“La Libre Belgique” est en mesure de révéler ce que contient le protocole
d’accord sino-congolais.
Les ressources minièrescongolaises serviront à payer la construction par la Chine
d’infrastructures au Congo.
Validité : 30 ans.
Alors que les pays industrialisés s’inquiètent del’implantation chinoise
grandissante en Afrique,le Premier ministre du Congo, Antoine Gizenga, a évoqué,
samedi dernier à Kinshasa,les possibilités de redressement du pays, offertes par “la coopérationfinancière avec laChine”.
Celle-ci, selon un accord-cadre,doit reposer sur la prise en compte des intérêts réciproques des deux parties, le transfert de
technologie, la création d’emplois,la sous-traitance de travaux en faveur d’entreprises congolaises,a précisé le Premier ministre congolais.
Un protocole d’accord a été signé, le 17 septembre 2007, entre les deux pays, a annoncé M. Gizenga,tenant compte des besoins en infrastructures duCongo et de
la nécessité pour les entreprises chinoises “de garantir leur approvisionnement
enmétauxde base”.
Un vent favorable a livré à “La LibreBelgique” ce protocole.
Le texte a été signé à Kinshasa par le ministre congolais des Infrastructures,des Travaux publics et de la Reconstruction,Pierre Lumbi, et par le représentant d’un groupement d’entreprises chinoises, Li Changjin. Ces entreprises sont l’Exim Bank of China, la China Railway Engineering Corp. (dont M. Li Changjin est le pdg) et la Sinohydro Corp.
68pc chinois,32pc congolais
Le protocole porte sur le financement, par la partie chinoise,d’infrastructures au Congo, “en contrepartie de l’exploitation des ressources naturelles” congolaises,et cela pour “trente ans”.
L’accord établit la création d’une société minière mixte de droit congolais, en joint-venture entre ces sociétés chinoises et des sociétés congolaises qui seront “désignées par le gouvernement”;68 pc des parts seront chinoises, 32 pc% congolaises.
En annexe, il est spécifié que la partie chinoise attend 8 millions de tonnes de cuivre, 200,000 tonnes de cobalt et 372 tonnes d’or;les gisements cités (encore “à
trouver” pour l’or) sont les cuvettes Mashamba et Dima, le synclinalDikcollineD,
et Kolwezi.
En échange, les Chinois construiront 12 routes, 3 autoroutes,une ligne de chemin de fer, 32 hôpitaux, 145 centres de santé, 2 universités et 5000 logements sociaux.
D’abord rembourser
La répartition du résultat d’exploitation de la nouvelle société se fera “entrois étapes”.Durant la première, la “totalité du résultat d’exploitation servira au remboursement et à l’amortissement de l’investissement minier”, y compris les intérêts.
Durant la seconde étape, “66 pc du bénéfice net du résultat d’exploitation de la société de joint-venture sera utilisé pour le paiement et le remboursement des
travaux d’infrastructures”, dont le montant “total” sera de “trois milliards de dollars” (1), les 34 pc restants étant “distribués proportionnellement entre parties”.
Répartition proportionnelle
Enfin, la troisième étape, celle de l’exploitation commerciale, n’adviendra qu’“après le remboursement et l’amortissement de la totalité des investissements”;
elle donnera lieu à une répartition du dividende proportionnelle à la participation, soit 68 pc pour les Chinois, 32 pc pour les Congolais.
La partie chinoise sera exemptée des frais, paiements, droits, impôts et taxes liés à ses activités minières et sera libre de choisir ses matériel, équipement, technologie et services, et d’embaucher, “à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, le personnel qualifié
conformément à la législation congolaise enlamatière”.
Marie-FranceCros.
(1) A titre de comparaison, les bailleurs de fonds du Congo, réunis la semaine dernière à Paris, ont annoncé un total de 4 milliards de dollars d’appui à Kinshasa pour 3 ans. Et le budget de l’Etat congolais pour 2008 est de 3,3milliardsdedollars.
M La percée chinoise en Afrique – ici en Guinée-Bissau – est un des bouleversements des dernières années.
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