordantes, et en toute transparence. Et le COPIREP n’avait aucune possibilité de favoriser un candidat sur base de sa famille politique ou un genre au profit d’un autre. D’ailleurs, seuls près de 4% de quelques femmes qui ont osé, peuvent prétendre à un poste choisi.
La politique prend le dessus
Qu’attend-on pour publier la liste restreinte des lauréats et les mettre au travail ? Il s’avère, selon nos sources, que nombre de ces lauréats ne seraient pas de l’obédience de la Majorité au pouvoir. Elle n’aurait aligné qu’une infime minorité de satisfaction au test. Celle-ci se trouverait devant un dilemme.
Il y a d’une part, la Banque mondiale, l’‘‘auteur intellectuelle’’ de l’opération. Avec sa nouvelle philosophie de lutte contre la corruption, elle risque de ne pas bien interpréter que les candidats qui ont satisfait aux ‘‘épreuves’’ soient tout simplement ignorés. En plus, malgré la confidentialité qui a accompagné la transmission des listes restreintes, nombre de ces lauréats se connaissent déjà à ce jour.
Au niveau de la présidence où cette liste restreinte est parvenue, elle est passée au crible. Les services se renseignent sur chaque personnalité dans le cadre de test de fidélité, pour se rendre compte de l’allégeance de chacune d’elles aux autorités du moment. Le but du test serait de sélectionner les candidats susceptibles de commercer avec le pouvoir en vue de taper sur la caisse. Selon certaines sources, ceux des candidats qui refuseraient de coopérer verraient carrément leur candidature rejetée.
Mais, l’option qui revient selon plusieurs sources, c’est la table rase. L’AMP aujourd’hui aux prises avec les conséquences de la gestion calamiteuse des ambitions n’a d’autres alternatives que de placer ces pions aux postes réputés vacants des dirigeants des entreprises de l’Etat. Le PPRD, qui a engrangé la part du lion lors de dernières restructurations de l’AMP et du gouvernement, chercherait à satisfaire ses lieutenants en manque depuis qu’ils ont pris le pouvoir. Le parti du président veut réaliser un passage en force dans les entreprises publiques, pourvu que ses ouailles soient casées et bénéficient des mamelles de l’Etat en perspective des prochaines échéances électorales.
Mabunda dépassée
La ministre du Portefeuille, Jeannine Mabunda est prise en étau par l’opinion publique d’une part, puisqu’elle existe vraisemblablement en RDC et sait que des tests avaient été organisés en vue de réformer les entreprises publiques, et de l’autre par les caciques de sa famille politique. Elle est contrainte, pour sa crédibilité de mener sa réforme, soutenue par le premier ministre, pendant que son parti lui reproche d’avoir sorti cette idée.
Mabunda croyait si bien faire mais c’était sans compter avec tous ceux qui utilisent la politique comme raccourci pour leur enrichissement rapide et sans cause. La réforme des entreprises publiques serait un coup d’épée dans l’eau ? De l’avis de beaucoup de personnes qui n’y croyaient déjà pas dès l’annonce de l’opération, c’en était qu’une de marketing, destinée à la consommation extérieure, pour contenter des bâilleurs de fonds, la Banque mondiale en tête, qui, même si elle s’insurgeait, se verrait opposé le principe de souveraineté de la politique économique des pays membres.
Quelle leçon tirée de cet échec, s’il se concrétisait ? Qu’adviendra-t-il des autres réformes menées pour combattre la corruption, les mauvaises mentalités, les antivaleurs et l’impunité ? Le dernier remaniement a remis dans l’opinion des questions sur les sanctions réservées à des personnalités qui veulent réformer. Toussaint Tshilombo Send serait-il victime d’un tel système ?
Ali Kam
Le Révélateur
© Sankurunews
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