Wednesday, December 26, 2007

TOUT SAVOIR SUR LA CONFERENCE DE PAIX DE GOMA DU 27 DECEMBRE

A quelques heures de la conférence de paix de Goma sur la guerre qui secoue l'est de la République démocratique du Congo, les armes se sont tuent au Nord-Kivu. Le temps semble être au dialogue pour en finir avec la dernière « poche de résistance » et aller vers une paix totale et durable. Goma se présente donc comme le dernier verrou avec l'organisation de cette Table ronde sur la paix, la sécurité et le développement des deux Kivu. Une fois de plus, la Communauté internationale a apporté sa caution. Mais que sera exactement cette conférence ? Le point et les enjeux avec le journal de Kinshasa "Le Potentiel"...

212def5eec7787043c3da5b323d5c45e.jpgDu 27 décembre 2007 au 5 janvier 2008, sauf changement de dernière minute, sera organisée à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, la «Conférence pour la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu». Conférence placée sous le haut patronage du président de la République et qui a pour objectif de mettre un terme «au climat de violence, de guerre et d'insécurité qui engendre une situation humanitaire catastrophique de nature à entraver le démarrage de la reconstruction de deux provinces », au-delà de toute la République démocratique du Congo.

Conscientes de cette « responsabilité collective dans cet élan de recherche des solutions définitives aux problèmes de paix, de sécurité et de développement », toutes les parties congolaises ont convenu de l'organisation de cette conférence, privilégiant ainsi la voie politique.

Initiative qui vient de recevoir l'appui des partenaires extérieurs, lesquels manifestent des élans d'accompagner le peuple congolais vers la stabilité. Aussi, dans sa Résolution 1794 du 21 décembre 2007, le Conseil de sécurité «encourage vivement le Gouvernement de la République démocratique du Congo à régler la crise dans les Kivu de façon globale, notamment en organisant rapidement la table ronde sur la paix, la sécurité et le développement dans ces provinces».

Compte tenu de cette guerre qui s'enlise chaque jour au risque d'engendrer des conséquences incalculables, on ne peut que saluer l'organisation de cette table ronde.

- Attention de ne pas renouveler les échecs de Sun City : des voix s'élèvent déjà pour fustiger l'organisation. Il y aura 500 participants. Si l'on s'appuie sur le principe de la dynamique du groupe, est-on sûr de produire des résultats attendus ? Ensuite, peut-on se fier à la qualité des personnes retenues ? A Sun City, il y a eu un trop plein d'opportunistes à telle enseigne que l'on ressent aujourd'hui les effets négatifs de cette mauvaise représentation. Pour preuve, cette guerre du Kivu n'est que la résultante du côté négatif de Sun City, avec son goût d'inachevé.

- Les premiers couacs sont déjà là : La Société civile du Nord-Kivu, par la voix de son président Flavien Chiza, refuse de participer à cette conférence. Elle estime qu'il ne s'agit point d'une priorité ; que les conditions de sécurité ne sont pas remplies pour autant que les combats continuent ; et enfin débloquer près de deux millions de dollars américains ne serait que du gaspillage. Au fond, s'il ne le dit pas clairement, il met en doute la capacité des participants à maîtriser le fond du problème alors qu'eux qui sont sur le «terrain» ont été en quelque sorte négligés dans cette phase préparatoire.

Mgr Laurent Monsengwo, nouvel archevêque de Kinshasa et président de la Conférence épiscopale nationale du Congo, CENCO, enfonce le clou en soulignant qu'il faut que « tout se passe dans la transparence, le dialogue et la prise en compte des droits des Etats, du respect de l'intégrité territoriale et la souveraineté nationale. Que des questions de fond soient traitées dans toutes leurs dimensions ».

D'où cette question fondamentale de savoir : quelle est la question qui n'a pas été résolue à Sun City pour obliger Nkunda à prendre les armes, à être soutenu par le Rwanda comme le RCD jusqu'à obliger Kinshasa à accepter à organiser cette table ronde ? Si les organisateurs, les participants s'imposaient cette exigence pour reprendre cette interrogation, ils auront effectué un grand pas en avant.

Le Conseil de sécurité invite le gouvernement de Kinshasa à « régler la crise dans les Kivus de façon globale ». C'est-à-dire, en tenant compte des causes endogènes et exogènes. Mais, le Conseil de sécurité ne peut se disculper pour autant que le problème des Interahamwe est avant tout une question rwandaise et non une invention congolaise. Le Conseil de sécurité ne peut pas par conséquent demander au gouvernement congolais seul de régler cette crise.

Le conflit du Kivu : guerre régionale et "internationale"

En fait, le Kivu est au centre des enjeux régionaux et internationaux. Certains minerais du coin intéressent les grandes nations industrialisées qui disposent maintenant des alliés dans la région afin de fragiliser la République démocratique du Congo en faisant du Kivu le ventre mou du Congo. Au finish, balkaniser le Congo-Kinshasa. Tel est le véritable objectif de toutes ces guerres au Kivu.

Inviter Nkunda ?

Les avis demeurent partagés. Même au sein du gouvernement, certains membres estiment qu'inviter Nkunda équivaut à « une véritable tragédie nationale » et le pays risque de voler en éclats. Ils sont convaincus que la guerre actuelle est le prolongement de l'agression de 1996. D'autres relèvent qu'il s'agit d'une chance unique pour aller vers une paix totale et durable dans la mesure où l'ordonnance portant création de cette conférence stipule en son article 2 que « la Conférence a pour objet de réfléchir et de faire des propositions au gouvernement de la République sur les voies et moyens de jeter les bases d'une paix durable et d'un développement intégral dans les provinces du Nord et Sud-Kivu.

Sur le plan interne, il y aura une forte représentation nationale : groupes et organisations confessionnelles, mouvements associatifs, politiques ; représentants politiques des mouvements armés. Le CNDP de Laurent Nkunda figure, jusqu'à preuve du contraire, parmi les invités. En ce qui concerne les missions diplomatiques, on fait état des Etats-Unis d'Amérique, de la Chine et de l'Angola. Quant à la facilitation, il est fort probable qu'il y ait une co-facilitation, impliquant plusieurs personnes. Ci-après la liste des invités externes :

1. Facilitation externe

Un délégué des organisations des Nations unies ;

Un délégué de l'Union africaine ;

Un délégué de l'Union européenne ;

Un délégué de la SADC ;

Un délégué de la CEEAC ; Un délégué de la CEPGL.

2. Invités spéciaux

Envoyés spéciaux dans les Grands Lacs des pays et organisations internationales ; Les ambassadeurs accrédités en République démocratique du Congo ; Monsieur Masino Tosci, ministre provincial Toscane (Italie).

3. Expertise externe

Experts venants du Système des nations unies ; Experts venant du Système bilatéral et mutilatéral impliqués dans la résolution :

- Howard Wolpe

- Sans Egidio

- International Crisis Group

- Carter center

- Accord

- Search for Common Group : Madame Lena Sundh

- Fondation Konrad Adenauer

- Electoral Institute of SouthernAfrica (EISA)

- Beati Constructore di Pace : Madame Liza Clarck.

Experts venant des ONG internationals.



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