Wednesday, December 19, 2007

LE SUN-CITY DU KIVU

Un nouveau ‘‘Sun-City’’ pour le Kivu !
(La Prospérité 19/12/2007)

Entre 400 et 600 notables et personnalités du Nord et Sud-Kivu vont se retrouver à Goma, du 27 décembre 2007 au 5 janvier 2008, pour explorer les voies et moyens de ramener la paix dans les deux provinces. Environ 1,5 millions de dollars sont mobilisés pour ce faire. On est en droit de s’interroger sur cette stratégie de vouloir résoudre une question essentiellement sécuritaire, relevant de la souveraineté nationale, par des ‘’enfants du quartier’’ uniquement.
Il y a peu, on parlait d’une table ronde pour le Kivu. Une initiative, dont le Gouvernement était à l’origine, ouvertement soutenue par le RCD de Ruberwa, mais rejetée par des élus de deux provinces (Nord et Sud) du Kivu. Ceux, qui ne voulaient rien entendre de la tenue d’une table ronde, multipliaient des déclarations dans la presse comme pour bien véhiculer leur pensée. C’est ainsi qu’on pouvait entendre quelqu’un affirmer ostentatoirement qu’il n’existait pas un problème entre communautés dans cette partie du pays. Il se disait que le défi lancé par Laurent Nkunda était militaire, par conséquent, la réponse devrait également être militaire.
Au jour d’aujourd’hui, par la force des choses, l’idée d’une rencontre entre les filles et fils du Nord et Sud-Kivu refait surface. Les termes ont changé. On parle plutôt de la ‘‘Conférence sur la paix, la sécurité et le développement des provinces du Nord et du Sud Kivu’’. Une plénière préparatoire a eu lieu le lundi 17 décembre dernier au Grand Hôtel Kinshasa -GHK-. Si l’objectif de la réunion du GHK était de faire une photo d’ensemble, de famille, ou une action de relations publiques, personne ne pourrait se permettre, sans friser le ridicule, de dresser un constat d’échec. Pour autant que la majorité de l’élite que le Grand Kivu a produit, ses dix dernières années, était présente. Très remarquée, la présence de Vital Kamerhe (président de l’Assemblée nationale), celle de l’abbé président de la moribonde CEI, Apollinaire Malumalu, et de l’ancien Vice-président de la République, Azarias Ruberwa, qui a déclaré récemment sur les ondes de RFI que sa communauté vivait la ségrégation dans son propre pays. Malumalu, qui dirige les travaux préparatoires, fixe l’objectif : amener tous les acteurs de la vie politique, économique, militaire et sociale à faire acte d’engagement pour la paix, la sécurité et le développement. Et de poursuivre : ‘‘nous voulons mobiliser toutes les forces vives du Nord et Sud-Kivu pour évaluer le préjudice subi sous ses différents aspects par nos deux provinces depuis 1994, proposer des mécanismes appropriés en vue du désarmement des groupes armés nationaux et étrangers’’.
On ne connaît pas un seul Congolais, épris de paix et de justice, qui ne puisse pas soutenir toute proposition tendant à mettre fin à la guerre qui sévit au Kivu. Les images destructrices de compatriotes qui fuient les combats dans la brousse ne peuvent laisser les âmes insensibles. Seulement, le choix des acteurs est loin de faire l’unanimité. Il serait difficile pour des gens qui ont passé toute leur jeunesse à s’insulter, puis à se faire la guerre, de transcender les bas sentiments qui les ont toujours animé sans un réel sursaut d’orgueil national. C’est l’ensemble du Congo qu’il faut voir. La question sécuritaire du Kivu, croît-on savoir, doit être résolue dans un cadre plus ouvert. Pas seulement réservé aux ressortissants de deux provinces citées. Sinon, le Kivu, grand vainqueur du processus électoral, n’aurait eu aucune difficulté à pacifier l’Est du pays dans le cadre des Institutions issues des urnes. Autrement dit, il faudrait une forte implication nationale. Plus le dossier sera traité avec beaucoup de transparence, ce qui ne semble pas être le cas, mieux on se rapprochera du noble objectif d’une paix durable et d’un développement intégral deviendra réalité.


La Prospérité
19-12-2007 - 09:00:43

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