Tuesday, December 25, 2007

Les blessures de la RDC expliquées par l’intellectuel congolais Jean I.N. Kanyarwunga

APA – Dakar (Sénégal) La République démocratique du Congo (RDC) s’engage jeudi, pour plusieurs jours, dans une conférence ouverte à « tous » et destinée à « ramener la paix dans la partie orientale du pays, le Nord-Kivu.

Cette crise, qui a causé la mort de civils et poussé des dizaines de milliers de personnes hors de leurs maisons et villages s’inscrit dans une longue série de conflits répétitifs ayant secoué le vaste territoire, ex-colonie belge.

C’est à remonter les origines de cette tragédie qu’invite l’écrivain congolais Jean I.N. Kanyarwunga, qui a consacré à son pays deux publications parues en 2006 aux éditions « Publibook », et qui éclairent largement sur ce qui vaut à l’ex Zaïre d’être régulièrement au cœur d’une actualité brûlante.

Le premier de ces ouvrages, s’intitule « RDC : les générations condamnées, déliquescence d’une société précapitaliste ».

Pour comprendre la tragédie congolaise », selon Kanyarwunga, il faut partir de l’origine même de l’existence du Congo, en tant qu’Etat et non nation. C’est donc retour à la Conférence de Berlin (15 novembre 1884 au 25 février 1885) qui a démembré l’Afrique.

Sous le règne du prince de Brabant et deuxième roi belge Léopold II, qui s’autoproclamera le 30 avril 1885) le souverain, le Congo n’est que « travail forcé, mort de milliers d’hommes » pour la construction du chemin de fer Matadi-Kinshasa, long de 390km. C’était déjà à cette époque, rappelle «l’exploitation à outrance, sauvage et meurtrière du caoutchouc, de la résine, de l’ivoire et des rivières aurifères », rappelle l’auteur de « RDC : les générations condamnées, déliquescence d’une société précapitaliste ».

Dans son récit du Congo d’hier à aujourd’hui, Jean I.N. Kanyarwunga, promène le lecteur dans un univers de souffrance et de misère rendues plus insupportables par la conscience qu’a le Congolais des richesses de son pays, celles qui paradoxalement lui valent d’être … si tragiquement affecté par les guerres à répétition.

Il évoque pêle-mêle, entre autres épisodes de l’histoire du Congo-Zaïre, la campagne contre les atrocités dans ce pays, menée ouvertement par un vétéran noir de la guerre de sécession aux Etats-Unis et par d’autres missionnaires, sans oublier la bande dessinée intitulée « Tintin au Congo », considérée comme le summum de la pensée et raciste.

La liste est longue des périodes revisitées par l’auteur de « RDC : les générations condamnées, déliquescence d’une société précapitaliste ».

On retiendra sur ce chapitre post-indépendance, l’assassinat, le 17 janvier 1961, de Patrice Emery Lumumba, premier Premier ministre du Congo indépendant, « décidé » par le président américain Dwight D. Eisenhower et le royaume belge, le règne de Mobotu, « homme désigné des commanditaires du meurtre de Lumumba pour servir pendant 32 ans les intérêts des pays occidentaux », le pouvoir de Laurent Désiré Kabila et la succession de ce dernier, assurée par le fils Kabila Joseph Kabenge, actuel président de la RDC.

Un volume de 219 pages dont le lecteur sort avec le sentiment partagé d’espoir et de tristesse pour un peuple si affecté sur une terre si prospère. A croire que le Congo paye pour son image de "scandale géologique".

La seconde publication de Jean I.N. Kanyarwunga « L’envers du parchemin » est un roman de société « une autobiographie qui n’a pas peur de dénoncer et de faire mal », selon la critique.

Ce livre parle d’un jeune diplômé de 23 ans, licencié en philosophie et né en RDC. Tiraillé entre sa famille, sa fiancée l’attendant dans son village natal, et ses ambitions dans son pays, le jeune diplômé se retrouve pris au piège des traditions « étouffantes », mais aussi des « espérances modernes » de ses compatriotes. Jean I.N. Kanyarwunga y met en évidence les désillusions et la fin d’un rêve.

L’auteur est né en 1953, à Mugwata, dans le Nord-Kivu, en RDC. Il est licencié en histoire (université de Lubumbashi) et diplômé en études du développement à l’université de Genève, où il vit depuis 1985. Il a été professeur puis fonctionnaire au ministère du Plan à Kinshasa.

C’est pour participer à l’émergence de conditions favorables à la restauration de la paix en RDC, que l’intellectuel et homme d’affaire a consacré plusieurs années à la recherche, pour apporter de la lumière dans ce que des observateurs éloignés de la scène congolaise analysent comme un « piège sans fin ».

Ses deux oeuvres s’adressent principalement à l’Afrique d’abord, aux compatriotes de l’auteur, en particulier. .

Jean I.N. Kanyarwunga affirme lui-même que ses publications « ont reçu un accueil au-delà de toutes (ses) attentes, à la Foire du Livre de Bruxelles (28 au 3 mars 2007), à la Foire internationale du Livre de Paris (23 au 27 mars 2007) et au Salon du livre et de la Presse de Genève (du 2 au 6 mai 2007).

« Après l’accueil chaleureux des milieux universitaires européens, je suis convaincu que (les livres en question) connaîtront le même succès auprès des Congolais, Européens, Américains, des voyageurs, des coopérants, des chercheurs africains et africanistes... », écrivait-il, à sa maison d’édition en juin dernier.


GM/ib/APA


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