Thursday, January 24, 2008

AMNISTIE ET PAIX DES BRAVES NKUNDISTES


Clôture hier de la conférence sur les Kivu - Goma, amnistie et paix des braves Nkundistes

Le Potentiel
24 Janvier 2008


Les groupes armés, particulièrement le Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) du général déchu Laurent Nkunda, ont exigé l'amnistie avant d'accepter un cessez-le-feu sur les fronts du Nord et du Sud-Kivu.

Les tractations entre toutes les parties ont, sur cette question, été âpres durant les deux dernières journées des travaux de Goma. Menaçant de tout faire capoter. Finalement, grâce à l'assiduité et à la bonne volonté de tous, le gouvernement a pris l'engagement de l'accorder aux groupes armés.

L'Acte d'engagement, consacrant la fin des conflits armés dans les deux Kivu, a été signé hier en présence du président de la République, Joseph Kabila. et des représentants de la communauté internationale.

Et le CNDP, visiblement convaincu de la bonne foi de Kinshasa, a été le premier à signer l'Acte d'engagement, suivi des groupes Maï-Maï. Mais, au-delà de l'euphorie du moment, des interrogations demeurent, notamment sur la manière dont la profession de foi des uns des autres va être concrétisée dans les faits.

La Conférence sur la paix, la sécurité et le développement dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu s'est clôturée hier mercredi à Goma avec la signature de l'Acte d'engagement par tous les groupes armés, en présence du président Joseph Kabila et des représentants de la communauté internationale. Un acte d'engagement qui, on l'espère, jette les bases d'une paix effective pour sous-tendre un développement durable. Un acte d'engagement qui permettra également de rétablir l'autorité de l'Etat sur toute l'étendue de la République démocratique du Congo. Il y a donc lieu de saluer cette « paix des braves ».

Par ailleurs, la principale innovation dans cette conférence de Goma est celle par laquelle le gouvernement s'est engagé à amnistier les chefs de guerre de leurs actes posés depuis juin 2003 jusqu'à ce jour. En réponse aux revendications du CNDP et des milices locales, dont le Pareco et les Maï-Maï. Cette amnistie consolidera sûrement cette paix derrière laquelle on court ces derniers mois. Il faut donc saluer cette volonté des uns et des autres pour transcender leurs sentiments dans cet élan patriotique de ne voir que l'intérêt supérieur de la nation.

Car, cela n'a pas été facile, le CNDP ayant encore posé de nouvelles conditions mardi. Pourtant la veille, il avait donné son accord de principe d'adhésion à l'Acte d'engagement.

Le président du Comité des sages et porte-parole de la conférence s'est donc vu dans l'obligation de le mettre en garde. « L'Acte d'engagement sera signé aujourd'hui, que le CNDP signe ou pas », a averti Vital Kamerhe, dans un entretien avec la presse. En indiquant que « les travaux vont continuer » quant au suivi des résolutions de la conférence, après la clôture intervenue hier mercredi.

Peu avant la cérémonie officielle de clôture de la Conférence, Vital Kamerhe a porté à la connaissance de la plénière divers amendements apportés au texte originel de l'Acte et acceptés par toutes les parties signataires.

Le premier porte sur l'intégration dans l'armée ou dans le programme national DDR des éléments des groupes armés, suivant l'option qu'ils auront levée, et sur le rapatriement des groupes armés étrangers vers leurs pays d'origine.

Le deuxième amendement se rapporte aux facilitateurs étrangers, devenus garants et observateurs de l'exécution des résolutions prises par la conférence.

RESPECTER LES ENGAGEMENTS

Une chose est de signer des engagements, une autre est de les appliquer fidèlement. D'autant plus que l'Acte d'engagement a été signé par des « délégués » et non par les principaux acteurs. A l'instar du CNDP dont les délégués avaient sollicité et obtenu, auprès du bureau de la Conférence, un délai de 24 heures « pour aller consulter leur base ». C'est seulement après avoir « consulté » - en réalité le général Nkunda - qu'ils ont regagné la table des « discussions ».

Ici se pose, dès lors, le problème du respect des engagements. De l'avis général, l'acteur politique congolais n'a pas la culture du respect des textes et des engagements pris. L'Accord global et inclusif, issue du Dialogue intercongolais, en est une parfaite illustration.

Il faut aussi craindre que des parrains politiques des groupes armés, évoluant dans les institutions de la République, ou ceux de l'extérieur, continuent à « manipuler » leurs pions sur le terrain.

Autant la communauté internationale est invitée à accompagner les signataires de l'Acte d'engagement de Goma, autant les responsables congolais sont appelés à une véritable prise de conscience de leurs responsabilités vis-à-vis des populations longtemps meurtries de deux provinces du Kivu. Cela est d'autant plus vrai que le voeu de tout le monde est que cette fois, ce soit la bonne pour que les Congolais s'engagent résolument sur la voie de la paix et du progrès.


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