Wednesday, January 23, 2008

L'AGRESSION DU GRAND CONGO PAR LE PETIT RWANDA!

Notre peuple meurt faute de mémoire collective entretenue. Nous oublions assez rapidement ce qui s’est passé hier.

A la Veille de la conférence sur la paix dans le Grand Kivu, il ne serait pas mal de lire l’interview accordée par James Kabarebe à l’Obsac et publiée sur le site d’Africa time il y a deux jours. Elle est riche en révélations. James Kabarebe vient confirmer un secret de polichinelle: le mensonge est une constante de la politi¬que étrangère du Rwanda géré par les membres du FPR. Ces messieurs sont capables de nier mordicus aujourd’hui des vérités qu’ils finissent par accep¬ter plus tard. (Seraient-ils conscients que les popula¬tions des Grands Lacs sont des amnésiques invétérés!) Question de laisser au temps le temps d’effa¬cer de la mémoire de leurs victimes les torts qu’ils leur ont infligés.

Aussi petit à petit les dirigeants militaires du Rwanda font-ils montre d’une arrogance qui ne se justifierait que par le nombre des victoires militaires imposées à leur voisin congolais avec la complicité des puissances anglo¬-saxonnes décidées à faire de « Ce petit pays » leur chouchou en Afrique Centrale.

Heureusement dans l’interview susmentionnée. James Kabarebe reconnaît que cette arrogance a at¬teint l’une ou l’autre fois ses limites.

A cette question: « Mon général j’ai tou¬jours été intrigué par cette opération auda¬cieuse que vous avez conduite à la tête de troupes de l’APR sur Kinis¬hasa en août 1998. (...) Quelles sont les raisons de votre échec à ce mo¬ment-là. Certains affirment que ce fut l’intervention des Zimbahwéens, des Angolais, ou même la résistance popu¬laire dans les quartiers périphériques de Kins¬hasa qui ont empêché de prendre la ville de Kins¬hasa en août 1998 ? » James Kabarebe répond: « je pense que notre échec à prendre Kins¬hasa en août 1998 tient à deux raisons. Premiè¬rement, nous n’avions pas anticipé que l’An¬gola, la Namibie, le Zim¬babwe, le Tchad se join¬draient à Kabila. Nous n’étions pas préparés à ça. » Deuxièmement, « le problème c’est que nous n’étions pas préparés pour nous battre sur deux fronts différents. Alors nous avons décidé d’abandonner le front Ouest pour nous concen¬trer sur le front Est.

James Kabarebe n’intègre pas la résistance populaire dans les raisons ayant causé leur échec.

Et quand l’APR s’est retirée officiellement du Congo elle a continué à y être officieusement pré¬sente à travers l’appui offert au RCD. Telle est la réponse que James Kabarebe donne à l’Obsac après qu’il a parlé de l’APR du Congo à l’issue de la guerre de Ki¬sangani au cours de laquelle elle a imposé des défaites à l’UPDF à trois reprises. Il dit: « Oui, oui nous appuyons le RCD, mais nous ne franchirons plus la frontière de la RDC ». (Ceci est encore une fois un mensonge. Plu¬sieurs rapports établis par la Monuc font mention des traversées répétées de la frontière de la RDC par l’APR après la guerre de 1998.

L’intérêt qu’il y a à lire et à partager les inter¬views de ce genre est qu’elles nous permettent de nous faire une idée sur les dirigeants des pays voisins et sur leur mode de gestion politique. Mais aussi sur nos gouvernants d’hier et d’aujourd’hui.

Une interview qui suscite des questions...

Ne nous faudra-t-il pas nous Congolais, reven¬ir collectivement un jour, dans les détails, sur cette guerre qui date (officielle¬ment) de 1996 ? Supposons que l’APR se soit risquée sur notre territoire pour tra¬quer les génocidaires. Dans ce cas, elle se serait limitée à l’Est. Qu’est-elle allée chercher à Kitona tout en cherchant à atteindre Kinshasa ? Qu’un membre, et pas le moindre en parle aisément, cela dépasse tout entendement. Ce n’est pas tout. Que l’APR ait in¬fligé des défaites à une ar¬mée ougandaise sur notre territoire et cela à trois re¬prises, ça fait tiquer. Et pourtant, le Rwanda et l’Ouganda n’étaient pas en guerre l’un contre l’autre. Plus ou moins dix ans après, James Kabarebe vient de donner raison aux analystes ayant soutenu que le Rwanda et l’Ouganda sont venus se disputer les richesses du sol et du sous-sol congolais au Congo même.

Sur le plan international, cette guerre n’a pas été condamnée officiellement. Normaliser les relations entre le Congo, le Rwanda et l’Ouganda ne deman¬dera-t-il pas que toute cette situation soit tirée au clair en exigeant la réparation des dégâts et dommages causés chez nous? Repren¬dre rapidement les relations commerciales et diplomati¬ques ne signifierait-il pas gommer des faits histori¬ques pouvant se répéter demain ?

Nos juristes peuvent-ils se saisir de cette interview pour traduire, pour la énième fois, le Rwanda en justice ? Même si la justice internationale est injuste, (cf Paix et châtiment de Flo¬rence Hartmann), ce dos¬sier mérite d’être porté à la connaissance de ses juges.


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