Sunday, December 23, 2007

HAUSSE DES PRIX, GREVES, NKUNDA, BUDGET 2008 CONTESTE, UNE FIN D'ANNEE AGITEE

Le Potentiel

La fin de décembre 2007 s'annonce sous de mauvais augures. Plusieurs indicateurs le confirment. Hausse des prix des biens de première nécessité sur le marché. Grève des médecins de Kinshasa, ressuscitant des interrogations, non résolues, sur celle des professeurs d'universités. Contestation par le Sénat du caractère irréaliste du budget de l'Etat 2008. Insécurité récurrente au Nord-Kivu. Bref, si la RDC n'explose pas encore, la tension n'en reste pas moins latente.

Ici prédomine le pessimisme. C'est le moins que l'on puisse dire pour décrire le tableau de la République démocratique du Congo à la veille des fêtes de la Nativité et de la St Barthélemy. A moins d'un miracle, hypothèse improbable, le gouvernement aura fort à faire pour drainer la confiance d'un peuple dont les attentes restent intactes. Et ce, une année après l'avènement des dirigeants élus et la mise en place des institutions de la 3ème République. Du Nord au Sud, d'Est à l'Ouest du territoire national, les frustrations s'expriment déjà de diverses manières au cours des dernières semaines de l'année. Pendant que le gouvernement s'accroche encore à la déclaration présidentielle selon laquelle «les Congolais vivent mieux aujourd'hui que l'année passée», la réalité sur terrain confond cette assertion. En effet, dès l'annonce du réajustement à la pompe des prix du pétrole et dérivés, il y a un mois, les prix des biens de consommation de première nécessité se sont emballés sur le marché. La spirale a facilement atteint le secteur de l'habillement.

RAREFACTION DE CERTAINS PRODUITS

Pis, le spectre de la raréfaction de certains produits stratégiques, tel le chinchard, hante les esprits. Quand on connaît le calvaire des agents et fonctionnaires de l'Etat qui peinent à nourrir leur nombreuse progéniture en temps normal, on peut imaginer combien est dure la lutte que doivent mener ces pères et mères de famille pour répondre à leurs responsabilités sociales.

Conséquence de l'affolement des prix, mais surtout de l'effritement progressif du pouvoir d'achat des masses laborieuses, la grève s'incruste plus que jamais dans différents segments du secteur public. Hier apanage des instituteurs de l'enseignement primaire et secondaire, la grève a contaminé les professeurs et d'autres catégories du personnel des universités. L'examen du budget de l'Etat 2008 tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat n'a pas rassuré les professeurs par rapport à leurs revendications. D'où la menace d'une nouvelle année blanche qui sacrifierait les étudiants. Pour le même mobile, à savoir la non prise en compte de leurs réclamations dans le budget 2008, les médecins ont décrété un mouvement de grève. Vendredi 21 décembre, les hôpitaux publics de Kinshasa ont été désertés par les médecins, bien que leur syndicat ait néanmoins imposé le respect du principe du «service minimum» dans l'intérêt des patients. (Lire le reportage en encadré).

La fin de l'année aura encore été préoccupante pour d'autres raisons. Celles liées notamment à la situation sécuritaire dans le Nord et le Sud-Kivu. Tous les observateurs ont suivi avec attention l'évolution du dossier de l'Est congolais depuis l'implication de la Maison Blanche jusqu'à la tenue d'une série de rencontres (Nairobi, Addis Abeba, Entebbe) destinées à recréer les relations de confiance entre le Rwanda et la RDC.

QUELLE SOLUTION MIRACLE ?

L'objet central de ces forums étant le démantèlement des groupes armés congolais (Maï-Maï, Nkunda et autres) et étrangers positionnés en RDC (rebelles rwandais, ougandais, burundais), condition sine que non pour la normalisation entre Kigali et Kinshasa, d'une part, entre Kampala et Kinshasa, d'autre part.

La mise en place d'un comité de suivi à Goma (RDC), sous l'égide de l'Onu et avec le concours des Etats-Unis d'Amérique, de l'Union européenne, de l'Union africaine est un pas vers la résorption de l'équation Nkunda, ce général mutin des Forces armées de la RDC. En attendant la suite du processus, les armes ne se sont pas encore tues. Des centaines de milliers de personnes errent encore à travers le Nord-Kivu et dans les pays limitrophes, baluchon sur la tête, afin d'échapper aux tirs croisés entre des dissidents nkundistes et l'armée régulière.

Plaise aux participants à «la Conférence sur la paix», prévue pour le 27 décembre à Goma, d'apporter, sans hypocrisie, des réponses justes et durables aux questions qui divisent les populations de deux Kivu, en proie à des violences interethniques depuis des décennies.

Autre front en ébullition, le budget de l'Etat pour l'exercice 2008. Durant la campagne électorale, des leaders politiques avaient fait des promesses en vue d'améliorer le vécu quotidien de la population. Le gouvernement en place s'était même engagé à motiver ses agents. Voilà que le projet de budget qu'il a soumis au Parlement accuse des faiblesses qui ne lui donneraient pas les moyens de tenir ses promesses. Le Sénat vient si bien de le lui faire remarquer.

Face à la palette des défis du moment, tous aussi urgents les uns que les autres, quelle solution miracle entend apporter le gouvernement pour ne pas se mettre sur le dos la masse de ses supporters du temps de la campagne électorale ? Faute de réponse rapide, la fin de l'année 2007 risque d'être mouvementée. Et pourquoi pas aussi le début de 2008. N'empêche que gouverner, c'est prévoir.

Le Potentiel


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