Saturday, January 26, 2008

LA SITUATION HUMANITAIRE AU KIVU


Congo-Kinshasa: Situation humanitaire au Nord et au Sud-Kivu

Angelo Mobateli

La réinstallation des déplacés sous-tendue par un plan humanitaire du gouvernement

Le gouvernement du Premier ministre Antoine Gizenga entend répondre, de manière urgente, aux engagements qu'il a pris à la Conférence de Goma, notamment celui portant sur « la création des conditions favorables à la fourniture de l'aide humanitaire, l'aide d'urgence aux populations civiles » déplacées à l'intérieur ou hors des frontières nationales.

Il compte, pour ce faire, élaborer un « plan humanitaire » et un « plan stratégique » pour une « action intégrée et synergique » à mener dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu où « la situation humanitaire est catastrophique », selon une source officielle.

« Les conditions de vie de tous les déplacés sont inhumaines », s'est inquiété le ministre des Affaires sociales, des Actions humanitaires et de la Solidarité nationale, Jean-Claude Muyambo Kyassa. Indiquant que la question humanitaire est « presque identique dans plusieurs autres provinces du pays».

Près d'un million et trois cents mille déplacés internes vivent dans des camps de fortune au Nord et au Sud-Kivu, parfois - rapportent des sources humanitaires - sans eau potable ou installations d'assainissement. « 5 millions de Congolais sont morts, tués par la guerre et ses conséquences. 500.000 femmes ont été violées, 5 mille parmi elles ont pu être soignées », chiffre une enquête gouvernementale.

LE GOUVERNEMENT EN TETE DE FILE

Toutes les parties signataires de l'Acte d'engagement pour la paix dans les Kivu ont souscrit à la « mise en place d'une commission chargée de superviser le retour des déplacés internes et leur réinstallation dans leurs milieux d'origine avec la collaboration des Nations Unies et des autres organisations à caractère humanitaire ».

Par ailleurs, « le retour des réfugiés au pays (se fera) sous la supervision de la tripartite HCR - Gouvernement de la RDC - Gouvernement du pays d'asile (Burundi, Ouganda, Rwanda et Tanzanie) selon un calendrier adopté par la Commission technique humanitaire et sociale », ont-elles aussi convenu.

Le gouvernement sait que c'est à lui qu'appartient - de prime abord - la solution, à en croire le ministre des Affaires sociales, des Actions humanitaires et de la Solidarité nationale. « Les ONG devront s'aligner derrière le gouvernement qui doit déterminer, à travers une loi humanitaire, le partenariat entre lui et les ONG ainsi que d'autres ministères du gouvernement intervenant dans l'humanitaire : la Santé, l'Intérieur, les Affaires sociales », a-t-il déclaré à Goma.

Mais, au-delà des bonnes intentions exprimées par les groupes armés, des interrogations demeurent sur la « libre circulation des biens et des personnes ainsi que la suppression des barrières routières irrégulières » recommandées dans l'Acte d'engagement.

En effet, le gouverneur Julien Paluku déplorait, en août dernier, « la présence de 10 brigades, soit 30.000 hommes » dans la province du Nord-Kivu . En citant « 5 brigades mixées, 2 brigades intégrées (à Beni-Lubero et à Kitumba), 1 brigade non brassée (la 85ème à Walikale), 1 brigade dite Baleine (Maï-Maï) à Bingi, une autre à Masisi dirigée par le colonel Mugabo, des groupes armés étrangers (FDLR, ADF/NALU) ».

Ainsi, et quand bien même ils meurent d'envie de rentrer rapidement dans leurs villages, les déplacés internes et les réfugiés congolais attendent d'être mis en confiance. « Tant que les milices locales n'auront pas été cantonnées, les groupes armés étrangers désarmés et les troupes onusiennes déployées sur l'ensemble des zones de conflits armés, ils se sentiront toujours en insécurité », notent les observateurs. Dès lors, une vaste campagne d'information devrait être menée dans tous les camps de déplacés et de réfugiés sur les résolutions de la conférence de Goma.


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