Wednesday, December 5, 2007
Conflit RDC - Rwanda/ Sommet d’Addis Abeba : quitte ou double
(Le Potentiel 05/12/2007)
Le conflit RDC-Rwanda est arrivé à son point culminant. Toutes les initiatives ont été épuisées. Sauf la dernière portant signature de l’Accord de Nairobi. Il sera endossé ce mercredi 5 décembre à Addis Abeba, en présence de Condoleezza Rice, secrétaire d’Etat américaine. Mais aussi des présidents Joseph Kabila, Paul Kagame, Yoweri Museveni et Pierre Nkurunziza, respectivement présidents de la République démocratique du Congo, du Rwanda, de l’Ouganda et du Burundi. Sommet de la dernière chance pour imposer une paix durable dans la région. Il n’y a pas d’autre alternative. Dans le cas contraire, c’est le retour à la case départ.
Addis Abeba, capitale de l’Ethiopie, siège de l’Union africaine, s’apprête certainement à inscrire un « haut fait politique » dans son palmarès. Addis Abeba abrite donc ce jour un sommet sur la paix entre la République démocratique du Congo et le Rwanda. Plus particulièrement entre les pays qui l’ont agressée, à savoir le Rwanda et l’Ouganda. La RDC a, par conséquent, présenté un « Plan d’action » conformément à l’esprit de l’Accord de Nairobi visant la neutralisation des forces négatives dans la région des Grands Lacs. Particulièrement les rebelles rwandais, FDLR, et bien sûr les insurgés de Nkunda, cette autre rébellion armée qui vise à déstabiliser les institutions de la République démocratique du Congo.
Sommet placé sous les auspices de Etats-Unis qui espèrent ainsi réussir là où plusieurs pays et organisations ont échoué. Après Annapolis, l’administration Bush qui se retirera en novembre 2008 entend demeurer maîtresse de tous les enjeux. L’on vient de s’engager sur la dernière ligne droite de la recherche de solution durable à ce conflit entre la RDC et le Rwanda.
QUITTE OU DOUBLE
Le sommet de Addis Abeba demeure incontestablement une épreuve de vérité. En fait, depuis Nairobi, les masques sont tombés, dirait-on.. Que ce soit de la réalité des Interahamwe ou du soutien que bénéficie la rébellion Nkunda auprès des pays voisins, particulièrement le Rwanda.
En ménageant également Laurent Nkunda, les Etats-Unis ont levé un coin du pan de voile sur le rôle qu’ils jouent dans les conflits dans cette région. Ils ne peuvent point le nier. S’ils ne sont pas encore des « pyromanes », il est clair que leur influence est considérable et que s’ils décident effectivement à ce que la paix revienne dans ce coin, ce sera chose faite. Pour preuve, la « tripartite Plus » initiée par Washington a pris de court la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL, avec cette signature de l’ Accord de Nairobi. On ne peut, par conséquent, concevoir la poursuite de la politique de l’autruche, chaque partie sachant désormais ce qu’elle doit faire. C’est ainsi que la République démocratique du Congo, selon l’Accord de Nairobi, a élaboré son « Plan d’action » qui doit être endossé aujourd’hui à Addis Abeba. Reste donc l’engagement du Rwanda et de l’Ouganda. Mais surtout celui des Etats-Unis qui détiennent la « clé » de l’énigme. A eux donc de jouer la dernière carte et de dire le dernier mot. Pour autant qu’ils sont mobilisé toutes les têtes d’affiche de la diplomatie américaine, ils doivent effectivement peser de tout leur poids.
Car, ce qu’il faut craindre ici, ce sont les conséquences dévastatrices d’un éventuel échec. L’on assistera alors à l’escalade de la violence et du « terrorisme d’Etat » dans la région ; à la remise en cause des acquis de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, et évidemment à la détérioration des relations entre la RDC et le Rwanda caractérisées par le manque total de confiance mutuelle depuis plus d’une décennie.
Mais dans l’hypothèse d’une réussite, les peuples de la région auront repris goût de l’existence. Partant, le Rwanda, la République démocratique du Congo apporteront réellement leurs contributions au développement et à l’émancipation des pays et peuples de cette région des Grands Lacs. Ils auront cessé d’être porteurs de germes de l’idéologie du génocide, de la déstabilisation, de l’insécurité, de la destruction et de la régression.
DES DISPOSITIONS DRASTIQUES
Evidemment, il faudra cesser de tourner autour du pot. Mais prendre par contre des dispositions drastiques qui consistent à fixer les conditions d’une paix permanente. La restauration des Etats démocratiques, vu dans son sens le plus large, est la panacée. Dans ce cas, les Etats-Unis qui détiennent en ces instants cruciaux « la dernière carte » sont appelés à quitter le « vieux sentier de la Guerre froide » et ne plus pratiquer la politique de deux poids, deux mesures. L’absence de la démocratie est manifestement la cause principale de la montée de l’ethnicisme, du flux des réfugiés.
La solution durable sur les Interahamwe tient justement à la restauration des Etats démocratiques. De même, qu’il importe de régler définitivement le sort de Nkunda. Si l’on se montre sévère à l’endroit des Interahamwe, Nkunda devra répondre de son acte et des conséquences de sa rébellion devant la justice de son pays. Au besoin, si les faits lui reprochés sont graves, le traduire devant la justice internationale pour crime contre l’humanité. On ne peut résoudre un problème, protection de la minorité soit-elle, en faisant couler le sang des innocents, en se rebellant contre le pouvoir établi. Ce ne sont pas certainement les pays de vieille démocratie qui vont instituer cette « justice inique, sélective et partiale ». Pourquoi alors les Etats-Unis n’ont jamais évoqué la piste judiciaire en ce qui concerne Nkunda ? La question reste posée.
Par ailleurs, puisqu’il faut éviter une catastrophe humanitaire, mais remettre tous les pays de la région sur la voie de la paix, de la stabilité et du développement, particulièrement la RDC qui paie cette facture très salée des tares des pays voisins et de la duplicité de la Communauté internationale, la RDC, disions-nous, mérite un soutien tous azimuts. Aussi, si par aventure politique, il faudrait recourir à la force pour neutraliser les forces négatives, toutes tendances confondues, un appui financier, militaire doit être accordé à la RDC sans hésitation. Toute attitude dubitative ne serait que complicité et duplicité. La Communauté internationale, avec les Etats-Unis en tête, en porteraient le chapeau. Voilà pourquoi le sommet d’Addis Abeba est placé sous le signe du quitte ou double.
Le Potentiel
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