Monday, December 3, 2007

LES USA POUR L'EXIL, L'UA MUETTE, LE RWANDA DESISTE

Le Rwanda résiste, l’Ua se tait, les Usa hésitent et proposent un exil doré à Nkundabatware
(L'Avenir Quotidien 03/12/2007)

Hier c’était le 1er décembre. La région des Grands lacs attendait la présentation du plan d’éradication des forces négatives conformément aux clauses du protocole de Nairobi. Le gouvernement congolais était chargé d’élaborer ce plan. Et selon le ministre de la Défense, Chikez Diemo qui venait de clôturé les travaux des commissions techniques instaurées à cet effet, la Rdc est prête. Mais, c’est plutôt le Rwanda qui se laisserait encore prier pour présenter la liste des génocidaires qui résideraient encore dans les camps des Fdlr en territoire congolais. Si toutes les parties avaient signé ce protocole, c’est qu’elles en avaient jugé et l’opportunité et la faisabilité. Si le Rwanda ne serait pas en mesure de fournir cette liste ou qu’il n’en disposerait pas, le mieux à faire aurait été de retirer cette clause du protocole d’accord. On s’occuperait d’autres choses. Et le monde entier saurait que dans les rangs des Fdlr, il n’y a pas de dangereux genocidaires qui troubleraient le sommeil de Paul Kagame. Car, en effet, c’est injuste de soutenir la thèse selon laquelle tout Hutu est un génocidaire. Même si chaque Hutu aurait sur les mains le sang d’au moins un Tutsi, il devrait y avoir ceux qui n’auraient trouvé aucun Tutsi à se mettre sous la machette. Que comprendre maintenant que la liste des génocidires ne soit pas fournie ? Kigali avait-il utilisé cette clause comme manœuvre de blocage ou tout simplement parce qu’il y était contrait ? Par qui ?

Quand les Usa hésitent

Le Rwanda n’est pas la seule partie à vouloir faire volte-face après avoir signé le protocole de Nairobi. Le son de cloche que donnent certains officiels américains semble relativiser ce protocole de Nairobi juste au moment où la Rdc est prête avec le plan lui exigé dans le cadre ce protocole. C’est ce qu’on semble comprendre dans les déclarations de Jendayi Frazer, la secrétaire d’Etat adjointe aux affaires africaines. Cette dernière a informé la presse que le diplomate Timothy Shortley, son conseiller chargé du suivi des conflits, avait parlé au général Tutsi Laurent Nkundabatware. Elle a ajouté que : « Nous lui avons clairement transmis le message qu’il devait se rendre, s’exiler et inciter ses forces (...) à se démobiliser » C’est pratiquement un appel fait au criminel de se sauver afin que l’affaire soit classée. On peut se permettre une comparaison. Peut-on demander à Ben Laden de laisser tomber et de se chercher une terre d’exil. Pourquoi le fouillerait-on maintenant comme une aiguille dans un tas de foin ? On peut se poser la même question au sujet de Saddam Hussein qu’on a suivi jusque dans le trou où il se terrait comme un rat ? On aurait pu se dire que le régime ayant changé, Saddam pouvait mourir de sa plus belle mort dans le trou d’accueil. Enfin, si Nkundabatware peut s’offrir un exil doré, pour quelle raison la Cpi s’occupe-t-elle de Thomas Lubanga et autres ? Il semble que le degré de la dangerosité des criminels est apprécié selon qu’on est Américain ou non. Ce que Nkundabatware fait en Rdc, s’il l’avait fait ailleurs, le jugement serait différent. A propos du plan d’usage de la force contre les forces négatives à l’Est du pays, il semble que les Américains ne partagent plus la fermeté que renferme le protocole de Nairobi. Ainsi, la sous-secrétaire d’Etat- adjoint aux Affaires africaines a déclaré : « En tant que gouvernement souverain, le président (Joseph) Kabila a tout à fait le droit de tenter d’exercer sa souveraineté territoriale (...) il a le droit d’utiliser ses forces contre celui qui est avant tout un général rebelle de sa propre armée. Mais nous nous préoccupons surtout pour la population civile afin qu’elle ne soit pas prise au milieu d’une telle offensive contre Nkunda, c’est pourquoi nous exhortons Nkunda (et) le gouvernement de Kabila à essayer de mettre fin à tout cela avec des moyens pacifiques » Cette déclaration est un retour à la case départ. Une annulation du protocole de Nairobi. Tout le mode sait qu’il y a des décennies que les Fdlr sont sur le territoire congolais. Tout le monde sait ce que la population congolaise endure au sujet de cette présence. Si on se montre compréhensif vis-à-vis de Nkundabatware, on doit également donner aux Fdlr la chance d’une négociation et d’un retour volontaire au Rwanda. Malheureusement, aucun signal n’est donné jusque-là allant dans ce sens. Ce sens, on ne le dira jamais assez, c’est le dialogue inter rwandais. Les Congolais peuvent dialoguer avec les rebelles après tant d’atrocité, mais la même solution n’est jamais envisagée pour le Rwanda. Quelle est alors à part cela la possibilité d’une paix négociée qui dépendrait de la RDC ? En ce qui concerne Nkundabatware, refuser de le reconnaître comme le bras armé de Kigali, c’est refuser de voir la réalité en face. La Rdc a fait la paix avec les Rwandophones. C’est ainsi que le Rcd, porte-parole de cette communauté, participe aux institutions du pays , à titre d’ opposition démocratique et républicaine. Cela n’a pas empêché la naissance d’un Nkunda. Rien ne dit qu’après Nkunda il n’y aura pas un autre Nkundabatware ? Au sujet des voies pacifiques, que le gouvernement congolais n’a-t-il pas fait jusqu’au controversé mixage ? Qu’est-ce Nkundabatware a fait de cette flexibilité du gouvernement congolais ? La déclaration de Jendayi Frazer démontre que les Usa, signataires du protocole de Nairobi n’y croit pas. Pourquoi l’avaient-ils signé ? A qui peut-on encore faire confiance dans cette recherche de la paix à l’Est de la Rdc. La question reste dramatiquement posée. Si l’Union Africaine (Ua), un auitre signataire du protocole de Nairobi, pouvait cesser d’être aphone à ce moment crucial de la sécurité des milliers des Congolais de l’Est.

J. Diana G.

L'Avenir Quotidien


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