Tuesday, January 15, 2008
LA NATIONALITE CONGOLAISE REPOSEE PAR LES BELLIGERANTS
© AFP
Siège des représentants des délégations avant l'ouverture de la Conférence de paix de Goma en République démocratique du Congo, le 6 janvier 2008
© AFP Lionel Healing
GOMA (AFP) - lundi 14 janvier 2008 - 17h13 - Des miliciens Maï Maï du Sud-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), ont remis en cause lundi, lors de la conférence de paix de Goma, la nationalité de certains Tutsis congolais, tandis que des rebelles pro-Tutsis dénonçaient des discriminations.
Jean-Pierre Bucwa, porte-parole des miliciens Maï Maï de Fizi (territoire du Sud-Kivu), a remis en cause la nationalité des Hutus et Tutsis immigrés du Rwanda au XXe siècle, appelant à les distinguer de ceux établis depuis des générations dans l'ex-Zaïre.
"Nous demandons le retour (au Rwanda) de tous les réfugiés hutus et tutsis qui sont venus du Rwanda en 1959 et 1962", a-t-il déclaré en plénière de la conférence de paix sur les Kivu, ouverte le 6 janvier à Goma (Nord-Kivu).
Il s'est par ailleurs farouchement opposé à la transformation de l'entité de Minembwe (située dans le territoire de Fizi) en territoire, prévenant qu'une telle décision "créerait des conflits énormes entre les ethnies au Sud-Kivu".
Les Banyamulenge - Tutsis du Sud-Kivu installés depuis des siècles sur les hauts plateaux de Minembwe, contrairement aux Tutsis du Nord-Kivu, venus du Rwanda au XXe siècle - réclament en vain de voir Minembwe "érigé en territoire". Ce découpage leur aurait donné plus de chance d'emporter des sièges au Parlement lors des élections de 2006.
La nationalité congolaise des "rwandophones" (Hutus et Tutsis parlant le kinyarwanda, langue du Rwanda), et en particulier des Tutsis, a été de nombreuses fois remise en cause depuis l'indépendance du Congo en 1960, mais a été clairement réaffirmée lors de l'adoption de la dernière loi sur la nationalité en 2004.
Les Maï Maï, des combattants issus de différentes ethnies rassemblés en groupes locaux d'auto-défense, affirment "défendre la patrie" contre les velléités hégémoniques des pays voisins, notamment le Rwanda.
Ils ont été armés et équipés par Kinshasa lors de la dernière guerre en RDC (1998-2003), au cours de laquelle Rwanda et Ouganda ont envoyé des troupes en soutien à des rébellions congolaises.
De leur côté, les Maï Maï des territoires de Mwenga et Shabunda (Sud-Kivu) ont demandé le rapatriement dans leur pays de groupes de rebelles hutus rwandais, accusés de semer la terreur dans les zones rurales, où pillages et viols sont presque quotidiens.
Ils exigent aussi le retour de "tous les réfugiés congolais" et veulent être associés "à la commission qui organisera le retour des Banyamulenge" qu'ils assurent connaître et pouvoir identifier, selon le porte-parole des Maï Maï de Shabunda, Jules Ziringabo.
Les combattants pro-Tutsis du Sud-Kivu ont de leur côté dénoncé de vieilles discriminations et exigé le rapatriement des rebelles hutus rwandais basés au Kivu - et dont certains ont participé au génocide rwandais de 1994, essentiellement dirigé contre les Tutsis.
Le Groupe des 47 - groupe initialement composé de 47 soldats déserteurs banyamulenge suspectés d'avoir participé en juin 2004 à la prise de Bukavu (capitale du Sud-Kivu) aux côté du général tutsi Laurent Nkunda, depuis déchu et leader d'une rébellion au Nord-Kivu - a fustigé l'absence de garanties sécuritaires pour les Tutsis.
Son porte-parole, Zébédé Gasore, a dénoncé l'insécurité chronique dans laquelle vivent les Banyamulenge, pris à partie à la fois par les Maï Maï et les rebelles hutus rwandais, et revendiqué la création d'un "territoire de Minembwe".
Depuis l'ouverture de la conférence de Goma, si toutes les parties sont en faveur d'un rapatriement des rebelles hutus rwandais, elles campent globalement sur leurs positions et ne semblent pas prêtes au moindre compromis.
Seule une communauté, celles de Shi du Sud-Kivu, a clairement appelé "tous ses fils" à "se désolidariser" des groupes armés.
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