Saturday, December 1, 2007

Mémorandum du FOCAS en rapport avec la crise sécuritaire à l’Est du Congo

30 novembre 2007 - "Les pillages des ressources naturelles à l’Est de la Rdc par le Rwanda et les entreprises multinationales en connexion avec le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda ont été largement documentés et condamnés. Les milices telles que le Congrès National pour la Défense du Peuple (Cndp) de Nkundabatware, les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (Fdlr) et d’autres ont été utilisées dans l’extraction des mines ou dans la protection des mines. Armes et argent leur ont été régulièrement remis en échange avec leurs services. Il est maintenant évident que l’invasion de Bukavu par Nkundabatware en 2004 a été juste une stratégie pour pousser le gouvernement congolais et la Monuc à orienter leurs efforts militaires sur Bukavu pendant que les forces rwandaises seraient occupées à contrôler Walikale et Lueshe et à extraire les ressources minérales de ces mines très enviées", C'est ce que l'on peut lire dans un extrait du mémorandum du Focas dont, ci-dessous, l'intégralité du texte.

Mémorandum du Forum des Organisations Congolaises en Afrique du Sud (FOCAS) en rapport avec la crise sécuritaire à l’Est de la République Démocratique du Congo à l’Ambassade de Belgique en Afrique du Sud

1. Ce mémorandum s’oppose fermement à la désinformation et aux discours propagandistes sur la crise sécuritaire dans les provinces du Kivu (Est de la RDC) principalement répandus par le chef de la milice du Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), le Général Laurent Nkundabatware. Ce document a été remis à l’Ambassadeur de la Belgique en Afrique du Sud, M. Jan F. Mutton, lors de sa conférence sur “ l’engagement de la Belgique à la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs”, tenue à l’Université de Witwatersrand, à l’Institut Sud Africain d’Affaires Internationales, le 13 novembre 2007.

2. FOCAS demande à la communauté internationale de rejeter toute manipulation et propagande fondée sur une prétendue division ethnique à l’Est de la RDC. Rien et absolument rien ne peut justifier les massacres, les viols, les tueries et les déplacements actuels des populations congolaises, particulièrement dans les provinces du Kivu. 3. FOCAS est une coalition des organisations de la société civile oeuvrant en Afrique du Sud. Il a des contacts avec les ONGs du Kivu et quelques-uns de ses membres ont des familles parmi les déplacés de l’Est de la RDC. Selon des informations en provenance de ces derniers, il y a suffisamment de preuves sur le soutien du Rwanda au Général-renégat Laurent Nkundabatware [1]. Ce soutien s’explique par le fait, d’une part, que le Rwanda cherche à préserver son régime contre la menace de la majorité hutu qui cherchent à rentrer au Rwanda et, d’autre part, par le fait qu’il veut continuer à piller les ressources naturelles et d’autres formes de richesse du Congo.

4. Les pillages des ressources naturelles à l’Est de la RDC par le Rwanda et les entreprises multinationales en connexion avec le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda ont été largement documentés et condamnés [2]. Les milices telles que le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP) de Nkundabatware, les Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) et d’autres ont été utilisées dans l’extraction des mines ou dans la protection des mines. [3] Armes et argent leur ont été régulièrement remis en échange avec leurs services. Il est maintenant évident que l’invasion de Bukavu par Nkundabatware en 2004 a été juste une stratégie pour pousser le gouvernement congolais et la MONUC à orienter leurs efforts militaires sur Bukavu pendant que les forces rwandaises seraient occupées à contrôler Walikale et Lueshe et à extraire les ressources minérales de ces mines très enviées. [4] Le mouvement de Nkundabatware et ses alliés rwandais ont ouvertement pillé les ressources minérales congolaises et les ont commercialisé avec la complicité des entreprises internationales généralement établies au Rwanda, mais avec affiliation à des compagnies aux Etats Unis d’Amérique, en Grande Bretagne, en Allemagne, et en Afrique du Sud [5].

5. Des hommes d’affaires malhonnêtes et incontestés continuent à entretenir des liens d’affaires avec Nkundabatware et autres mouvements rebelles sans aucune condamnation de la MONUC ou de leurs pays d’origine. L’instabilité dans les provinces du Kivu continue à cause du Rwanda qui offre un refuge paisible à ces réseaux de mafia et à cause du fait qu’aucun des pays développés où ces minerais sont acheminés ne veut tenir ses citoyens malhonnêtes et ses entreprises criminelles responsables de leur sale business en RDC. Recommandations.

6. Nous demandons à la Belgique d’appuyer l’Etat congolais dans les secteurs-clés du rétablissement de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national. Il s’agit de lui apporter de l’expertise et des ressources financières dans les secteurs tels que l’administration des entités décentralisées, l’administration de la justice sociale, la défense et la sécurité nationale, ainsi que la police de migration (DGM).

7. Nous souhaitons que la Belgique pousse la Communauté Internationale à la formation d’Un « Trust Board » pour résoudre le problème de la criminalité internationale dans la région des Grands Lacs, en particulier à l’Est de la RDC. Il est important que les communautés locales soient consultées et impliquées dans le processus visant à établir ce « Trust Board ». Cette initiative devrait aussi inclure l’établissement d’un fond de développement pour les communautés brutalisées dans les Kivus.

8. Il est grand temps que l’actuel gouvernement rwandais arrête d’utiliser le « génocide » comme un outil idéologique visant à obtenir la sympathie de la communauté internationale et à cacher ses activités génocidaires à l’endroit des réfugiés hutus et ses ambitions expansionnistes en RDC. Le temps est révolu pour continuer à faire du génocide passé un fond de commerce au détriment du peuple congolais qui, du reste, subit une politique d’extermination secrète par le régime Kagame dans les provinces de l’Est du Kivu, avec l’objectif de peupler ce territoire congolais des ressortissants rwandais qui vont par la suite réclamer un droit d’autodétermination politique.

9. Nous exigeons de la Communauté Internationale, à travers la MONUC et autres initiatives, de s’efforcer à garantir le succès du processus DDRRRR qui vise le désarmement, la démobilisation, le rapatriement, la réintégration et la réinsertion des réfugiés hutus. Il est aussi important que la communauté internationale fasse pression sur le Rwanda pour une réelle démocratisation de l’espace politique et l’organisation d’un dialogue inter-rwandais, ce qui figure parmi les conditions posées par les FDLR.

10. La communauté internationale devrait arrêter d’être prise dans le piège de la propagande rwandaise. Les acteurs de l’insécurité dans les provinces du Kivu tendent à justifier leurs actions militaires et leurs atrocités sur les populations locales sous le prétexte d’une imminente menace pesant sur les Banyamulenge et les Tutsis Congolais. C’est fort de ce prétexte que le Général dissident Nkundabatware prétend défendre les Banyamulenge et les communautés Tutsi congolaises prétendument en voie d’extinction et que le Président du RCD-G, Monsieur Azarias Ruberwa, appuie ces prétextes par l’argument de la prétendue sous-représentativité des Banyamulenge et des Tutsis congolais dans les institutions publiques. Une analyse profonde de la situation politique en RDC montre que de telles allégations sont fallacieuses et propagandistes.

11. Nous voulons que la justice internationale et nationale ne soit point sacrifiée sur l’autel de la complaisance sous prétexte de rechercher des compromis politiques qui ne sont souvent que précaires et inappropriés. Les victimes ont placé un grand espoir en la Cour Pénale Internationale ou une juridiction internationale ad hoc pour connaître la vérité sur les abus subis et pour obtenir un redressement. Nous nous attendons à ce que la Cour Pénale Internationale aille au-delà des cas de Thomas Lubanga et Germain Katanga. Les grands criminels comme le Général dissident Nkundabatware et autres fauteurs de trouble doivent faire l’objet d’un mandat d’arrêt international dans un effort concerté de lutter contre la culture dominante de l’impunité. Nous demandons que la Cour Pénale Internationale enquête et poursuive les dirigeants régionaux qui ont soutenu, financé et armé les milices en RDC.

Background

12. La République Démocratique du Congo a accédé à la souveraineté internationale le 30 juin 1960. Tour à tour propriété du Roi Belge Léopold II (1885-1908) et du Royaume de Belgique (1908-1960), elle demeure de nos jours encore sous la domination des puissances extérieures.

13. La République Démocratique du Congo respire encore l’air pollué de sept ans de guerre (1996-2002) dite « troisième Guerre Mondiale » [6] qui a impliqué plus de huit pays africains (Rwanda, Ouganda, Burundi comme pays agresseurs; et Angola, Namibie, Zimbabwe et Tchad comme alliés de la RDC) et plusieurs groupes rebelles nationaux et étrangers (UNITA de Savimbi, FDLR anciens rebelles hutu, MLC, RCD et ses variantes, etc.). Mais en réalité, beaucoup d’acteurs privés et étatiques d’autres continents en ont retire d’énormes avantages économiques et politiques. [7] Les conséquences de ces guerres sont une catastrophe humaine [8], écologique et économique incalculable. Des rapports crédibles ont montré que plus de 3.500.000 des personnes sont mortes, environ 40.000 cas de viols ont été reportés [9] et plus de 17.000 enfants ont été recrutés comme soldats. [10] Le Secrétaire Général adjoint des Nations Unies en charge des Affaires humanitaires et Coordonnateur de l’assistance d’urgence, John Holmes, a eu ces mots forts pour exprimer ce qu’il a entendu au Kivu/RDC : « c’est tout simplement incroyable; pas de mot juste pour décrire ce que j’ai entendu. Je ne peux dire qu’une seule chose : « Plus jamais ». Je n’oublierai jamais ces récits toute ma vie ». [11] “ Plus jamais”, l’expression qui a été utilisée après les deux guerres mondiales l’est encore aujourd’hui.

13 Novembre 2007, Johannesbourg, Afrique du Sud

FOCAS

© Sankurunews

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