Tuesday, January 15, 2008

Déclarations des communautés du Sud Kivu à la Conférence de Goma

Par Médard Muyaya

Les travaux de la Conférence sur la Paix, la Sécurité et le Développement du Nord et du Sud Kivu se poursuivent normalement. La journée de samedi 12 janvier a été marquée par la poursuite des déclarations générales sans débat des communautés de base du Sud Kivu. Elles ont constitué un moment important qui a permis aux filles et fils du terroir de se décharger en se disant la vérité en face. Le tout, dans cet élan de réconciliation dans la perspective de baliser les chemins de la paix, de la cohabitation pacifique et du développement des deux provinces. La modération était assurée par le ministre des Affaires étrangères, Antipas Mbusa Nyamwisi.

Dans leurs interventions, les autochtones et les rwandophones se sont accusés mutuellement, évoquant par le même fait des histoires douloureuses. Au moins quatorze communautés du Sud Kivu ont défilé du haut de la tribune pour faire entendre leur voix. Parmi elles, les Shi, les Fulero, Rega, Buyu, Banyamulenge…

La première communauté à prendre la parole c’est la tribu Bembe. Celle-ci a commencé par dénoncer les actes de vandalisme perpétrés par les forces négatives dites groupe de 47 dans le plateau de Fizi en brûlant les cases des villageois. Cette communauté demande aux autorités de prendre des dispositions pratiques pour que tous les déplacés regagnent chacun sa résidence.

Dans la foulée, les Bembe ainsi que d’autres autochtones du Sud Kivu sont montés au créneau pour faire un bref aperçu historique sur l’existence des différentes ethnies au Sud Kivu. Leurs renseignements attestent que les communautés rwandophones sont sans terres ni villages. On les a vu venir. Ces communautés accusent les Tutsi d’être à la base de l’insécurité. Ces rwandophones sont accusés des velléités expansionnistes et s’emploient à vouloir supplanter les populations autochtones pour imposer leur hégémonie. « Comme émigrés, ces nouveaux venus ne pouvaient pas avoir des groupements. La question de discrimination des minorités dans le Sud Kivu n’a jamais existé. Ce sont des revendications des politiques en mal de positionnement », a déclaré le porte-parole de la communauté Bembe.

DESTRUCTION DE L’ECOSYSTEME

Les populations autochtones croient dur comme fer que la paix est rompue dans cette partie du territoire national par ceux qui ont pris des armes, recourent à l’arme blanche pour imposer leur volonté semant ainsi la désolation et la panique dans la région en brûlant les cases des originaires. Dans leurs préoccupations, les populations originaires du Kivu ne comprennent pas pourquoi les banyamulenge ont refusé le brassage après les élections. Donc, l’absence totale de la paix au Nord et au Sud Kivu se justifie par la présence des militaires venus des pays voisins lourdement armés. Ces forces négatives se sont substituées à la place de l’Etat et perçoivent des taxes, ont déclaré les populations autochtones. Avec comme conséquence, 180. 000 réfugiés qui croupissent en Tanzanie, Zambie et dans d’autres pays. Cette situation entretenue a des conséquences sur tous les plans ; à savoir la destruction de l’écosystème, l’infiltration des militaires rwandais, la multiplication des troupes armées, les populations civiles surarmées, la falsification de l’histoire sociologique, la modification de l’étendue géographique…

REFUS D’ERIGER MINEMBWE EN TERRITOIRE

En termes des recommandations, les populations autochtones refusent catégoriquement l’érection de Minembwe en territoire. Car, c’est la cartographie de cette entité qui évoque l’idée de la guerre. Les populations autochtones exigent le rétablissement de la vérité historique sans laquelle il n’y a pas de paix. Ensuite, mettre fin à l’impunité et traduire tous les coupables de différents massacres, notamment de Makobola, Mwenga devant les cours et tribunaux ; que les rwandophones acceptent de vivre avec les autres comme par le passé ; renoncer à l’idée de découpage ou de décentralisation des territoires ; respecter scrupuleusement l’institution traditionnelle conformément à la Constitution aussi longtemps que les textes légaux ne sont pas encore modifiés ; rétablir les chefs coutumiers déchus, démilitariser les populations détentrices des armes illégalement ; recenser systématiquement les groupes armés étrangers et les rapatrier chez eux ; que les banyamulenge abandonnent totalement les ambitions hégémoniques et expansionnistes, détruire les milices ethniques pour les brasser ; renoncer à l’expression banyamulenge qui n’existe nulle part au monde ; organiser un recensement au Sud et au Nord Kivu en, vue de diagnostiquer tous les infiltrés et les expulser ; prendre toutes les dispositions qui s’imposent pour mettre hors d’état de nuire tous les groupes armés qui continuent à semer la désolation ; éviter la discrimination dans le traitement des ethnies ; faire savoir aux lobbies militaro-politique ruandophones que l’hospitalisation ne doit pas être comprise comme une faiblesse ni une renonciation à la vie ; il faut indemniser les victimes de affres de la guerre. Car, il serait inconcevable de croire qu’au Rwanda il y a eu génocide et en RDC rien n’est arrivé.

L’IDENTITE BANYAMULENGE EST UN DROIT

D’autre part, la communauté Bnayamulenge ne s’est pas tue. Elle a fustigé les discours haineux tenus par les populations autochtones au cours des assises de la Conférence sur la Paix, la Sécurité et le Développement du Nord et du Sud Kivu. Cette communauté s’est employée à démontrer à la mémoire des participants que l’identité banyamulenge n’est pas une question de faveur. C’est plutôt un droit conformément à la Constitution et aux lois de la République. Alexis Gisaro, porte-parole de la communauté Banyamulenge, a fustigé la discrimination, l’exclusion et la marginalisation dont sa communauté est victime. A en croire Alexis Gisaro, la lutte pour l’érection de Minembwe en territoire s’explique.

Pour des raisons politiques, cela permettra à ses frères banyamulenge de participer à la gestion de la chose publique. Il est allé plus loin pour expliquer qu’aujourd’hui les banyamulenge n’ont pas de place au Sud Kivu. Ils trouvent difficilement des maisons à louer. Lorsque les organismes internationaux qui opèrent au Sud sollicitent des maisons à louer, on les décourage pour ne pas habiter dans les maisons des banyamulenge. Voilà autant d’antivaleurs qui ne favorisent pas la paix, la sécurité moins encore le développement.

Il sied de noter que les populations locales s’accusent aussi entre elles soit pour des raisons de conflits fonciers et de pouvoir coutumier. Les populations autochtones majoritaires, dans le partage du pouvoir coutumier voire des postes politiques, prennent la part du lion et n’associent pas les minorités. C’est ainsi qu’il est demandé aux organisateurs de cette Conférence qui veulent saluer le retour de la paix au Nord et au Sud Kivu tiennent compte de tous ces paramètres.

LE CNDP-NKUNDA EXIGE LE DEPART DES FDLR ET DES NEGOCIATION DIRECTES AVEC LE GOUVERNEMENT

La Conférence de Goma a été marquée par la déclaration faite hier dimanche par le délégué du Congrès national pour la défense du peuple, CNDP de Laurent Nkunda. Après avoir abondé dans le même sens que les autres délégués qui tiennent à la paix, à la sécurité dans le deux provinces du Kivu, le CNDP a stigmatisé également la discrimination, l’ exclusion.

Il s’est ensuite empressé de justifier les motifs qui l’ ont poussé à prendre des armes en « parlant d’une menace mortelle qu’ une milice criminelle étrangère fait peser en permanence ».

Et cela depuis plus de 15 ans sur l’ ensemble des communauté congolaises vivant à l’ Est de la République démocratique du Congo. « Notre tort serait donc d’avoir décidé, devant la complaisance ou l’impuissance des pouvoirs publics, d’enrayer cette menace, en entreprenant de débarrasser notre pays, quoiqu’il en arrive et quoiqu’il en coûte, de ce fléau qui gangrène mortellement notre nation et qui porte un nom, à, savoir : ex-Far/interahamwe, déguisés en FDLR, ADF/NALU, FNL/ palipehutu, LRA,.. », souligne la déclaration.

Le CNDP a invité le président de la République à les expulser avant de demander des négociations directes avec le gouvernement.

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