Monday, December 10, 2007

50 ANS APRES, LA PAGE COLONIALE RESTE DOULOUREUSE


Sommet de Lisbonne

Intervention du Premier ministre portugais José Socrates le 8 décembre 2007 au sommet de Lisbonne
© AFP Miguel a r Lopes
LISBONNE (AFP) - lundi 10 décembre 2007 - 9h45 - Cinquante ans après le début de leur décolonisation, les Africains ont réaffirmé samedi, avec force et émotion, leur "exigence de devoir de mémoire" à des Européens pressés d'ouvrir une nouvelle ère dans leur relation, débarrassée du passif colonial.
"Durant 500 ans, les relations entre nos continents n'ont pas été une relation heureuse", a rappelé en préambule du 2e sommet UE-Afrique le chef de l'Etat ghanéen John Kufuor, président en exercice de l'Union africaine.

Après "la traite abominable des esclaves qui a duré trois siècles, et qui a été suivie par la colonisation, puis l'apartheid", ce sommet, a-t-il jugé, est "important pour corriger cette injustice de l'histoire".

Juste avant lui, le Premier ministre portugais José Socrates, président en exercice de l'UE, avait appelé ses hôtes à "écrire une page entièrement nouvelle dans les relations entre l'Europe et l'Afrique".

"Nous pouvons et nous devons tourner des pages mais jamais les déchirer", lui a répondu le président de la Commission africaine, le Malien Alpha Oumar Konaré.

Dans une intervention aux accents graves voire solennels, qui aura marqué l'ouverture de ce sommet, M. Konaré a rappelé aux quelque 67 chefs d'Etat et de gouvernement réunis l'"exigence de devoir de mémoire vis-à-vis de la traite négrière, de la colonisation, de l'apartheid, du génocide rwandais".

Intervention du Malien Alpha Oumar Konaré le 8 décembre 2007 au sommet de Lisbonne
© AFP Miguel a r Lopes

"Non pas pour polémiquer, non pas pour un quelconque chantage ou repentance dans un sens d'humiliation mais pour ouvrir, en toute responsabilité et en toute conscience, les voies de l'avenir", a-t-il insisté. "Il nous faut admettre la réalité et reconnaître la vérité de ces drames pour éviter tout oubli, toute falsification de l'histoire pour que les victimes ne deviennent les coupables et que les faits se répètent", a-t-il poursuivi.

Sept ans après un premier sommet au Caire, qualifié de "catharsis" par le secrétaire d'Etat portugais à la Coopération Joao Gomes Cravinho, et qui, aux yeux des Européens, aurait dû avoir "soldé les comptes", manifestement, la question n'est pas réglée.

Elle aurait même dû être, aux yeux du colonel Mouammar Kadhafi, "un des points principaux du sommet".

"Les forces coloniales doivent dédommager les peuples qu'elles ont colonisés et dont elles ont spolié les richesses", a ainsi affirmé le dirigeant libyen , vendredi lors d'une conférence publique à Lisbonne.

"Les colonisateurs ont déjà payé des sommes considérables pendant des décennies (...) Et on continue, donc on n'a pas de leçon à recevoir de ce point de vue", lui a sèchement répondu samedi le commissaire européen au Développement Louis Michel.

Une fin de non recevoir qui n'a pas impressionné les Africains, qui sans aller jusqu'à évoquer les "compensations", exigées par le colonel Kadhafi, ont cependant insisté pour que l'Europe endosse ses responsabilités.

"Le continent africain a beaucoup de problèmes de développement ou plutôt de sous-développement, liés à des causes historiques, surtout la colonisation", déclarait avant même l'ouverture des travaux le Premier ministre marocain El Fassi Abbas.


2007 AFP


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