Le Potentiel
L'après-conférence de Goma ne sera pas comme avant la conférence. A l'instar d'autres acteurs impliqués dans la résolution des conflits du Nord et du Sud-Kivu, les autorités congolaises sont placées devant leurs responsabilités. Désormais, toutes les actions à entreprendre doivent se conformer à l'esprit de Goma. Mais, aujourd'hui, la question qui revient sur les lèvres de tous les observateurs concerne le retour effectif des rebelles et réfugiés rwandais dans leur pays. Vital Kamerhe et Antipas Mbusa Nyamwisi ont rassuré l'opinion publique sur le sujet. Et ce, à travers deux interviewes séparées accordées à RFI, la radio publique française.
L'après-conférence de Goma demeure un grand défi à relever. En effet, l'avenir immédiat devra se traduire par l'application des accords intervenus au terme de cette conférence. Particulièrement le désarmement des forces négatives étrangères, l'exécution effective du cessez-le-feu et la restructuration de l'armée ainsi que des services de renseignements.
Autant des préalables à accomplir pour instaurer une paix réelle et durable. Ces préalables ne relèvent pas seulement de la volonté politique des Congolais, de la bonne foi des parties engagées, mais aussi de la contribution de la Communauté internationale ainsi que de la disponibilité des pays voisins, notamment le Rwanda.
Les choses ne s'annoncent pas du tout faciles. Le cas de la proclamation de l'amnistie en est un exemple parmi tant d'autres. Il faudra au préalable que le Parlement se réunisse, soit saisi de la question avant de l'examiner et de l'adopter si possible. Dans les circonstances actuelles, il faudra attendre la prochaine rentrée parlementaire prévue au 15 mars 2008.
FDLR, LE NOEUD GORDIEN
Cependant, le volet extérieur des recommandations semble difficile à appliquer selon un agenda préétabli. Il y a donc risque que les efforts des autorités congolaises prennent plus de temps que prévu, si Kinshasa n'arrive pas à exercer une réelle pression sur la Communauté internationale afin de forcer le retour des réfugiés rwandais ou interahamwe dans leur pays.
De prime abord, une distinction dans ce lot des Rwandais s'impose. Il faudra dissocier les génocidaires des autres. Or, à ce sujet, Kigali n'a jamais communiqué sa liste des génocidaires identifiés, liste tant réclamée par le gouvernement congolais pour se faire sa religion.
En outre, les rebelles et réfugiés rwandais sont désormais divisés en République démocratique du Congo, au risque de devenir une nébuleuse. Perspective qui n'est pas de nature à faciliter leur recensement tant par les dirigeants congolais que la Communauté internationale.
Ce n'est pas un secret que cette dernière, représentée par la Monuc, devra requérir au préalable le «OK» du Conseil de sécurité des Nations Unies pour agir. Si son mandat n'est pas requalifié et étendu aux FDLR, la Monuc n'interviendra pas, laissant la RDC se démener tant bien que mal. Autant de préalables susceptibles d'engendrer d'autres problèmes à même de compliquer davantage la situation.
Le porte-parole de la conférence de Goma, Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale et le modérateur Mbusa Nyamwisi, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, ont réaffirmé la détermination des institutions congolaises d'aller jusqu'au bout. C'est-à-dire parachever l'oeuvre commencée à Goma, laquelle doit être couronnée par le rapatriement des réfugiés rwandais, prétexte de multiples agressions de Kigali contre la RDC. Les deux responsables congolais ont affirmé cette vision dans des interviews séparées accordées cette semaine à Radio France Internationale (RFI). Ils sont conscients, comme du reste tous les analystes, que les FDLR constituent le noeud gordien qu'il faut absolument couper.
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