Monday, December 24, 2007

LA COFERENCE DU KIVU, EST ELLE UNE QUESTION NATIONALE OU PROVINCIALE?

Monday , 24 December 2007

Autant l’initiative est appréciée à sa juste valeur, autant d’autres personnes trouvent à redire sur la Conférence pour la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et du Sud-Kivu. Cela par rapport aux enjeux géostratégiques qui commandent le monde. La prudence recommande de marcher avec les grandes puissances plutôt que de les contrarier. D’où la nécessité de faire de cette conférence une affaire nationale et non provinciale.

« Conférence pour la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et du Sud-Kivu ». Ce sera du 27 décembre 2007 au 5 janvier 2008 à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu . L’initiative a été confirmée le 17 décembre dernier à Kinshasa au cours d’une assemblée plénière de préparation tenue au Grand Hôtel Kinshasa. Selon le communiqué final ayant sanctionné cette rencontre, les originaires de deux provinces se sont dit préoccupés par la persistance dans leurs milieux d’origine d’un climat de violence, de guerre et d’insécurité qui engendre une situation humanitaire catastrophique. Ils ont estimé que ce climat était de nature à entraver le démarrage de la reconstruction de leurs provinces. Aussi, ont-ils pris conscience de la responsabilité collective qui leur incombe pour rechercher des solutions définitives aux problèmes de paix, de sécurité et de développement du Nord et du Sud-Kivu. Il s’agit, en réalité, de jeter des bases d’une paix et d’un développement durable dans les deux provinces du Kivu.

Seulement voilà. Tout en appréciant à sa juste valeur l’initiative courageuse, d’aucuns y décèlent une restriction qui est aussi dangereuse que la menace persistante de guerre elle-même. Ces derniers estiment que la situation qui prévaut dans les provinces du Kivu est éminemment nationale pour que la recherche des solutions, voulues durables, soit réservée aux seuls ressortissants du Nord et Sud-Kivu.

Ils notent qu’il n’est pas assez prudent de répéter l’expérience de la Conférence pour la paix en Ituri (CPI). Elle a eu ses mérites, mais aussi ses limites, sinon ses défauts. Point n’est besoin d’y revenir.

DEJOUER LE SPECTRE DE LA CPI

Et même alors, il ne peut pas être fait abstraction des contingences extérieures qui ont pesé et influencé les participants aux travaux. L’Ituri était l’une des parties de la République la plus touchée par un conflit armé aux tentacules internationales. Ce qui a été prouvé, par ailleurs, en son temps. Au point que la puissance occupante, en l’occurrence l’Ouganda, a pris une part active à la CPI.

Bien plus, la CPI s’est tenue dans le contexte de la non restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. La situation de l’Ituri à l’époque, c’était un conflit dans un conflit. Raison pour laquelle la plupart des protagonistes ont été de grands absents de Sun City. Ils n’avaient pas été jugés dignes de participer au Dialogue intercongolais d’Afrique du Sud. Une négligence qui a coûté des vies humaines supplémentaires. Elle a mis en errance des centaines d’Ituriens. Elle a coûté cher, en termes de temps, d’argent et d’énergie.

La situation des deux Kivu diffère en ceci que le pays est doté depuis 2006 de dirigeants légitimes issus des élections générales au suffrage universel. Malgré ces poches de résistance, tenues par les hommes à Nkunda et d’autres groupes armés, aussi bien nationaux qu’étrangers, le pays divisé par la guerre a retrouvé son unité qu’il y a trois ou quatre ans. Des autorités à tous les niveaux de la territoriale ont été installées et répondent du pouvoir central de Kinshasa. Résultat du processus politique et démocratique entamé depuis la période de transition.

C’est pour cette raison et, d’autres encore qui tiennent des enjeux géostratégiques sur le plan international, que certains observateurs estiment qu’il n’est pas indiqué de répéter l’expérience de la CPI.

La situation dans les deux Kivu est une question nationale. Elle touche et influe sur la bonne marche de la République. Preuve ? Le gouvernement en a fait sa priorité au point de concentrer le gros des moyens à l’éradication de l’insurrection entretenue par le général déchu Laurent Nkunda et ses insurgés. Il serait fallacieux, voire très risqué de vouloir en faire un fait divers ou un sujet qui se réduirait aux seuls ressortissants de deux Kivu.

NE PAS OCCULTER LES ENJEUX GEOSTRATEGIQUES

A cet instant précis où les institutions de la République issues des urnes ont été démocratiquement mises en place, il serait souhaitable que la question des Kivu soit traitée au niveau de la représentation nationale que de vouloir réduire les prérogatives dévolues aux entités décentralisées, de manière à éviter le danger d’une sécession éventuelle, et de vouloir en même temps «provincialiser» une question qui touche à l’intégrité territoriale et à la souveraineté du pays. Ne serait-ce pas laisser les provinces échapper au contrôle du pouvoir central ?

Par ailleurs, les initiateurs de cette conférence sur la paix et le développement de deux provinces du Kivu semblent occulter les enjeux géostratégiques des grandes puissances qui, selon la plupart des spécialistes, subissent le diktat des puissances d’argent, autrement dit les multinationales. Celles-ci ont été citées dans tous les conflits dans le monde. Le panel des Nations Unies sur le pillage des ressources naturelles de la RDC ne les a pas épargnées.

Ignorer aujourd’hui qui est derrière Laurent Nkunda et son CNDP serait faire de la pure fiction. Des discussions devraient être engagées de manière directe, au niveau des institutions responsables, avec toutes ces puissances d’argent et les grandes puissances politiques de ce monde afin de concilier les intérêts. La conférence sur les Kivu en est une opportunité.

C’est à cette condition qu’elles pourraient nous « foutre la paix » une bonne fois pour toutes. En cas de dissimilation de cette réalité, des plans de balkanisation de la RDC qui ont fait le tour du monde, pourraient être mis à exécution. Et l’on reprendrait en choeur le chapelet connu de «la guerre nous imposée par la coalition x, y ». -- By Willy Kabwe

kongotimes


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