Friday, December 28, 2007

UN COMBAT A L'HORIZON ENTRE LA RD CONGO, LA CHINE, ET LA BANQUE MONDIALE

Congo-Kinshasa: La Chine, le Congo, l'Afrique et la Banque mondiale - un combat se profile à l'horizon

Le Potentiel
28 Décembre 2007

Les interventions bilatérales entre la Chine et les pays africains ne sont pas bien vues par les Occidentaux. En intervenant directement en Afrique, la Chine coupait l'herbe sous les pieds des Occidentaux et leur ôtait non seulement une source d'enrichissement, mais surtout un moyen de pression sur les pays africains.

Il y a quelques mois, nous avions écrit une série d'articles sur l'intervention chinoise au Congo en tant que catalyseur de l'économie congolaise.


Dans ces articles, nous avions relevé le fait que les interventions bilatérales entre la Chine et les pays africains n'étaient pas bien vues par les Occidentaux. A travers leurs institutions de financement telles que la Banque mondiale ou le FMI, les Occidentaux avaient constitué des mécanismes neo-coloniaux pour assurer leur enrichissement et leur mainmise sur le développement du continent africain.

Ces mécanismes de financement constituaient aussi un puissant moyen de pression politique sur les dirigeants africains. D'ailleurs, tout le monde connaît les conditionnalités qui sont liées à cette aide. Tout le monde connaît également le rôle des pays occidentaux dont les USA pour l'octroi des prêts par ces institutions.

En intervenant directement en Afrique, la Chine coupait l'herbe sous les pieds des Occidentaux et leur ôtait non seulement une source d'enrichissement, mais surtout un moyen de pression sur les pays africains.

LA GOUTTE QUI FAIT DEBORDER LE VASE

L'annonce d'un prêt de plus de 10 milliards de dollars au Congo à des conditions surprenantes et surtout les mécanismes de remboursement qui étaient inédits et innovateurs avait été la goutte qui fait déborder le vase.

Pour stopper cette situation, les Occidentaux ont d'abord cherché à minimiser la capacité de la technologie chinoise à répondre aux besoins des pays en développement.

Ils ont également évoqué le manque de prise en compte des aspects environnementaux dans toutes les interventions chinoises. Certains programmes notamment ceux de la télévision et la radio françaises avaient mentionné le fait que les Chinois n'utilisaient pas la main d'oeuvre locale, tout en faisant passer la Chine pour un pays qui ne regardait pas les droits de l'homme dans ses interventions. A ce propos, le cas du Soudan en est l'illustration la plus actuelle.

Toutefois, à l'heure actuelle, les Occidentaux ne sont plus en mesure d'affronter directement la Chine. Celle-ci dispose de puissants moyens de rétorsion qui peuvent porter un coup dur à plus d'un pays dits développés, d'une part, et d'autre part, beaucoup de pays en développement n'ont plus aucune confiance dans les institutions de Bretton Wood qui sont assimilées à des prédateurs des économies des pays faibles.

Toute cette propagande contre les interventions chinoises était en fait annonciatrice d'une action de grande envergure de l'Occident pour continuer à assurer sa mainmise sur le développement de tout un continent.

Cette politique de maintien dans le sous-développement de l'Afrique vient d'entrer dans une nouvelle phase avec la fin de la mission en Chine du président de la Banque mondiale, Robert Zoellick.

En effet, n'ayant pas le moyen de s'attaquer directement à la Chine, la seule voie qui s'offrait aux Occidentaux était « de faire de la Chine leur alliée ». C'est ce qui est en train de se produire.

Au terme de sa mission en Chine, le Président de la Banque mondiale est parvenue à arracher un accord avec Pékin aux termes duquel la China's Export-Import Bank va donner des fonds à la Banque mondiale et développer des projets communs Chine-Banque mondiale en Afrique.

A quelles conditions ces aides seront-elles attribuées ? Seul l'avenir nous le dira. Au cas où la Chine s'alignerait totalement sur cette politique, cela signifierait la mort de l'espoir suscité par la Chine pour le développement du continent.

QUE PEUVENT FAIRE LES PAYS AFRICAINS ?

La marge de manoeuvre des pays africains existe surtout si l'on agit au cas par cas. Cette approche serait bénéfique pour le Congo à condition que le pays ait la capacité d'analyser les futures interventions et projets de la Banque mondiale au Congo en regard avec les besoins de l'économie chinoise. Autrement dit, le Congo devrait être en mesure de fournir à la Chine ce dont elle a besoin sans passer par les intermédiaires financés par la Banque mondiale. Autrement dit encore, en ce qui concerne les échanges avec la Chine, le Congo devrait privilégier les échanges directs plutôt que ceux passant par des tierces institutions.

Cette ligne de conduite suppose une grande fermeté et même un refus de voir la Banque mondiale intervenir dans des secteurs où elle n'est intervenue que d'une façon mineure. Cela suppose aussi une capacité du Congo de procéder au traçage de ses matières premières à travers le monde. Jusqu'ici la Chine a démontré sa force de se passer des « conseilleurs occidentaux » et d'appliquer une politique conforme à son intérêt.

De même si l'utilisation des fonds chinois par la Banque mondiale au travers des projets communs ne répond pas aux besoins de la Chine, celle-ci reviendra à sa politique bilatérale qui lui est plus profitable à l'heure actuelle. Mais ceci dépendra de la capacité de résistance des pays africains aux nouveaux chants de sirène que les Occidentaux vont entonner à l'égard de l'Afrique.


Pour illustrer ce nouveau combat qui se profile à l'horizon, il suffit de voir les deux sommets qui viennent de se dérouler sur le continent européen : le sommet Union Européenne -Afrique et le sommet ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique).

Le sommet Union Européenne-Afrique s'est terminé avec une déclaration faisant état de l'égalité entre les deux continents. Ce sommet parlait également du développement d'un nouveau partenariat plus équitable et égalitaire avec l'Afrique.

Quelques jours plus tard, les mêmes se sont retrouvés autour d'une table de négociation pour le renouvellement des accords ACP qui arrivaient à terme. Surprise. Les négociations ont abouti à la signature d'un accord quoique plus ou moins acceptable, mais toujours négatif pour l'Afrique.

Les relations entre les pays sont dirigées par les intérêts, il est grand temps que les dirigeants africains, en général et congolais en particulier, aient une conscience de plus en plus aiguisée sur cet aspect et veillent à mettre en place des stratégies capables de promouvoir et de faire respecter leurs intérêts.

Joseph Tuambeku-Tuambeku

Le Potentiel

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